Dans la tradition vivante de la
prière, chaque Église propose à ses fidèles, selon le contexte
historique, social et culturel, le langage de leur prière : paroles,
mélodies, gestes, iconographie. Il appartient au magistère (cf. DV 10)
de discerner la fidélité de ces chemins de prière à la tradition de la
foi apostolique, et il revient aux pasteurs et aux catéchètes d’en
expliquer le sens, toujours relatif à Jésus Christ.
1- La prière au Père
Il
n’est pas d’autre chemin de la prière chrétienne que le Christ. Que
notre prière soit communautaire ou personnelle, vocale ou intérieure,
elle n’a accès au Père que si nous prions "dans le Nom" de Jésus.
La sainte Humanité de Jésus est donc le chemin par lequel l’Esprit Saint
nous apprend à prier Dieu notre Père.
2- La prière à Jésus

La prière de l’Église, nourrie par la
Parole de Dieu et la célébration de la Liturgie, nous apprend à prier le
Seigneur Jésus. Même si elle est surtout adressée au Père, elle
comporte, dans toutes les traditions liturgiques, des formes de prière
adressées au Christ. Certains psaumes, selon leur actualisation dans la
Prière de l’Église, et le Nouveau Testament mettent sur nos lèvres et
gravent dans nos cœurs les invocations de cette prière au Christ : Fils
de Dieu, Verbe de Dieu, Seigneur, Sauveur, Agneau de Dieu, Roi, Fils
bien-aimé, Fils de la Vierge, bon Berger, notre Vie, notre Lumière,
notre Espérance, notre Résurrection, Ami des hommes...
Mais le Nom qui contient tout est
celui que le Fils de Dieu reçoit dans son Incarnation :
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« Jésus » |
Le Nom divin
est indicible par les lèvres humaines (cf. Ex 3, 14 ; 33, 19-23),
mais en assumant notre humanité le Verbe de Dieu nous le livre et
nous pouvons l’invoquer : " Jésus ", " YHWH sauve " (cf. Mt 1, 21).
Le Nom de
Jésus contient tout : Dieu et l’homme et toute l’Économie de la création
et du salut. Prier "Jésus", c’est l’invoquer, l’appeler en nous. Son
Nom est le seul qui contient la Présence qu’il signifie. Jésus est
Ressuscité, et quiconque invoque son Nom accueille le Fils de Dieu qui
l’a aimé et s’est livré pour lui (cf. Rm 10, 13 ; Ac 2, 21 ; 3, 15-16 ;
Ga 2, 20).
«
Jésus, Fils de Dieu, Seigneur,
aie pitié de nous, pécheurs ! »
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Cette invocation de foi toute simple a été développée
dans la tradition de la prière sous maintes formes en Orient et en
Occident. La formulation la plus habituelle, transmise par les
spirituels du Sinaï, de Syrie et de l’Athos est l’invocation : "Jésus,
Christ, Fils de Dieu, Seigneur, aie pitié de nous, pécheurs !" Elle
conjugue l’hymne christologique de Ph 2, 6-11 avec l’appel du publicain
et des mendiants de la lumière (cf. Mc 10, 46-52 ; Lc 18, 13). Par elle,
le cœur est accordé à la misère des hommes et à la Miséricorde de leur
Sauveur.
L’invocation du saint
Nom de Jésus est le chemin le plus simple de la prière continuelle.
Souvent répétée par un cœur
humblement attentif, elle ne se disperse pas dans un "flot de paroles"
(Mt 6, 7), mais "garde la Parole et produit du fruit par la constance"
(cf. Lc 8, 15). Elle est possible "en tout temps", car elle n’est pas
une occupation à côté d’une autre mais l’unique occupation, celle
d’aimer Dieu, qui anime et transfigure toute action dans le Christ
Jésus.

La prière de
l’Église vénère et honore le
Cœur de Jésus, comme elle invoque son Très saint Nom. Elle adore le
Verbe incarné et son Cœur qui par amour des hommes, s’est laissé
transpercer par nos péchés. La prière chrétienne aime suivre le
chemin de la croix à la suite du Sauveur. Les stations du Prétoire
au Golgotha et au Tombeau scandent la marche de Jésus qui a racheté le
monde par sa sainte Croix.
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