Deuxième voyage missionnaire de Paul

38. Deuxième lettre aux Thessaloniciens

Elle cherche à calmer une agitation fébrile causée à Thessalonique par une attente anxieuse du Retour du Seigneur.

Cette deuxième lettre aux Thessaloniciens reprend ce qui a été dit dans la première. Certains spécialistes pensent qu'elle n'est pas de la main de Paul. Si elle est de lui, elle daterait de 51-52.

Cette lettre est plus brève que la précédente et a probablement été écrite à Corinthe elle aussi, peu de temps après la première. Il s’agit de la réponse à une lettre supposément venant de Paul et qui faisait croire aux chrétiens que le Jour du Seigneur était déjà là «au-dessus de leur tête, comme un nuage noir» : «À propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer des manifestations de l’Esprit, des paroles ou des lettres données comme venant de nous, et que vous feraient penser que le Jour du Seigneur est déjà là.» (2 Th 2, 1-2)

Au début, Paul rend grâce à Dieu pour la constance des Thessaloniciens : «Nous devons rendre grâce à Dieu parce que votre foi est en grand progrès et que l’amour de chacun pour les autres s’accroît parmi vous tous.» (2 Th 1, 3)

Dans la deuxième partie, Paul revient sur l'avènement du Christ, sujet déjà abordé dans les chapitres IV et V de la Première lettre aux Thessaloniciens, tout en écartant l'idée de sa proximité immédiate. Pour apaiser l'angoisse des chrétiens, il leur annonce que le retour du Christ sur terre serait précédé de signes : le premier sera l'abandon de la foi ; le second, l'apparition d'un homme que Paul désigne sous les noms «d'Homme de l'impiété», «Fils de la perdition», «celui qui se dresse et s'élève contre Dieu et qu'on adore». Il est, en fait, l'Antéchrist, terme que Paul n’utilise pas mais qui sera employé, plus tard, par saint Jean l'Évangéliste. (1 Jean 2, 18; 2 Jean 7)

atigulaCatigula

En décrivant l'homme de péché, Paul fait probablement référence à l’empereur Caligula (Caïus César Germanicus), qui 14 ans plus tôt, avait donné l’ordre d'édifier sa statue dans le temple de Jérusalem. Le Temple porterait désormais son nom : «Temple de Caïus», le nouveau Jupiter. L'Empereur voulait ainsi se venger des Juifs qui étaient les seuls à ne pas le reconnaître comme dieu.

Lorsque Paul écrit sa lettre, Caligula est mort et Claude est empereur. Son fils adoptif Néron a été proclamé prince impérial et il est le premier dans la ligne de succession. Agrippine, la mère de Néron, a rappelé Sénèque de son exil en Corse, et l’a désigné comme éducateur du futur empereur.

Paul mentionne certains chrétiens qui propagent des rumeurs de fin du monde et refusent de travailler. Ceux-ci préfèrent la mendicité à l'accomplissement de leurs devoirs d'état. Ils promènent partout des visages hantés par la catastrophe éminente et interprètent toutes sortes de signes avant-coureurs, dont ils auraient été témoins. Ils disent: «Le jour du Seigneur est tout proche.» Ils se comportent comme des gens dont les jours sont comptés. Ils fondent leur «savoir» de la fin du monde sur la soi-disant révélation d'un prophète, ou encore sur une parole attribuée à Paul, ou même sur une lettre (fausse d'ailleurs) de l'Apôtre.

Paul  les invite tous à travailler et à ne pas être oisifs, à ne pas mener une vie désordonnée. Il insiste : «Si quelqu'un n'obéit pas aux indications de cette lettre, notez-le, et, pour sa confusion, cessez de frayer avec lui; cependant ne le traitez pas en ennemi, mais reprenez-le comme un frère». (2 Th 3, 14-15)

Attention à la nervosité dans l'attente du Christ, ajoute Paul. Il est vrai que le Christ doit revenir, mais cela n'est pas une raison pour tomber dans le désordre :

«Nous entendons dire qu’il en est parmi vous qui mènent une vie désordonnée, ne travaillant pas du tout mais se mêlant de tout. Ceux-là, nous les invitons et engageons dans le Seigneur Jésus Christ à travailler dans le calme et à manger le pain qu’ils auront eux-mêmes gagné.» (2 Th 3, 11

Pour les Juifs et pour Paul, contrairement aux Grecs et aux Romains, le travail ennoblit lorsqu'il est organisé selon des principes humanistes. Les chrétiens ont devant les yeux son exemple, lui, le fabricant de tentes : «Nous n'avons pas eu une vie désordonnée parmi vous, nous ne nous sommes pas fait donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n’être à la charge d’aucun de vous. (2 Th 3, 7-8)

Paul demande aux Thessaloniciens de prier pour lui et pour ses compagnons Silvain et Timothée : «Priez pour nous, demandant que la parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée, comme elle le fait chez-vous, et que nous soyons délivrés de ces hommes égarés et mauvais – car la foi n’est pas donnée à tous. Mais le Seigneur est fidèle : il vous affermira et vous gardera du Mauvais». (2 Th 3, 1-2)

La troisième partie de l'épître de Paul est une exhortation à la persévérance (2, 13 – 3, 16), avec une salutation finale (3, 17-18).

«Nous devons, quant à nous, rendre grâce à Dieu à tout moment à votre sujet, frères aimés du Seigneur, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et la foi en la vérité : C’est à quoi il vous a appelés par notre Évangile, pour que vous entriez en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. Dès lors, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous, de vive voix ou par lettre.» (2 Th 2, 13-15)

L'épître a probablement été dictée à Timothée. Afin d'en assurer l'authenticité, Paul ajoute, de son écriture, la dernière salutation : «Ce salut est de ma main à moi, Paul

Et pour éviter toute supercherie, il prévient ses destinataires : «C’est le signe qui distingue toutes mes lettres. Voici quelle est mon écriture

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La semaine prochaine : Paul prêche un culte illégal

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