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Prière > Apprendre à prier > Choix de textes sur la prière > L'école de prière de Benoît XVI

Choix de textes sur la prière

Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église

Benoit XVI

Les guérisons de Jésus

Celui qui donne est plus précieux que le don

 

Catéchèse de Benoît XVI sur la prière
l'école de prière (*) - no 17

 

... SUITE, p.2

main en prière pour guérir

« Alors Jésus leva les yeux et
dit : « Je te rends grâce, Père, parce que tu m’as écouté »
(Jn 11,41) »

Ce lien d’amitié, la participation et l’émotion de Jésus devant la douleur des parents et des connaissances de Lazare est lié, dans tout le récit, à un rapport continue et intense avec le Père. Depuis le début, l’événement est lu par Jésus en relation avec son identité et sa mission et avec la glorification qui l’attend. A la nouvelle de la maladie de Lazare, il commente en effet : « Cette maladie ne conduira pas à la mort, mais c’est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié » (Jn 11,4). L’annonce de la mort de son ami est aussi accueillie par Jésus avec une douleur humaine profonde, mais toujours clairement en référence à la relation à Dieu et avec la mission qu’il lui a confiée. Il dit : « Lazare est mort et moi je suis content pour vous de ne pas avoir été là, afin que vous croyiez » (Jn 11,14-15). Le moment de la prière explicite de Jésus au Père devant la tombe est l’aboutissement naturel de tout l’épisode, tendu entre ce double registre de l’amitié pour Lazare et du rapport filial à Dieu. Ici aussi, les deux relations vont ensemble : « Alors Jésus leva les yeux et dit : « Je te rends grâce, Père, parce que tu m’as écouté » (Jn 11,41) » : c’est une eucharistie. La phrase révèle que Jésus n’a pas abandonné même un instant la prière de demande pour la vie de Lazare. Cette prière continue a renforcé le lien avec l’ami et en même temps, elle a confirmé la décision de Jésus de rester en communion avec la volonté du Père, avec son plan d’amour, dans lequel la maladie et la mort de Lazare doivent être considérées comme le lieu de la manifestation de la gloire de Dieu.

Ainsi, portée par l’action de grâce, la prière de Jésus nous révèle comment demander.

icone de l'amitié

Au-delà de ce que Dieu nous donne lorsque nous l'invoquons,
le don le plus grand qu'il puisse nous donner est son amitié, sa présence, son amour.

Chers frères et soeurs, en lisant ce récit, chacun de nous est appelé à comprendre que, dans la prière de demande au Seigneur, nous ne devons pas nous attendre à un accomplissement immédiat de ce que nous demandons, de notre volonté, mais nous confier plutôt à la volonté du Père en lisant chaque événement dans la perspective de sa gloire, de son dessein d’amour, souvent mystérieux à nos yeux. C’est pourquoi, dans notre prière, demande, louange et remerciement devraient se fondre, même lorsqu’il nous semble que Dieu ne réponde pas à nos attentes concrètes. S’abandonner à l’amour de Dieu qui nous précède et nous accompagne toujours est l’une des attitudes de fond de notre dialogue avec Lui. Le Catéchisme de l’Eglise catholique commente ainsi la prière de Jésus dans le récit de la résurrection de Lazare : « Ainsi, portée par l’action de grâce, la prière de Jésus nous révèle comment demander : Avant que le don soit donné, Jésus adhère à Celui qui donne et Se donne dans ses dons. Le Donateur est plus précieux que le don accordé, il est le « Trésor », et c’est en Lui qu’est le cœur de son Fils ; le don est donné « par surcroît » (cf. Mt 6, 21. 33) » (2604). Cela me semble très important : avant que le don soit accordé, adhérer à celui qui donne ; celui qui donne est plus précieux que le don. Par conséquent nous aussi, au-delà de ce que Dieu nous donne lorsque nous l’invoquons, le don le plus grand qu’il puisse nous donner est son amitié, sa présence, son amour. C’est lui le trésor précieux à demander et à toujours préserver.

La prière que Jésus prononce au moment où l’on enlève la pierre de l’entrée de la tombe de Lazare, présente ensuite un développement singulier et inattendu. En effet, après avoir remercié Dieu le Père, il ajoute : « Je savais que tu m’écoutes toujours, mais je l’ai dit pour les gens qui m’entourent afin qu’ils croient que tu m’as envoyé (Jn 11,42). Par sa prière, Jésus veut conduire à la foi, à la confiance totale en Dieu, et dans sa volonté, et il veut montrer que ce Dieu qui a tellement aimé l’homme et le monde qu’il a envoyé son Fils unique (cf. Jn 3, 16), est le Dieu de la vie, le Dieu qui apporte l’espérance et qui est capable de renverser les situations humainement impossibles. La prière confiante d’un croyant est alors un témoignage vivant de cette présence de Dieu dans le monde, de son intérêt pour l’homme, de son action pour réaliser son dessein de salut.

La prière confiante d’un
croyant est un témoignage
vivant de cette présence de
Dieu dans le monde, de son intérêt pour l’homme.

Les deux prières de Jésus à peine méditées, qui accompagnent la guérison du sourd-muet et la résurrection de Lazare, révèlent que le lien profond entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain doit aussi entrer dans notre prière. En Jésus, vrai Dieu et vrai homme, l’attention à l’autre - spécialement s’il est dans le besoin et souffrant -, le fait de s’émouvoir devant la douleur d’une famille amie, le conduisent à s’adresser au Père, dans cette relation fondamentale qui guide toute sa vie. Mais vice versa également : la communion avec le Père, le dialogue constant avec Lui, pousse Jésus à être attentif, d’une façon unique, aux situations concrètes de l’homme pour lui apporter la consolation et l’amour de Dieu. La relation à l’homme nous conduit à la relation à Dieu, et la relation à Dieu nous conduit à nouveau vers le prochain.Chers frères et sœurs, notre prière ouvre la porte à Dieu, qui nous enseigne à sortir constamment de nous-mêmes pour être capables de nous rendre proches des autres, spécialement dans les moments d’épreuve, pour leur apporter consolation, espérance et lumière. Que le Seigneur nous accorde d’être capables d’une prière toujours plus intense, pour fortifier notre rapport personnel avec Dieu le Père, ouvrir notre cœur aux besoins de qui est à côté de nous et sentir la beauté d’être des « fils dans le Fils », ensemble, avec de nombreux frères. Merci.

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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le dix-septième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.

Source du texte: Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 14 décembre 2011
Source des images:
Mains guérissantes en prière: Actu-Chretienne.net; Icone de l'amitié: The Blog des 4 -3haut