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Prier sans cesse
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"Priez sans cesse"
(1 Th 5, 17),
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"en tout
temps et à tout propos, rendez grâces à Dieu le Père au Nom de notre
Seigneur Jésus Christ" (Ep 5, 20),
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"vivez dans la prière et les
supplications ; priez en tout temps dans l’Esprit, apportez-y une
vigilance inlassable et intercédez pour tous les saints" (Ep 6, 18).
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"Il ne nous a pas été prescrit de travailler, de veiller et de jeûner
constamment, tandis que c’est pour nous une loi de prier sans cesse"
(Evagre,
cap. pract. 49 : PG 40, 1245C).
Cette
ardeur inlassable ne peut venir que de l’amour.
Contre notre pesanteur et notre paresse le combat
de la prière est celui de l’amour humble, confiant et persévérant. Cet
amour ouvre nos cœurs sur trois évidences de foi, lumineuses et
vivifiantes :
Prier
est toujours possible
Le
temps du chrétien est celui du Christ ressuscité qui est "avec nous,
tous les jours" (Mt 28, 20), quelles que soient les tempêtes
(cf. Lc 8,
24). Notre temps est dans la main de Dieu :
Il est possible, même au marché ou dans une
promenade solitaire, de faire une fréquente et fervente prière.
Assis dans votre boutique, soit en train d’acheter ou de vendre,
ou
même de faire la cuisine
(S. Jean Chrysostome, ecl. 2 : PG 63,
585A). |
Prier est une nécessité vitale.
La
preuve par le contraire n’est pas moins convaincante : si nous ne
nous laissons pas mener par l’Esprit, nous retombons sous l’esclavage du
péché (cf. Ga 5, 16-25).
Comment l’Esprit Saint peut-il être "notre
Vie" si notre cœur est loin de lui ?
Rien ne vaut la prière ; elle rend possible ce
qui est impossible, facile ce qui est difficile.
Il est impossible
que l’homme qui prie
puisse pécher
(S. Jean Chrysostome, Anna 4, 5 : PG 54, 666).
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Qui prie, se sauve certainement ;
qui ne prie pas
se damne certainement
(S. Alphonse de Liguori, mez.).
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Prière et vie chrétienne sont
inséparables
Prière et
vie chrétienne sont
inséparables car il s’agit du même amour et du même
renoncement qui procède de l’amour. La même conformité filiale et
aimante au Dessein d’amour du Père. La même union transformante dans
l’Esprit Saint qui nous conforme toujours plus au Christ Jésus. Le même
amour pour tous les hommes, de cet amour dont Jésus nous a aimés.
"Tout
ce que vous demanderez au Père en mon Nom, il vous l’accordera. Ce que
je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres"
(Jn 15,
16-17).
Celui-là prie sans cesse qui unit la prière aux
œuvres et les œuvres à la prière. Ainsi seulement nous pouvons
considérer comme réalisable le principe de prier sans cesse
(Origène, or. 12). |

La prière
de l’heure
de Jésus
Quand son Heure est venue, Jésus prie le
Père (cf. Jn 17). Sa prière, la plus longue transmise par l’Évangile,
embrasse toute l’Économie de la création et du salut, comme sa Mort et
sa Résurrection. La prière de l’Heure de Jésus demeure toujours la
sienne, de même que sa Pâque, advenue "une fois pour toutes", demeure
présente dans la Liturgie de son Église.
La tradition chrétienne l’appelle à juste
titre la prière "sacerdotale" de Jésus. Elle est celle de notre Grand
Prêtre, elle est inséparable de son Sacrifice, de son "passage"
[pâque] vers le Père où il est "consacré" tout entier au Père
(cf. Jn
17, 11. 13. 19).
Dans cette prière pascale, sacrificielle,
tout est "récapitulé" en Lui (cf. Ep 1, 10) : Dieu et le monde, le
Verbe et la chair, la vie éternelle et le temps, l’amour qui se livre et
le péché qui le trahit, les disciples présents et ceux qui croiront en
Lui par leur parole, l’abaissement et la Gloire. Elle est la prière de
l’Unité.
Jésus a tout accompli de l’œuvre du Père et
sa prière, comme son Sacrifice, s’étend jusqu’à la consommation du
temps. La prière de l’Heure emplit les derniers temps et les porte vers
leur consommation. Jésus, le Fils à qui le Père a tout donné, est tout
remis au Père, et, en même temps, il s’exprime avec une liberté
souveraine (cf. Jn 17, 11. 13. 19. 24 ) de par le pouvoir que le Père lui
a donné sur toute chair.
Le Fils, qui s’est fait Serviteur, est le
Seigneur, le Pantocratôr. Notre Grand Prêtre qui prie pour nous
est aussi Celui qui prie en nous et le Dieu qui nous exauce.
C’est en entrant dans le saint Nom du
Seigneur Jésus que nous pouvons accueillir, du dedans, la prière qu’il
nous apprend : "Notre Père !".
Sa prière sacerdotale inspire, du
dedans, les grandes demandes du Pater : le souci du Nom du Père
(cf. Jn
17, 6. 11. 12. 26), la passion de son Règne (la Gloire ; cf. Jn 17, 1.
5. 10. 24. 23-26), l’accomplissement de la volonté du Père, de son
Dessein de salut (cf. Jn 17, 2. 4. 6. 9. 11. 12. 24) et la libération du
mal (cf. Jn 17, 15).
Enfin, c’est dans cette prière que Jésus
nous révèle et nous donne la "connaissance" indissociable du Père et
du Fils (cf. Jn 17, 3. 6-10. 25) qui est le mystère même de la Vie de
prière. |