1 "Le résumé de tout
l'Évangile"
c) La prière
de l'Église
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Ce don indissociable des paroles du Seigneur
et de l’Esprit Saint qui leur donne vie dans le cœur des croyants a été
reçu et vécu par l’Église dès les origines. Les premières communautés
prient la Prière du Seigneur "trois fois par jour" (Didaché 8, 3), à
la place des "Dix-huit bénédictions" en usage dans la piété juive.
Selon la Tradition apostolique, la Prière du Seigneur est
essentiellement enracinée dans la prière liturgique.
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"Le Seigneur nous apprend à faire nos prières en
commun pour tous nos frères. Car il ne dit pas "mon Père" qui es
dans les cieux, mais "notre" Père, afin que notre prière soit,
d’une seule âme, pour tout le Corps de l’Église."
(S. Jean
Chrysostome, hom. Mt. 19, 4 : PG 57, 278D). |
Dans toutes
les traditions liturgiques, la Prière du Seigneur est une partie
intégrante des grandes Heures de l’Office divin.
Mais c’est surtout dans
les trois sacrements de l’initiation chrétienne que son caractère
ecclésial apparaît à l’évidence :
Dans le
Baptême et la
Confirmation,
la remise (traditio) de la Prière du Seigneur signifie la
nouvelle naissance à la vie divine. Puisque la prière chrétienne est de
parler à Dieu avec la Parole même de Dieu, ceux qui sont "engendrés de
nouveau par la Parole du Dieu vivant" (1 P 1, 23) apprennent à invoquer
leur Père par la seule Parole qu’il exauce toujours. Et ils le peuvent
désormais, car le Sceau de l’Onction de l’Esprit Saint est posé,
indélébile, sur leur cœur, leurs oreilles, leurs lèvres, sur tout leur
être filial. C’est pourquoi la plupart des commentaires patristiques du
Notre Père sont adressés aux catéchumènes et aux néophytes. Quand
l’Église prie la Prière du Seigneur, c’est toujours le Peuple des
"nouveaux-nés" qui prie et obtient miséricorde (cf. 1 P 2, 1-10).

Dans la
Liturgie eucharistique la
Prière du Seigneur apparaît comme la prière de toute l’Église. Là se
révèle son sens plénier et son efficacité. Située entre l’Anaphore
(Prière eucharistique) et la liturgie de la Communion, elle récapitule
d’une part toutes les demandes et intercessions exprimées dans le
mouvement de l’épiclèse, et, d’autre part, elle frappe à la porte du
Festin du Royaume que la Communion sacramentelle va anticiper.
Dans l’Eucharistie, la Prière du Seigneur
manifeste aussi le caractère eschatologique de ses demandes. Elle
est la prière propre aux "derniers temps", des temps du salut qui ont
commencé avec l’effusion de l’Esprit Saint et qui s’achèveront avec le
Retour du Seigneur. Les demandes à Notre Père, à la différence des
prières de l’Ancienne Alliance, s’appuient sur le mystère du salut déjà
réalisé, une fois pour toutes, dans le Christ crucifié et ressuscité.
De cette foi inébranlable jaillit
l’espérance qui soulève chacune des sept demandes. Celles-ci expriment
les gémissements du temps présent, ce temps de la patience et de
l’attente durant lequel "ce que nous serons n’est pas encore
manifesté" (1 Jn 3, 2 ; cf. Col 3, 4). L’Eucharistie et le Pater sont
tendus vers la venue du Seigneur, "jusqu’à ce qu’il vienne !" (1 Co
11, 26).
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