Les sept demandes
1) Que ton Nom soit sanctifié
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Le terme "sanctifier" doit s’entendre ici,
non d’abord dans son sens causatif (Dieu seul sanctifie, rend saint)
mais surtout dans un sens estimatif : reconnaître comme saint, traiter
d’une manière sainte. C’est ainsi que, dans l’adoration, cette
invocation est parfois comprise comme une louange et une action de
grâces (cf. Ps 111, 9 ; Lc 1, 49). Mais cette
demande nous est enseignée par Jésus comme un optatif : une demande, un
désir et une attente où Dieu et l’homme sont engagés.
Dès
la
première demande à notre Père, nous sommes plongés dans le mystère
intime de sa Divinité
et dans le
drame du salut
de notre humanité. |
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Lui
demander que son Nom soit sanctifié nous implique dans "le
Dessein bienveillant qu’il avait formé par avance" pour que "nous
soyons saints et immaculés en sa présence, dans l’amour"
(cf. Ep 1, 9. 4). Aux moments décisifs de son
Économie, Dieu révèle son Nom, mais il le révèle en accomplissant
son œuvre. Or cette œuvre ne se réalise pour nous et en nous que si
son Nom est sanctifié par nous et en nous. |
Aux
moments décisifs de son Économie, Dieu révèle son Nom, mais il le révèle
en accomplissant son œuvre. Or cette œuvre ne se réalise pour nous et en
nous que si son Nom est sanctifié par nous et en nous.
La Sainteté de Dieu est le foyer
inaccessible de son mystère éternel. Ce qui en est manifesté dans la
création et l’histoire, l’Écriture l’appelle la Gloire, le
rayonnement de sa Majesté (cf. Ps 8 ; Is 6, 3). En faisant l’homme "à
son image et à sa ressemblance" (Gn 1, 26), Dieu "le couronne de
gloire" (Psaume 8, 6), mais en péchant l’homme est "privé de la Gloire de
Dieu" (Rm 3, 23). Dès lors, Dieu va
manifester sa Sainteté en révélant et en donnant son Nom, afin de
restaurer l’homme "à l’image de son Créateur" (Col 3, 10).
Dans la promesse faite à Abraham, et le
serment qui l’accompagne (cf. He 6, 13), Dieu
s’engage lui-même mais sans dévoiler son Nom.
Dieu
va manifester sa Sainteté en révélant et en donnant son Nom, afin de
restaurer l'homme "à l'image de son Créateur". |
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C’est à Moïse qu’il commence à le révéler (cf. Ex
3, 14) et il le manifeste aux yeux de tout le peuple en le sauvant des Egyptiens :
"il s’est couvert de Gloire" (Ex 15, 1).
Depuis l’Alliance du Sinaï, ce peuple est "sien" et il doit être une
"nation sainte" (ou consacrée, c’est le même mot en hébreu :
cf. Ex 19, 5-6) parce que le Nom de Dieu habite en
lui. |
Or, malgré la Loi sainte que lui donne et
redonne le Dieu Saint (cf. Lv 19, 2 : "Soyez saints, car moi, votre
Dieu, je suis saint"), et bien que le Seigneur, "eu égard à son Nom",
use de patience, le peuple se détourne du Saint d’Israël et "profane
son Nom parmi les nations" (cf. Ez 20 ; 36). C’est pourquoi les justes
de l’Ancienne Alliance, les pauvres revenus d’exil et les prophètes ont
été brûlés par la passion du Nom.
Finalement, c’est en Jésus que le Nom du
Dieu Saint nous est révélé et donné, dans la chair, comme Sauveur (cf.
Mt 1, 21 ; Lc 1, 31) : révélé par ce qu’il Est, par sa Parole et par son
Sacrifice (cf. Jn 8, 28 ; 17, 8 ; 17, 17-19). C’est le cœur de sa prière
sacerdotale : "Père saint ... pour eux je me consacre moi-même, afin
qu’ils soient eux aussi consacrés en vérité" (Jn 17, 19).
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C’est parce
qu’il "sanctifie"
lui-même son Nom
(cf. Ez 20, 39 ; 36, 20-21) que
Jésus nous "manifeste"
le Nom du Père
(Jn 17, 6).
Au terme de sa
Pâque, le Père lui donne alors le Nom qui est au-dessus de tout nom :
Jésus est Seigneur à la gloire de Dieu le Père
(cf. Ph 2, 9-11). |
Dans l’eau du Baptême, nous avons été
"lavés, sanctifiés, justifiés par le Nom du Seigneur Jésus-Christ et
par l’Esprit de notre Dieu" (1 Co 6, 11). En toute notre vie, notre
Père "nous appelle à la sanctification" (1 Th 4, 7), et, puisque c’est
"par lui que nous sommes dans le Christ Jésus, qui est devenu pour nous
sanctification" (1 Co 1, 30), il y va de sa Gloire et de notre vie que
son Nom soit sanctifié en nous et par nous. Telle est l’urgence de notre
première demande.
Qui pourrait sanctifier Dieu, puisque lui-même
sanctifie ? mais nous inspirant de cette parole ‘Soyez saints, parce
que moi je suis Saint’ (Lv 20, 26), nous demandons que, sanctifiés
par le baptême, nous persévérions dans ce que nous avons commencé à
être. Et cela nous le demandons tous les jours, car nous fautons
quotidiennement et nous devons purifier nos péchés par une
sanctification sans cesse reprise... Nous recourrons donc à la
prière pour que cette sainteté demeure en nous
(S. Cyprien, Dom. orat. 12 : PL 4, 526A-527A).
Il dépend inséparablement de notre vie
et de notre prière que son Nom soit sanctifié parmi les nations :
Nous demandons à Dieu de sanctifier son Nom, car
c’est par la sainteté qu’il sauve et sanctifie toute la création...
Il s’agit du Nom qui donne le salut au monde perdu, mais nous
demandons que ce Nom de Dieu soit sanctifié en nous par notre vie.
Car si nous vivons bien, le nom divin est béni ; mais si nous vivons
mal, il est blasphémé, selon la parole de l’Apôtre : ‘Le Nom de Dieu
est blasphémé à cause de vous parmi les nations’ (Rm 2, 24 ; Ez 36,
20-22). Nous prions donc pour mériter d’avoir en nos âmes autant de
sainteté qu’est saint le nom de notre Dieu
(S. Pierre Chrysologue, serm. 71 : PL 52, 402A).
Quand nous disons ‘Que ton Nom soit sanctifié’,
nous demandons qu’il soit sanctifié en nous, qui sommes en lui, mais
aussi dans les autres que la grâce de Dieu attend encore, afin de
nous conformer au précepte qui nous oblige de prier pour tous,
même pour nos ennemis. Voilà pourquoi nous ne disons pas
expressément : Que ton Nom soit sanctifié ‘en nous’, car nous
demandons qu’il le soit dans tous les hommes (Tertullien, or. 3).
Dire
"Que ton nom soit sanctifié"
c'est demander que la sainteté de Dieu demeure en nous et qu'elle se
manifeste dans tous les hommes. |
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Cette demande, qui les contient toutes, est
exaucée par la prière du Christ, comme les six autres demandes
qui suivent. La prière à notre Père est notre prière si elle est priée "dans le Nom" de Jésus (cf. Jn 14, 13 ; 15, 16 ; 16, 24. 26).
Jésus demande dans sa prière sacerdotale : "Père saint, garde en ton
Nom ceux que tu m’as donnés" (Jn 17, 11). |
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