"Notre Père qui es aux
cieux"
c) "Notre"Père
"Notre" Père concerne Dieu. Cet
adjectif, de notre part,
n’exprime pas une possession, mais
une relation toute nouvelle à Dieu.
Quand nous disons
"notre" Père, nous
reconnaissons d’abord que toutes ses Promesses d’amour annoncées par les
Prophètes sont accomplies dans la nouvelle et éternelle Alliance en son
Christ : nous sommes devenus "son" Peuple et il est désormais
"notre" Dieu.
Cette relation nouvelle est une appartenance mutuelle
donnée gratuitement : c’est par l’amour et la fidélité
(cf. Os 2,
21-22 ; 6, 1-6) que nous avons à répondre à
"la grâce et à la vérité"
qui nous sont données en Jésus-Christ (Jn 1, 17).
Puisque la Prière du Seigneur est celle de son
Peuple dans les "derniers temps", ce
"notre" exprime aussi la
certitude de notre espérance en l’ultime promesse de Dieu : dans la
Jérusalem nouvelle il dira au vainqueur : "Je serai son Dieu et lui
sera mon fils" (Ap 21, 7).
En priant "notre" Père, c’est au Père de notre Seigneur Jésus Christ que
nous nous adressons personnellement.

Nous ne divisons pas la divinité, puisque le Père en est "la source
et l’origine", mais nous confessons par là qu’éternellement le
Fils est engendré par Lui et que de Lui procède l’Esprit Saint. Nous ne
confondons pas non plus les Personnes, puisque nous confessons que notre
communion est avec le Père et son Fils, Jésus Christ, dans leur unique
Esprit Saint. La Trinité Sainte est consubstantielle et indivisible.
Quand nous prions le Père, nous l’adorons et le glorifions avec le Fils
et le Saint-Esprit.
Grammaticalement, "notre" qualifie une réalité
commune à plusieurs.
Il n’y a qu’un seul Dieu et il est reconnu Père par ceux qui, par la foi à son Fils unique, sont renés de Lui par l’eau et
par l’Esprit (cf. 1 Jn 5, 1 ; Jn 3, 5).
L’Église est cette nouvelle
Communion de Dieu et des hommes : unie au Fils unique devenu "l’aîné
d’une multitude de frères" (Rm 8, 29), elle est en Communion avec un
seul et même Père, dans un seul et même Esprit Saint
(cf. Ep 4, 4-6). En
priant "notre" Père, chaque baptisé prie dans cette Communion : "La
multitude des croyants n’avait qu’un seul cœur et qu’une seule âme"
(Ac
4, 32).
C’est
pourquoi, malgré les divisions des chrétiens, la prière à
"notre" Père demeure le bien
commun et un appel urgent pour tous les baptisés. En communion par la
foi au Christ et par le Baptême, ils doivent participer à la prière de
Jésus pour l’unité de ses disciples (cf. UR 8 ;
22).
Enfin, si
nous prions en vérité "Notre Père", nous
sortons de l’individualisme, car l’Amour que nous accueillons nous en
libère. Le "notre" du début de la Prière du
Seigneur, comme le "nous" des quatre
dernières demandes, n’est exclusif de personne. Pour qu’il soit dit en
vérité (cf. Mt 5, 23-24 ; 6, 14-16),
nos divisions et nos oppositions doivent être surmontées.
Les baptisés ne peuvent prier
"notre" Père
sans porter auprès de Lui tous ceux pour qui il a donné son Fils
bien-aimé. L’amour de Dieu est sans frontière, notre prière doit l’être
aussi (cf. NA 5). Prier "notre" Père nous ouvre aux dimensions de Son
amour manifesté dans le Christ : prier avec et pour tous les hommes qui
ne Le connaissent pas encore, afin qu’ils soient "rassemblés dans
l’unité" (Jn 11, 52). Ce souci divin de tous les hommes et de toute la
création a animé tous les grands priants : il doit dilater notre prière
en largeur d’amour lorsque nous osons dire "notre" Père.
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