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Capsules de réflexion selon le temps liturgique

 

Il y a des capsules qui soulagent la douleur... Il y en a qui tonifient... ou augmentent la capacité à l'effort, etc

En spiritualité,
il y a aussi de ces capsules qui font du bien!

Des capsules de sagesse qui amènent à réfléchir...
qui nous stimulent
et nous invitent
à mieux vivre...

Ce sont de courts textes qui font appel à nos valeurs et souvent à des éléments de base de notre foi.

Nous avons sélectionné et vous présentons plusieurs capsules regroupées
par thèmes.


Échos du Cénacle

Marc Benoît

Présentation par l'auteur:

“Échos du Cénacle”...
... et si tout cela s’était passé ainsi ?!?! ...
et pourquoi pas !
“Échos du Cénacle”...
... que deviennent les fruits de l’Esprit
dans mon Cénacle intérieur,
mon Cénacle de confirmé ? 

Allons voir ensemble
ce qui se passe dans ce fameux “Cénacle”

Cela se passait quelques jours après que le Maître, Jésus le Galiléen, se soit soustrait à leurs yeux dans une nuée. Les Onze étaient tous réunis en prière dans la chambre haute, appelée Cénacle, en compagnie de Marie, la mère de Jésus et quelques autres femmes qui n’avaient cessé de suivre le Seigneur.

Ils ne quittaient plus ce refuge, sauf pour se rendre au Temple. Ils ne se sentaient pas en sécurité lorsqu’ils déambulaient dans Jérusalem, car ils craignaient d’être arrêtés par les Romains ou par le Sanhédrin. Ce sont d’ailleurs les femmes qui voyaient à l’approvisionnement du groupe : voilées, elles pouvaient plus facilement se déplacer sans être reconnues.

Suite aux dernières recommandations de Jésus, qu’il avait voulues rassurantes pour ses amis, ces derniers attendaient donc avec espérance et aussi avec une certaine impatience la venue de l’Esprit, ce protecteur et défenseur promis par lui et envoyé par le Père.

PIERRE, qui avait été investi du rôle de chef du groupe des Onze, prit alors la parole et dit :

« Nous avons perdu l’un des nôtres qui avait été choisi par le Seigneur Jésus au même titre que nous tous mais qui, conformément aux Écritures, devait servir de guide pour ceux qui ont arrêté Jésus. Judas n’est plus et nous devons trouver un autre témoin pour se joindre à nous. Plusieurs de nos frères ont aussi, comme nous, suivi le Maître depuis le début et c’est parmi eux que nous devrons choisir le remplaçant de Judas ».

Tous ceux qui étaient présents se sont donc mis en devoir de trouver celui qui remplirait le mieux ce rôle de disciple et qui viendrait se joindre définitivement aux Onze. On en présenta deux. Il y avait Joseph, celui qui se faisait appeler Barsabbas et qui répondait aussi au nom de Justus, et l’autre s’appelait Matthias. Ces deux choix étant acceptés par les Onze, Pierre, dans une prière, implora le Seigneur de lui indiquer, à la lumière de ce qu’il connaissait des deux hommes, lequel deviendrait le douzième apôtre. Matthias fut élu par tirage au sort et Pierre lui imposa aussitôt les mains. Ensuite, Matthias rejoignit Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe et Thomas, Barthélémy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le zélote et Jude, fils de Jacques. Tous se recueillirent et firent une prière d’action de grâce pour le choix arrêté.

Les jours suivants se sont vécus dans la prière communautaire, le partage des repas et dans l’attente silencieuse et recueillie de la venue de l’Esprit promis par le Seigneur Jésus. Un bon matin, THOMAS prit la parole pour dire que cette attente devenait très lourde et qu’il avait de la difficulté à comprendre pourquoi c’était si long :

« Le Seigneur veut-il nous éprouver encore longtemps avant de nous envoyer le Défenseur? Nous sommes contraints à l’inaction et à nous cacher pour protéger nos vies. Cela fait presque dix jours que nous sommes enfermés ici, à ne sortir que par de très petits groupes pour nous rendre au Temple. Qui nous dit que notre attente n’aura pas l’ampleur de celle du peuple d’Israël en route vers la terre de Canaan? »

« Ta foi sera donc toujours parsemée de doutes mon cher Thomas, mais je ne t’en tiens pas rigueur car il est normal de douter en ce moment! »
lui dit PIERRE d’une voix qu’il essayait de rendre rassurante et convaincante.

Ce n’était pas le temps de commencer à se quereller dans ce Cénacle surchauffé par la lourdeur de l’attente, les portes barrées et les fenêtres closes.

« Je comprends ton impatience face à l’inconnu et je suis, moi aussi, rempli de cette impatience. Je prie sans cesse pour qu’aucun de nous ne désespère et ne sombre dans le découragement. Souviens-toi seulement que le Maître, de son vivant, ne nous a jamais abandonnés alors que nous, nous l’avons tous abandonné à un moment où il avait assurément besoin de nous. N’a-t-il jamais fait une promesse qu’il n’a pas tenue? C’est cela qui me fait vivre, moi, mon cher Thomas! »

Et, se levant au milieu de ses frères, PIERRE continua :

« Frères, nous sommes tous ici parce que Jésus de Nazareth nous a choisis, parce qu’il compte sur nous pour répandre en son nom le message d’amour qu’il nous a laissé. Nous ne devons pas le décevoir en doutant maintenant de ses promesses à notre égard. »

« Il faut écouter ce que dit Pierre, mes bons amis »
dit d’une voix douce MARIE, la mère de Jésus.

Il n’était pas coutume ni convenable qu’une femme prenne la parole lors d’une discussion entre hommes mais, depuis ce fameux matin de la Résurrection où les femmes ont rapporté à Pierre la nouvelle du tombeau vide, de son incrédulité face aux dires des femmes, Pierre acceptait maintenant plus facilement qu’une femme telle que Marie, la propre mère de Jésus, respectée de tous pour sa piété et sa sagesse, puisse faire des interventions, ce qu’elle faisait d’ailleurs en des moments très judicieusement choisis.

« Jésus, comme il nous l’a dit, poursuivit Marie, est avec nous présentement comme il l’a été pendant les quarante jours qui se sont écoulés entre sa Résurrection et son retour vers le Père. Si notre cœur est envahi par l’incertitude, le doute, l’impatience et le découragement, c’est le signe qu’il devient urgent pour nous de prier, de le prier et de prier aussi le Père! »

« Mère, je suis chagriné devant la pauvreté de notre foi qui t’oblige ainsi à être témoin, toi qui as sûrement souffert beaucoup plus que toutes nos souffrances réunies lors de la mise en croix de ton fils. Comme Pierre, je ne tiens rigueur à personne pour les doutes qui les assaillent, mais je pense que l’on devrait, malgré la terrible oppression de l’attente, se faire violence en nos cœurs et se remémorer tout ce que nous avons partagé de bon avec le Seigneur, notre frère et ton fils, »
dit JEAN, le regard tendrement tourné vers Marie.

Son intervention est venue mettre un peu de calme et de sérénité dans le groupe.

« D’autre part, je trouve aussi important que tous ceux et celles qui ont le cœur tendu puissent librement s’exprimer devant nous, leurs frères, afin que nous devenions peut-être une aide devant leur désarroi. Il ne faut pas garder à l’intérieur de nous ce qui pourrait nous empêcher d’espérer, de nous garder dans son amour. Si Judas avait su se libérer de ses tourments en les confiant à Jésus, il serait encore des nôtres, car le Maître lui aurait sûrement pardonné comme il a pardonné à Thomas son manque de foi et à d’autres aussi parmi nous ».

Jean allait citer Pierre et son reniement mais, voyant son regard sombre et ses larmes coulant sur ses joues, il savait qu’il ne devait pas en parler, car la blessure de Pierre était encore très vive.

Pierre, après un long moment de silence, commence à réciter à voix haute la prière que Jésus leur avait montrée. Tous les disciples joignirent alors leur voix à la sienne pour n’en faire qu’une, la voix de l’unité dans l’espérance et dans l’attente.

MARIE DE MAGDALA demanda à Pierre de prendre la parole.

« S’il est une femme que Jésus a aimée et qui a profondément aimé Jésus, c’est bien toi Marie et je sais que ton témoignage nous fera du bien. Parle donc sans retenue et sans crainte d’être jugée, » dit PIERRE.

« Je suis celle qui a peut-être eu la vie la plus dérangeante et la moins recommandable pour être à la suite du Maître. Il ne m’a jamais rejetée, ni mise de côté. Il n’a même jamais refusé d’être à mes côtés devant tous. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que j’ai pu souffrir d’être aimée par lui car je ne me sentais pas digne de son amour. Mais c’est justement son amour qui m’a libérée et depuis ce temps, aucune attente ne me fera désespérer, car je sens, au plus profond de mon être, qu’il est là, qu’il ne retiendra jamais son amour à mon égard et qu’il continuera à m’aimer, où qu’il soit et quoi que je fasse. Nous attendons tous l’Esprit libérateur, mais ne vous a-t-il pas dit qu’il est avec nous jusqu’à la fin des temps? Mal m’accommoder de cette attente équivaut un peu à ne pas croire qu’il est là, avec nous, à vivre lui aussi cette attente! J’ai au fond de mon cœur une certitude qu’il est là au milieu de nous. Lorsqu’il partageait notre vie de tous les jours par sa présence, aucun de vous ne m’a rejetée. Depuis qu’il est parti, depuis qu’il n’est plus là pour faire accepter ma présence auprès de vous, pas un seul d’entre vous n’a fait le moindre geste, la moindre allusion pour me mettre à l’écart. Voilà, pour moi, le signe évident de sa présence ».

À ces mots, Pierre s’est empressé de serrer Marie dans ses bras, les deux pleurant à chaudes larmes.

« Tu seras toujours des nôtres, Marie de Magdala, et personne ne s’attaquera impunément à toi, tant que je vivrai, car tu es signe d’amour et de pardon », dit PIERRE.

Et tous les disciples se levèrent d’un bond et chahutèrent en signe d’approbation.

À la suite de cette manifestation de fraternité et d’amour, tous s’installèrent pour le repas. Pierre a rompu les pains comme Jésus l’avait fait lors de leur dernier repas ensemble. L’atmosphère était soudain devenue plus légère, plus respirable, moins pesante malgré la chaleur qui régnait dans le Cénacle. Chacun apportait une petite anecdote pour finir de détendre le groupe et c’est dans une joie non dissimulée que le groupe reclus termina le repas. On n’oublia pas de remercier le Seigneur pour ce partage de nourriture, de sentiments, de réconfort.

À la fin de ce repas matinal, avec la permission de Pierre, Jean invita à nouveau ses frères à se libérer de leur anxiété et de leur angoisse en regard de l’attente et du manque de liberté d’action que subissait le groupe depuis le départ de Jésus.

C’est alors que se leva l’un des apôtres qui prenait très peu souvent la parole même si ses rares interventions étaient toujours grandement appréciées par ses frères. BARTHÉLÉMY était en effet très respecté par ses pairs pour la justesse de ses observations. Il regarda Thomas droit dans les yeux et il dit : 

« J’ai aimé ta franchise qui, exprimée tout haut et sans honte, a provoqué toute cette discussion. Tu n’es assurément pas le seul qui vit des tensions par cette attente de la réalisation de la promesse du Maître. Je voudrais essayer de me faire rassurant pour toi qui ne se caches pas derrière de faux-semblants. Moi aussi, je trouve cette attente lourde et difficile à porter. Cependant, tu m’as fait réfléchir lorsque tu as fait allusion au peuple d’Israël et à son attente avant d’arriver en terre de Canaan. Je ne pense pas comme toi que cette attente puisse être aussi longue car je ne peux concevoir que Jésus nous ait choisis pour ne pas se servir de nous. Trop de paroles du Maître m’empêchent de penser ainsi. Prends, par exemple, ses dernières paroles dites au cours d’un repas pris justement ici, peu avant son départ : il nous a demandé de ne pas quitter Jérusalem et d’y attendre la promesse du Père. De plus, il nous a dit :

« Jean a bien donné le baptême d’eau, mais vous, c’est dans l’Esprit-Saint que vous serez baptisés d’ici quelques jours ».

Il a bien dit «d’ici quelques jours ». Ces quelques jours dont il a fait allusion, je suis prêt à les évaluer à la même durée que fut sa présence parmi nous entre sa Résurrection et son départ vers son Père, soit environ quarante jours. Je me prépare donc à vivre encore près de trente jours ici, protégé par les murs de ce Cénacle, à le prier, à prier le Père, à fraterniser avec vous tous, à nous réconforter mutuellement, à nous aimer comme lui nous a aimés et à partager nos repas et repos ».

Après un temps d’arrêt, comme pour signifier à son auditoire l’importance de ses prochaines paroles, BARTHÉLÉMY poursuivit :

« Si la durée doit être la même parce que le Père en a décidé ainsi, c’est dans l’espérance et dans la joie que je la vivrai. Je ne voudrais pas que notre impatience vienne forcer sa main car, de toute façon, cela ne servira qu’à l’indisposer à notre égard. N’oublions pas ce que Jésus a dit : « Vous n’avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ». Vivre encore trente jours, ou peut-être plus, ne m’indispose pas outre mesure, car je demeure fort de sa promesse et je sais que ce n’est pas à moi ni à personne d’entre nous à établir l’échéance de la venue de… »

Barthélémy ne put jamais terminer sa phrase car il a été interrompu par un vacarme épouvantable causé par un très fort coup de vent qui arracha les volets des fenêtres et ouvrit sans peine les portes pourtant solidement verrouillées…

 

Source des images: La Pentecôte expliquée aux enfants