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La voix des sans-logisLe 22 janvier 2007 nous quittait un grand homme pour qui le fait d’avoir un toit sur la tête est un droit fondamental pour tous. Le premier ministre français Villepin, a dit de lui: "L’Abbé Pierre a été, toute sa vie durant, une force d’indignation capable de faire bouger les cœurs et les consciences. Il nous a montré la voie de la générosité individuelle et collective." L’Abbé Pierre est né Henri Grouès le 5 août 1912 à Lyon. Il est issu d’une famille bourgeoise aisée et pieuse, son père étant négociant de soie. À 12 ans, il accompagne son père à la confrérie des Hospitaliers veilleurs, où les bourgeois se font coiffeurs-barbiers pour les pauvres. Il fit partie des scouts de France dans lesquels il fut totémisé « Castor méditatif ». A Il entre en communauté trois ans plus tard chez les capucins sous le nom de frère Philippe et donne sa part du patrimoine familial à des œuvres de charité. L’année suivante il entre au cloître pendant sept ans. Il est ordonné prêtre en 1938 et en 1939 devient vicaire de Grenoble. Pendant la guerre: leader de la résistanceC’est alors que survint la seconde guerre mondiale et il est mobilisé en tant que sous-officier. Voyant toute la misère des gens de l’époque il aide les juifs poursuivis par les nazis en les faisant passer en Suisse. Il participe à la création du Maquis (résistance) dont il est l’un des leaders. Il aide les opposants au Service du travail obligatoire. Il prend le nom d’Abbé Pierre dans la clandestinité. En 1944, il est arrêté par l’armée Allemande dans les Pyrénées, mais est relâché et passe en Espagne puis rejoint les Forces Françaises Libres du Général de Gaulle en Algérie. Il devient aumônier de la Marine au Maroc et devient une figure importante de la Résistance. Ses actions dans la résistance lui valent la Croix de guerre à la libération. De son expérience passée et des drames dont il a été témoin, il doit, comme bien d’autres résistants qui l’ont côtoyé, son engagement politique pour restaurer une société digne fondée sur les droits humains fondamentaux, mais aussi sa profonde détermination à agir pour des causes qu’il croit justes, y compris parfois dans l’illégalité, et à mobiliser autour de lui pour faire changer les lois établies et les regards indifférents. Membre du Parlement pour défendre les pauvresA la fin de la guerre de 1945 à 1951 il fait une courte carrière en politique sous les encouragements de l’entourage du Général de Gaulle et avec l’approbation de l’Archevêché de Paris. Mais ne réussissant pas à faire concrétiser ses aspirations il se retire en 1951 et retourne à sa vocation première de prêtre-aumônier et investit sa petite rente dans les œuvres de charité. Hiver 1954Toutes ses actions et aspirations porteront des fruits d’une façon éblouissante et surprenante en hiver 1954 – particulièrement froid et meurtrier surtout pour les sans-abri en Europe. À cette époque tous sortaient à peine des atrocités de la guerre. Tous avaient dû fuir, chacun se sentait proche des réfugiés. Les gens se rappelaient la souffrance et la peur et étaient davantage prêts à réagir aux appels à l’aide des gens dans le besoin. Il lance sur les ondes de Radio-Luxembourg un appel vibrant :
Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroque-villés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent ! Écoutez-moi. En 3 heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer.
Ils regorgent déjà; il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit à la porte de lieux où il y ait couvertures et soupe et où l’on lise sous ce titre : CENTRE FRATERNEL DE DEPANNAGE.
"L' insurrection de la bonté"Le lendemain, la presse titre l’événement « L’insurrection de bonté ».Les dons dépasse les 500 millions de francs (environ 125 millions de dollars canadien). La station de radio est littéralement envahie d’appels et de courriers. Le volume des dons en denrées est également immense et il faudra des semaines pour tout trier et stocker avant distribution.Cet appel attira également des bénévoles volontaires de toute la France pour aider d’abord à la redistribution. Rapidement, il dut organiser cet élan inespéré de générosité, et il fonde un groupe auxiliaire, les Compagnons d’Emmaüs, qui construiront des logements pour les sans-abri, et les accueilleront en leur procurant non seulement toit et couvert en situation d’urgence mais aussi un travail digne. Nombre de compagnons d’Emmaüs seront ainsi d’anciens sans-abri, de tous âges, genres et origines sociales, sauvés de la déchéance sociale ou parfois d’une mort certaine et rétablis dans leurs droits fondamentaux, et qui retournent leurs remerciements par leur propre engagement. Son combat cet hiver-là permit également l’adoption d’une loi interdisant l’expulsion des locataires pendant la période hivernale. La création d'Emmaüs international en 1969
Ce sera le début d'un Mouvement extraordinaire. La popularité de l'Abbé Pierre et de ses compagnons bâtisseurs fait le tour du monde. A partir de 1956, il entame une série de voyages à travers le monde, en Amérique, en Asie, en Afrique.. Des groupes Emmaüs se fondent partout. Jusqu'alors seul lien entre tous ces groupes à travers le monde, l'Abbé Pierre décide de convoquer une assemblée mondiale. En 1969, à Berne (Suisse), 70 groupes de 20 nations adoptent le Manifeste universel du Mouvement Emmaüs et décident la création d'un secrétariat international de liaison. "Fondation L'Abbé Pierre" pour le logement des défavorisésAu fil du temps s’ajoute toujours plus de régions et même de pays sous le nom Emmaüs International. En plus des compagnons d’Emmaüs, s’ajoute finalement la Fondation L’Abbé Pierre créée en 1987.
Depuis 1999 la fondation a créé un fonds d’urgence aux sinistrés en France et à l’étranger, notamment la reconstruction après le tsunami en Asie, et 10 % de leur financement est affecté à des programmes d’aide aux pays en voie de développement. La "loi Abbé Pierre", un enjeu de l'élection 2007
Louise Ménard et Serge Séguin ________________________________________________________________________________
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