Lorsque
commence à se réaliser la Promesse
(la Pâque, l’Exode, le don de la Loi et la conclusion de
l’Alliance), la prière de Moïse est la figure saisissante de la
prière d’intercession qui s’accomplira dans "l’unique
Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus"
(1 Tm 2, 5). Ici encore, Dieu
vient, le premier. Il
appelle Moïse du milieu du Buisson ardent (cf. Ex 3, 1-10). Cet
événement restera l’une des figures primordiales de la prière dans
la tradition spirituelle juive et chrétienne.
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En effet, si "le
Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob" appelle son serviteur Moïse, c’est
qu’il est le Dieu Vivant qui veut la vie des hommes. Il se révèle pour
les sauver, mais pas tout seul ni malgré eux : il appelle Moïse pour
l’envoyer, pour l’associer à sa compassion, à son œuvre de salut.
Il y a comme une imploration divine dans cette mission et Moïse, après
un long débat, ajustera sa volonté à celle du Dieu sauveur. Mais dans
ce dialogue où Dieu se confie, Moïse apprend aussi à prier : il se
dérobe, il objecte, surtout il demande, et c’est en réponse à sa
demande que le Seigneur lui confie son Nom indicible qui se révèlera
dans ses hauts faits.
Or,
"Dieu parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami"
(Ex 33, 11). La prière de Moïse est typique de la prière
contemplative grâce à laquelle le serviteur de Dieu est fidèle à
sa mission.
Moïse "s’entretient" souvent et longuement avec le Seigneur,
gravissant la montagne pour l’écouter et l’implorer, descendant vers
le peuple pour lui redire les paroles de son Dieu et le guider. "Il
est à demeure dans ma maison, je lui parle bouche à bouche, dans
l’évidence" (Nb 12, 7-8), car "Moïse était un homme très humble,
l’homme le plus humble que la terre ait porté" (Nb 12, 3). |
Dans cette
intimité avec le Dieu fidèle, lent à la colère et plein d’amour (cf. Ex
34, 6), Moïse a puisé la force et la ténacité de son intercession.
Il ne prie pas pour lui mais pour le peuple que Dieu s’est acquis. Déjà
durant le combat avec les Amalécites (cf. Ex 17, 8-13) ou pour obtenir
la guérison de Myriam (cf. Nb 12, 13-14), Moïse intercède. Mais c’est
surtout après l’apostasie du peuple qu’il "se t ient
sur la brèche" devant Dieu (Psaume 106, 23) pour sauver le peuple (cf. Ex 32, 1 – 34, 9). Les arguments de sa prière (l’intercession est
aussi un combat mystérieux) inspireront l’audace des grands priants du
peuple juif comme de l’Église : Dieu est amour, il est donc juste et
fidèle ; il ne peut se contredire, il doit se souvenir de ses actions
merveilleuses, sa Gloire est en jeu, il ne peut abandonner ce peuple qui
porte son Nom.
En
bref
La prière de Moïse
répond à l’initiative du Dieu vivant pour le salut de son peuple.
Elle
préfigure la prière d’intercession de l’unique médiateur, le
Christ Jésus. |
(Prochain texte: "David et la prière du roi")
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