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Évangélisation des milieux

Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!

AU PAYS DE
L'ÉVANGÉLISATION

par GILLES BARIL, prêtre
Animateur spirituel
national du MCFC
  1. Qui doit évangéliser?
  2. Comment demeurer crédible?
  3. Acteurs de l'évangélisation
    - les malades

Les principaux acteurs de l'évangélisation:

Les malades

 

Le cardinal Pierre Veuillot de Paris (†1968) dévoré par un cancer disait :

« Nous savons faire de belles phrases sur la souffrance humaine. Moi-même j’ai parlé avec chaleur. Mais nous ignorons ce qu’elle est. J’en ai pleuré… »

La souffrance est une vocation, une vocation d’autant plus riche que personne ne la choisit.

Padre PioIl demeure toujours édifiant de voir des malades porter leurs souffrances dans un esprit d’abandon entre les mains de Dieu. Au lieu de gémir contre leurs douleurs, au lieu de maugréer et de se plaindre, ils supportent tout avec endurance, et ce qui est encore plus beau, ils s’unissent à la passion du Christ pour le Salut de l’humanité comme l’enseigne saint Paul.

Il y a là un phénomène qui dépasse la logique humaine. Pour nous qui sommes en bonne santé et qui nous affairons d’heure en heure : le temps passe vite. Les semaines sont courtes et nous courons toujours. Mais pour ceux qui souffrent : le temps est long. Ils assistent impuissants à la diminution des forces physiques sans pouvoir réagir de manière efficace. D’où le besoin de se recentrer sur Dieu :

« C’est une bonne chose que d’attendre en silence le secours du Seigneur… car ses bontés ne sont pas épuisées. » (Lamentations 5, 26)

Pie XI disait:

« La personne qui souffre a le droit de crier et de pleurer. Elle a aussi le devoir de lutter. Elle ne doit pas non plus laisser sa souffrance se gaspiller : elle doit l’offrir à Dieu… Ce n’est pas la souffrance du Christ qui sauve le monde. C’est l’Amour avec lequel il a porté cette souffrance : seul l’Amour engendre la vie. »

Le cardinal Léger ajoutait:

« La tragédie humaine de notre époque est tout ce monde de souffrances et de sacrifices gaspillés parce qu’il n’est pas offert à Dieu. »

 

Ce qui rend difficile la souffrance, c’est le sentiment d’inutilité qu’elle engendre. Et pourtant, la souffrance peut être utile. Elle peut devenir un rendez-vous extraordinaire avec Dieu : la croix d’un sourire offert malgré la fatigue, la croix d’un travail achevé avec peine, la croix d’une perte d’emploi accueillie avec confiance, la croix d’une maladie supportée avec patience… Ces croix innombrables, rencontrées dans le quotidien et offertes à Dieupar amour, c’est le Christ qui s’offre pour sauver le monde. Peut-on imaginer plus grande dignité, plus belle mission de vie?
Une personne qui a pris conscience de sa contribution de la sorte au projet de Dieu pour l’humanité surmonte son sentiment d’inutilité et trouve en dépit de sa souffrance la paix intérieure et la joie spirituelle que rien ne peut nous ravir. D’ailleurs, toute vie naît des douleurs d’un enfantement.

Devant une personne handicapée, certains disent:

« Qu’a-t-elle apporté à l’humanité? Elle ne sait ni lire, ni écrire, si ce n’est que son nom. Elle n’a jamais pu travailler si ce n’est pour rendre de petits services ».

C’est vrai, mais Dieu l’a créée pour enseigner et non pour apprendre. On ne pouvait rêver meilleure professeure : elle enseigne la fidélité aux petites choses, la loyauté, la douceur, l’amour… Lorsque le cœur a trop de choses à dire, le langage ne suffit pas, les mots manquent et on se met à bafouiller.
Les pauvres et les petits ont beaucoup à nous apprendre : ils nous révèlent les sources d’eau vive cachées en nous. Ils nous obligent à réexaminer nos valeurs personnelles au risque de trouver un nouveau sens à la vie.
Dans ce contexte de réflexion, on réapprend les richesses du cœur, la grande satisfaction du don de soi, on apprend la bonté des gestes gratuits, la grandeur d’âme des personnes, on apprend à apprécier le chant d’un oiseau, le rire d’un enfant, le charme d’une fleur. Tout devient grâce, tout dit Dieu.

L’offrande des souffrances humaines crée la vitalité de la communauté : nos Maisons de santé sont des centrales énergétiques extraordinaires de vie intérieure. Les gens qui y vivent sont une présence réelle de Dieu au milieu de son peuple : l’hôpital dans une ville est le nouveau "Saint des Saints" du Temple de Jérusalem.

Les malades nous obligent à nous questionner sur le sens de la vie, à fixer notre cœur sur les vraies valeurs. Ils nous enseignent que la vie n’est pas que productivité, rentabilité et efficacité, mais qu’elle possède un sens plus profond. La condition de faiblesse des malades suscite un concert de sympathie et de dévouement généreux : sans ce bénévolat, notre société serait froide et elle regorgerait d’égoïsmes.  En développant l’entraide et le souci les uns des autres, les personnes souffrantes humanisent notre société en la rendant plus fraternelle et plus charitable.

Nous perçons ici le mystère des racines de l’évangélisation.

Merci à nos malades de semer l’Amour et la Vie au milieu de nous. Nous avons besoin de vous, même si nous ne nous arrêtons pas assez souvent pour vous le dire. Vous êtes pour nous cette perle précieuse de l’Évangile pour laquelle il nous faut tout abandonner pour vraiment la posséder. (Matthieu 13, 45-46)


Hugues était séminariste. Depuis quatre ans, il étudiait pour devenir prêtre. Mais, un jour, Hugues a appris qu’il était atteint d’une tumeur cancéreuse au cerveau. Il est décédé huit semaines plus tard. Il avait 23 ans. Pendant sa maladie, Hugues avait choisi de se retirer et de ne recevoir la visite que de quelques personnes, dont celle d’un ami prêtre, qui allait le voir de temps en temps.

 

Quelques jours avant sa mort, l’ami prêtre lui dit :« Tu sais, Hugues, plusieurs personnes me demandent des nouvelles de toi. Qu’est-ce que tu veux que je leur dise? »

-- « Dis-leur que je suis guéri! »
-- « Mais, Hugues, comment peux-tu dire que tu es guéri alors que ta maladie continue de progresser? Pourquoi veux-tu que je leur dise que tu es guéri? »
-- Et Hugues a dit : « La pire maladie que quelqu’un peut avoir, c’est de se croire abandonné de Dieu. De cette maladie-là, Dieu m’a guéri pour toujours. »


En visite chez sa mère, une jeune femme avoue que sa vie est tellement difficile qu’elle ne sait plus si elle peut continuer. Elle a envie d’abandonner, fatiguée qu’elle est de toujours se battre. Il lui semble qu’aussitôt un problème réglé, un autre apparaît.

 

Sans dire un mot, sa mère l’amène à la cuisine, verse de l’eau dans trois chaudrons et les place sur la cuisinière à feu élevé. Quand l’eau commence à bouillir, la mère y place dans un, des carottes, dans l’autre des œufs et dans le troisième des grains de café moulus. Toujours sans dire un mot elle les laisse ainsi bouillir pendant 20 minutes. Ce temps écoulé, la mère transfère les carottes dans un bol, de même pour les œufs et verse le café dans une carafe.


« Que vois-tu? » dit-elle alors à sa fille.
« Des carottes, des œufs et du café » répondit cette dernière.
« Touche les carottes », lui dit sa mère. Et la jeune femme constata qu’elles étaient toutes molles et souples.
« Prends un œuf et brise-le ». Et la fille enleva la coquille : l’œuf était cuit dur.
« Goûte maintenant le café ». La jeune femme sourit en goûtant ce riche arôme.
« Mais que veut dire toute cette mise en scène? » osa-t-elle demander à sa mère.


« Chaque objet a fait face à la même eau bouillante, mais chacun a réagi différemment, répondit enfin la mère. La carotte y a été déposée forte, dure et solide, mais elle en est ressortie ramollie et faible. L’œuf était fragile et d’intérieur fluide, mais après être passé dans l’eau bouillante son intérieur est devenu dur. Quant aux grains de café, ils ont réagi de façon unique : ils ont changé l’eau. Lequel es-tu?

 

Lorsque l’adversité frappe à ta porte, comment réponds-tu? Es-tu comme une carotte qui semble forte, mais dans la douleur et l’adversité devient molle et perd sa force? Es-tu un œuf qui commence avec un cœur malléable, mais change avec les problèmes? As-tu un esprit fluide qui dans la douleur devient dur et inflexible? Es-tu une coquille qui ne change pas, mais dont l’intérieur devient dur? Ou est-ce que tu es comme un grain de café qui change la source de sa douleur? Car lorsque l’eau devient chaude, le grain de café relâche sa fragrance et sa saveur. Si donc tu es comme un grain de café, tu deviens meilleure et tu changes la situation autour de toi lorsque les choses sont à leur pire. Penses-y. »

 

attitude positive

 

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Publié avec l'autorisation de l'auteur
Extrait de: Le quotidien de l'Évangile, Gilles Baril, prêtre, p. 91-96
L'auteur a extrait l'histoire « Des carottes, des œufs et du café » de www.ChezKine.net
Source des images: Padre Pio; Marthe Robin; jusqu'au bout; attitude positive

  2016-12-09