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La foi en action
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Un modèle d'action

Prophètes de notre temps !

...tantôt de grands noms
connus mondialement,

tantôt des témoins
qui rayonnent
dans un milieu donné.

Chacun à sa manière
nous interpelle
comme un reflet du Christ.
Lavement des pieds
Chacun nous invite à répondre
à l'amour que Dieu nous porte
en nous mettant
au service des autres.


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L'abbé Pierre

 

- Fondateur des Compagnons d’Emmaüs
- Leur missin: accueillir, héberger les sans-logis et agir sur le terrain

- La voix des sans-logis

Le 22 janvier 2007 nous quittait un grand homme pour qui le fait d’avoir un toit sur la tête est un droit fondamental pour tous. Le premier ministre français Villepin, a dit de lui:

"L’Abbé  Pierre a été, toute sa vie durant, une force d’indignation capable de faire bouger les cœurs et les consciences. Il  nous a montré la voie de la générosité individuelle et collective."

L’Abbé Pierre est né Henri Grouès le 5 août 1912 à Lyon. Il est issu d’une famille bourgeoise aisée et pieuse, son père étant négociant de soie. À 12 ans, il accompagne son père à la confrérie des Hospitaliers veilleurs, où les bourgeois se font coiffeurs-barbiers pour les pauvres. Il fit partie des scouts de France dans lesquels il fut totémisé « Castor méditatif ». A Abbé Pierre - frère Philippe16 ans ce fut le coup de foudre avec Dieu, selon ses propres mots mais il doit attendre.

Il entre en communauté trois ans plus tard chez les capucins sous le nom de frère Philippe et donne sa part du patrimoine familial  à des œuvres de charité. L’année suivante il entre au cloître pendant sept ans. Il est ordonné prêtre en 1938 et en 1939 devient vicaire de Grenoble.

Pendant la guerre: leader de la résistance

C’est alors que survint la seconde guerre mondiale et il est mobilisé en tant que sous-officier. Voyant toute la misère des gens de l’époque il aide les juifs poursuivis par les nazis en les faisant passer en Suisse. Il participe à la création du Maquis (résistance) dont il est l’un des leaders. Il aide les opposants  au Service du travail obligatoire. Il prend le nom d’Abbé Pierre dans la clandestinité. En 1944, il est arrêté par l’armée Allemande dans les Pyrénées, mais est relâché et passe en Espagne  puis rejoint les Forces Françaises Libres du Général de Gaulle en Algérie. Il devient aumônier de la Marine au Maroc  et devient une figure importante de la Résistance. Ses actions dans la résistance lui valent la  Croix de guerre  à la libération. De son expérience passée et des drames dont il a été témoin, il doit, comme bien d’autres résistants qui l’ont côtoyé, son engagement politique pour restaurer une société digne fondée sur les droits humains fondamentaux, mais aussi sa profonde détermination à agir pour des causes qu’il croit justes, y compris parfois dans l’illégalité, et à mobiliser autour de lui pour faire changer les lois établies et les regards indifférents.

Membre du Parlement pour défendre les pauvres

A la fin de la guerre de 1945 à 1951 il fait une courte carrière en politique sous les encouragements de l’entourage du Général de Gaulle et avec l’approbation de l’Archevêché de Paris. Mais ne réussissant pas à faire concrétiser ses aspirations il se retire en 1951 et retourne à sa vocation première de prêtre-aumônier et investit sa petite rente dans les œuvres de charité.

Hiver 1954

Toutes ses actions et aspirations  porteront des fruits d’une façon éblouissante et surprenante en hiver 1954 – particulièrement froid et meurtrier surtout pour les sans-abri en Europe. À cette époque tous sortaient à peine des atrocités de la guerre. Tous avaient dû fuir, chacun se sentait proche des réfugiés. Les gens se rappelaient la souffrance et la peur et étaient davantage prêts à réagir aux appels à l’aide des gens dans le besoin.

Il lance sur les ondes de Radio-Luxembourg un appel vibrant :

 

 

Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroque-villés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent ! Écoutez-moi. En 3 heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer.

 

Ils regorgent déjà; il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit à la porte de lieux où il y ait couvertures et soupe et où l’on lise sous ce titre : CENTRE FRATERNEL DE DEPANNAGE.

 

Abbé Pierre au microCes simples mots : TOI QUI SOUFFRES, QUI QUE TU SOIS, ENTRE, DORS, MANGE, REPREND ESPOIR, ICI ON T’AIME.

La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent. Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France. Merci! »

 

"L' insurrection de la bonté"

Le lendemain, la presse titre l’événement  « L’insurrection de bonté ».Les dons dépasse les 500 millions de francs (environ 125 millions de dollars canadien). La station de radio est littéralement envahie d’appels et de courriers. Le volume des dons en denrées  est également immense  et il faudra des semaines pour tout trier et stocker avant distribution.Cet appel attira également des bénévoles volontaires de toute la France pour aider d’abord à la redistribution. Rapidement, il dut organiser cet élan inespéré de générosité, et  il fonde un groupe auxiliaire, les Compagnons d’Emmaüs, qui construiront des logements  pour les sans-abri, et les accueilleront en leur procurant non seulement toit et couvert en situation d’urgence mais aussi un travail digne. Nombre de compagnons d’Emmaüs seront ainsi d’anciens sans-abri, de tous âges, genres et origines sociales, sauvés de la déchéance sociale ou parfois d’une mort certaine et rétablis dans leurs droits fondamentaux, et  qui retournent leurs remerciements par leur propre engagement.       Son combat cet hiver-là permit également l’adoption d’une loi interdisant l’expulsion des locataires pendant la période hivernale.

La création d'Emmaüs international en 1969

abbé Pierre,1969Novembre 1949 : appelé auprès d'un homme désespéré qui a tenté de se suicider, l'Abbé Pierre lui propose de venir l'aider… à aider les autres : construire des logements pour des familles sans-logis. Georges, devenu ainsi le premier compagnon d'Emmaüs, reçut ce jour-là la seule chose dont il avait besoin : non pas de quoi vivre, mais une raison de vivre.

Ce sera le début d'un Mouvement extraordinaire. La popularité de l'Abbé Pierre et de ses compagnons bâtisseurs fait le tour du monde. A partir de 1956, il entame une série de voyages à travers le monde, en Amérique, en Asie, en Afrique.. Des groupes Emmaüs se fondent partout. Jusqu'alors seul lien entre tous ces groupes à travers le monde, l'Abbé Pierre décide de convoquer une assemblée mondiale. En 1969, à Berne (Suisse), 70 groupes de 20 nations adoptent le Manifeste universel du Mouvement Emmaüs et décident la création d'un secrétariat international de liaison.

"Fondation L'Abbé Pierre" pour le logement des défavorisés

Au fil du temps s’ajoute  toujours plus de régions et même de pays sous le nom Emmaüs International. En plus des compagnons d’Emmaüs, s’ajoute finalement la Fondation L’Abbé Pierre créée en 1987.

banderolle "Relogez"Leurs missions reste d’abord d’accueillir, héberger et agir sur le terrain. À de nombreux refuges se greffent des espaces de solidarité-habitat qui aide chaque année plus de 2000 ménages, à Paris seulement. Ils les aident à la recherche de logement, ils offrent du suivi et font de la prévention des expulsions abusives.   Ils soutiennent également financièrement à la mise aux normes  d’immeubles vieillissants.

Depuis 1999 la fondation a créé un fonds d’urgence aux sinistrés en France et à l’étranger, notamment la reconstruction après le tsunami en Asie, et 10 %  de leur financement est affecté à des programmes d’aide aux pays en voie de développement.

La "loi Abbé Pierre", un enjeu de l'élection 2007

Abbé Pierre, 2007Ces dernières années, malgré la maladie et l’âge, l’Abbé Pierre est descendu dans la rue pour soutenir la cause des pauvres. Il a secondé l’association Droit au logement  Un dernier combat qui fait encore l’actualité politique en pleine campagne présidentielle 2007, où les candidats se pressent pour défendre une future loi sur le logement poussée par l’action médiatique d’associations de sans-logis, un texte qu’ils veulent maintenant nommer « loi Abbé Pierre ».

 

Louise Ménard et Serge Séguin
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Le 22 janvier 2007, l'abbé Pierre, s'est éteint à 05 h 25
à l'âge de 94 ans à l'hôpital parisien du Val-de-Grâce
où il était hospitalisé depuis une semaine pour une bronchite.


Martin Hirsch, président d'Emmaüs France a raconté à l'AFP les derniers instants de l'abbé :
«L'abbé Pierre est mort cette nuit entouré de quelques proches.
L'infection pulmonaire pour laquelle il avait été hospitalisé, après une amélioration tout au long de la semaine, l'a finalement emporté. C'est bien entendu une peine terrible pour l'immense famille qu'il représentait, pour les compagnons et toutes celles et ceux qu'il a aidés.» Publié sur "Libération Société" le 22 janvier 2007.

 


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"Mon Dieu, aidez-nous à donner du pain à ceux qui ont faim et donnez faim à ceux qui ont du pain". abbé Pierre