.4- En communion avec la
Sainte Mère de Dieu
Dans la prière, l’Esprit Saint nous
unit à la Personne du Fils Unique, en son Humanité glorifiée. C’est par
elle et en elle que notre prière filiale communie dans l’Église avec la
Mère de Jésus (cf. Ac 1, 14).
Depuis le consentement apporté dans la
foi à l’Annonciation et maintenu sans hésitation sous la croix, la
maternité de Marie s’étend désormais aux frères et aux sœurs de son Fils
"qui sont encore des pèlerins et qui sont en butte aux dangers et aux
misères" (LG 62). Jésus, l’unique Médiateur, est le Chemin de notre
prière ; Marie, sa Mère et notre Mère, lui est toute transparente : elle
"montre le Chemin" (Hodoghitria), elle en est "le Signe",
selon l’iconographie traditionnelle en Orient et en Occident.
C’est à partir de cette coopération
singulière de Marie à l’action de l’Esprit Saint que les Églises ont
développé la prière à la sainte Mère de Dieu, en la centrant sur la
Personne du Christ manifestée dans ses mystères. Dans les innombrables
hymnes et antiennes qui expriment cette prière, deux mouvements
alternent habituellement : l’un "magnifie" le Seigneur pour les
"grandes choses" qu’il a faites pour son humble servante, et par elle,
pour tous les humains (cf. Lc 1, 46-55) ; l’autre confie à la Mère de
Jésus les supplications et les louanges des enfants de Dieu, puisqu’elle
connaît maintenant l’humanité qui en elle est épousée par le Fils de
Dieu.
Ce double mouvement de la prière à Marie a trouvé une
expression privilégiée dans la prière de l’"Ave Maria" : |
"Je
vous salue, Marie (Réjouis-toi, Marie)". La salutation de
l’Ange Gabriel ouvre la prière de l’Ave. C’est Dieu lui-même qui, par
l’entremise de son ange, salue Marie. Notre prière ose reprendre la
salutation de Marie avec le regard que Dieu a jeté sur son humble
servante (cf. Lc 1, 48) et à nous réjouir de la joie qu’Il trouve en
elle (cf. So 3, 17b).
"Pleine de
grâce, le Seigneur est avec toi" : Les
deux paroles de la salutation de l’ange s’éclairent mutuellement. Marie
est pleine de grâce parce que le Seigneur est avec elle. La grâce dont
elle est comblée, c’est la présence de Celui qui est la source de toute
grâce. " Réjouis-toi ... fille de Jérusalem ... le Seigneur est au
milieu de toi " (So 3, 14. 17a). Marie, en qui vient habiter le Seigneur
lui-même, est en personne la fille de Sion, l’arche de l’Alliance, le
lieu où réside la gloire du Seigneur : elle est " la demeure de Dieu
parmi les hommes " (Ap 21, 3). " Pleine de grâce ", elle est toute
donnée à celui qui vient habiter en elle e t
qu’elle va donner au monde.
"Tu es
bénie entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de tes entrailles, est
béni". Après la salutation de l’ange, nous faisons nôtre
celle d’Elisabeth. " Remplie de l’Esprit Saint " (Lc 1, 41), Elisabeth
est la première dans la longue suite des générations qui déclarent Marie
bienheureuse (cf. Lc 1, 48) : " Bienheureuse celle qui a cru... " (Lc 1,
45) ; Marie est " bénie entre toutes les femmes " parce qu’elle a cru en
l’accomplissement de la parole du Seigneur. Abraham, par sa foi, est
devenu une bénédiction pour " toutes les nations de la terre " (Gn 12,
3). Par sa foi, Marie est devenue la mère des croyants grâce à laquelle
toutes les nations de la terre reçoivent Celui qui est la bénédiction
même de Dieu : Jésus, le fruit bénit de tes entrailles ".
"Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour
nous..." Avec Elisabeth nous nous émerveillons :
"Comment m’est-il
donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ?" (Lc 1, 43). Parce
qu’elle nous donne Jésus son fils, Marie est la mère de Dieu et notre
mère ; nous pouvons lui confier tous nos soucis et nos demandes : elle
prie pour nous comme elle a prié pour elle-même : "Qu’il me soit fait
selon ta parole" (Lc 1, 38). En nous confiant à sa prière nous nous
abandonnons avec elle à la volonté de Dieu : "Que ta volonté soit
faite".
"Prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et
à l’heure de notre mort". En demandant à Marie de prier pour nous,
no us nous reconnaissons pauvres pécheurs et nous nous adressons à la
"Mère de la miséricorde", à la Toute Sainte. Nous nous remettons à
elle "maintenant", dans l’aujourd’hui de nos vies. Et notre confiance
s’élargit pour lui abandonner dès maintenant, "l’heure de notre mort".
Qu’elle y soit présente comme à la mort en Croix de son Fils et qu’à
l’heure de notre passage elle nous accueille comme notre mère (cf. Jn
19, 27) pour nous conduire à son Fils Jésus, en Paradis.
La piété médiévale de l’Occident a développé la
prière du Rosaire, en substitut populaire de la Prière des Heures. En
Orient, la forme litanique de l’Acathiste et de la Paraclisis est restée
plus proche de l’office choral dans les Églises byzantines, tandis que
les traditions arménienne, copte et syriaque, ont préféré les hymnes et
les cantiques populaires à la Mère de Dieu. Mais dans l’Ave Maria, les
théotokia, les hymnes de S. Ephrem ou de S. Grégoire de Narek, la
tradition de la prière est ici fondamentalement la même. |
Marie est l’Orante parfaite, figure de
l’Église. Quand nous la prions, nous adhérons avec elle au Dessein du
Père, qui envoie son Fils pour sauver tous les hommes. Comme le disciple
bien-aimé, nous accueillons chez nous (cf. Jn 19, 27) la Mère de Jésus,
devenue la mère de tous les vivants.
Nous pouvons prier avec elle et la prier. La prière de l’Église est
comme portée par la prière de Marie. Elle lui est unie dans l’espérance
(cf. LG 68-69). |