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> Étude de la bible > Évangile de Jean vulgarisé
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Jean m'a parlé de son ami Jésus

par Roger Gauthier, o.m.i.

Le texte ci-contre
raconte un épisode de
l'Évangile selon
Saint Jean.

Il est reformulé
dans un langage populaire
dans le but de nous aider
à découvrir le Christ
comme Jean a pu le
percevoir.

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Les luttes commencent

Pendant ma vie avec Jésus, mon plus grand étonnement – et ma grande souffrance aussi – me sont venus des luttes que Jésus a dû soutenir face aux pharisiens, aux saducéens et aux scribes. Même ses gestes les plus chargés d’amour pour des personnes souffrantes provoquaient les reproches et les condamnations de la part de ces supposés représentants de la Loi. Et lui qui les traitaient avec tellement de patience! Alors que nous, ses disciples, nous étions exaspérés et désespérions de les voir comprendre un jour, Jésus répondait avec patience à leurs attaques, souvent harcelantes.

Premier contact dramatique

Notre premier contact avec eux fut dramatique pour nous. Comme la Pâque juive approchait, Jésus nous amena avec lui à Jérusalem. C’était son premier voyage au Temple depuis que Jean-Baptiste l’avait désigné comme le Messie. Ce qu’il vit là le bouleversa : le Temple de Dieu était devenu un vrai marché public : on y faisait un commerce très lucratif avec les bœufs, les brebis ou les colombes destinés à devenir des sacrifices offerts au Tout-Puissant. On avait installé à l’intérieur du Temple des comptoirs de change pour exploiter les juifs venus d’ailleurs en leur fournissant la monnaie du pays. Tout cela se passait dans la Maison qui devait être exclusivement consacrée à rendre hommage à son Père. Pour la plupart d’entre nous, la scène nous avait semblée banale : nous l’avions vue souvent. Depuis sa montée au Temple, à 12 ans, Jésus avait vu aussi cette scène et il en avait sans doute beaucoup souffert, mais sans se donner le droit d’intervenir. Cette fois, il avait mission de corriger une situation intolérable.

Jésus chasse les vendeurs du templeNous avons été surpris de le voir réagir aussi fortement : il ramassa quelques cordes, s’en fit un fouet pour chasser tous les animaux hors du Temple et se mit à renverser les comptoirs de change, faisant rouler partout la précieuse monnaie des manipulateurs d’argent. Tous les profiteurs de la Pâque étaient stupéfiés devant pareille audace et Jésus profita de leur surprise pour les avertir devant tout le monde : « Sortez tout cela d’ici et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. » Devant ces interventions du Maître, nous étions fiers de lui, mais nous craignions qu’il ne soit allé un peu loin. Durant la soirée, pendant que nous en parlions entre nous, (toute la ville en parlait), je me souvins du psaume 69 qui disait ceci: « L’amour pour ta Maison me dévore. » Ce que nous avions pris pour une violente colère était donc né, cette fois, non pas d’une impulsion nerveuse, mais de son amour pour son Père. Ainsi, nous avons deviné un peu la profondeur du lien qu’il vivait avec Dieu.

Le lendemain, la surprise étant passée, des gens mécontents de s’être fait bousculer avaient réussi à mobiliser les responsables du Temple et les pharisiens qui ne se privèrent pas d’interpeler Jésus assez rudement : « As-tu un signe à nous donner qu’il te revient à toi de prendre soin du Temple de cette façon-là? » Jésus leur répondit avec des mots qu’ils reçurent comme un défi: « Essayez de détruire ce Temple de Dieu et je le relèverai en trois jours. » Trop aigris par la fermeté de Jésus qui les affrontait, ils ne lui demandèrent pas quel sens avaient ses paroles; ainsi ils ne surent jamais qu’il faisait référence à son corps plutôt qu’au monument de pierre. Partant de ce qu’ils avaient compris, ils répliquèrent: « Ce temple construit en quarante-trois ans par nos ancêtres, tu ne nous feras pas croire que tu peux le relever en trois jours! » Puisqu’ils ne cherchaient pas à comprendre le vrai sens de sa parole, Jésus jugea inutile de répondre et les quitta. – À ce moment-là, nous-mêmes, n’avions pas saisi ce qu’il voulait dire, mais nous lui faisions confiance. C’est seulement après sa mort et sa résurrection que se sont éclairées, pour nous, plusieurs de ses réflexions  restées obscures à ce moment-là.

Pendant ce séjour à Jérusalem pour la Pâque, Jésus accomplit des gestes qui étonnèrent beaucoup de monde. Chez certaines gens assoiffées de merveilleux, cela provoqua une vague d’enthousiasme : plusieurs se déclaraient ses disciples. Nous, ses amis intimes, nous étions tout heureux d’y trouver déjà la consécration du Messie attendu et nous étions fiers de l’avoir découvert les premiers. Jésus accueillit les nouveaux disciples de tout son cœur  mais sans se faire illusion sur la profondeur de leur attachement. Devant nous, il ne mettait pas en cause leur sincérité, mais nous avons vite compris qu’après ses trente années de vie terrestre, il connaissait la fragilité des décisions humaines trop vite annoncées. Et je dois avouer humblement que cette expérience s’est répétée dans sa relation avec nous pendant les trois années que nous l’avons accompagné. Il a dû plusieurs fois freiner nos belles promesses d’attachement, mais toujours avec douceur et sans nous blâmer. Parfois même avec un sourire qui soulignait notre naïveté, comme c’était toujours le cas avec Pierre. À propos de ces réactions de Jésus devant les conversions fragiles, un certain Nicodème, après la résurrection, m’a raconté son expérience.

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