II - Charisme de fondation ou charisme initial
          
          1. Le charisme
          Je n’ai pas l’intention de faire ici une réflexion théologique                     exhaustive sur les charismes. Ce n’est pas le lieu ni le                     moment. Je voudrais me limiter à préciser ce que nous                     entendons le plus communément, dans l’Église, lorsque nous                     nous référons aux charismes.
            
Charisme est un mot qui vient du grec (kharisma), mot qui                     dérive lui-même du mot grâce (kharis). Les charismes sont des                     dons de Dieu distincts du don de Dieu par excellence qui est                     la Grâce. Les charismes sont le résultat de la Grâce. Il n’y a                     pas de charismes sans vie de Grâce. La Grâce est donc la                     source des charismes
Les charismes sont des dons                     de Dieu, distribués par l’Esprit saint à une ou à                     plusieurs personnes, non pour leur propre profit personnel,                     mais pour l’utilité commune et l’édification du corps du                     Christ (voir I Cor 12,7 et I Pi 4,10). En d’autres mots: des                     dons de Dieu reçus pour le bien des autres
Il y a des charismes pour tous et pour                    tout
          a) Tout baptisé reçoit des charismes 
                               (voir Congar dans son livre: L’Esprit saint)
          
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               Dieu est le constructeur                             de son Église. Par l’intervention de Jésus Christ, il                             a bien voulu instituer les structures de cette Église,                             mais il ne cesse de la construire actuellement par les                             dons (kharismata), les services ou ministères (diakonaiai),                             les diverses modes d’agir (energemata) dont parle S.                             Paul en  I Cor 12,4-6. Cela opère en distribuant dons                             et talents à tous les fidèles.
 
 Il y a un danger de ne considérer comme charisme                             qu’une manifestation extraordinaire (don de guérison,                             parler en langues, prophétie, etc.)
 
 Ce n’est pas là la vraie notion de charisme. S. Paul                             mentionne des charismes bien peu spectaculaires comme,                             par exemple, celui d’exhorter et de consoler (Rm                             12,8), de servir (Rm 12,7), d’enseigner (Rm 12,7 et I                             Cor 12,28), discours de sagesse et de science (I Cor                             12,8), de foi (I Cor 12,9), discernement des esprits                             (I Cor 12,10), d’aide et de gouvernement (I Cor                             12,28).
 
 
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               En S. Paul, les                             charismes ce sont ces dons de la nature et de la grâce                             que l’Esprit distribue et utilise pour l’utilité et                             l’édification de la communauté. En ce sens, tous                             les fidèles ont des charismes. Et tous sont appelés à                             les exercer pour le bien commun. 
b) Il y a une                           grande variété de charismes.
          
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               Extraordinaires ou simples et bien humbles.                  
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               Dans leur riche diversité, ils reflètent la pure et                             unique lumière de l’Esprit.                  
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               ls sont une richesse                             pour l’Église. Tant et aussi longtemps qu’ils                             proviennent vraiment de l’Esprit saint et qu’ils sont                             exercés de façon pleinement conforme aux impulsions                             authentiques de ce même Esprit, c’est-à-dire, dans la                             charité.                  
-               La charité est la véritable mesure de l’importance des                             charismes (I Cor 13).
            Tout charisme comprend trois éléments
             a) Un don de                           Dieu....
            
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                 Nous le recevons de Dieu: le discernement (I Jn 4,1).
 
 
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                 Gratuitement, sans mérite de notre part: la                             reconnaissance (I Cor 1,4).
 
 
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                 Nous n’en sommes pas propriétaires, nous                             l’administrons: la responsabilité (Mt 25,14ss). 
 b) Qui nous                           habilite...
                Nous sommes préparés et                           disposés à assumer diverses tâches, ou ministères
 
            (cf.                           LG 12 et AA 3): la reconnaissance pour celui qui les                           reçoit et pour tous les membres de l’Église (I Tim                           1,12).
             c) Pour le bien                           du prochain
            
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                 Le charisme n’existera qu’en autant qu’il soit                             directement ou indirectement mis au service des                             autres: la charité (I Cor 12,7 et 13, 1-13).
 
 
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                 Pour la construction (vitalité apostolique, sainteté)                             de l’Église: l’ecclésialité (I Cor 14,12)
 
 
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                 Il n’est jamais pour soi: l’humilité (I Cor 13,4). 
 
          
            Voilà pourquoi le discernement est                     si nécessaire 
          (cf. LG 12 et 30; CL 24).
      
        - 
               Les pasteurs ont «le charisme                       de discerner les charismes».
 
 
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               «Ils ont le devoir de ne pas                       éteindre l’Esprit, mais de tout examiner et de rester avec                       ce qui est bon afin que tous les charismes coopèrent, dans                       leur diversité et leur complémentarité, au bien commun.  
          2- Charisme de fondation
          L’expression «charisme de fondation» désigne                     communément le charisme donné à un                     fondateur d’une famille religieuse, reconnu par l’autorité                     ecclésiastique, et qui perdure d’une certaine manière dans ses                     membres
          
            - On parle ainsi du charisme                       des dominicains, des jésuites ou des clarisses, etc.
 
- Les disciples tentent de                       vivre et de perpétuer le charisme reçu du fondateur et ils                       en participent.
 
- Logiquement, quand se                       présentent des situations nouvelles (culturelles, sociales,                       historiques, économiques, géographiques, etc.) ils essaient                       d’adapter l’expression du charisme de fondation aux                       circonstances, sans rien perdre de son identité.
 
- On fait pour cela appel au                       charisme qui est recueilli dans la vie et les écrits du                       fondateur, dans les premières règles - sanctionnées par                       l’autorité ecclésiastique - et dans les traditions                       légitimes.
 
- Avoir un fondateur                       facilite énormément l’identification du charisme et son                       application selon les circonstances, surtout - comme il                       arrive souvent - si le fondateur prend soin de codifier par                       écrit son intention en fondant l’oeuvre.
 
- L’autorité du fondateur                       est déterminante en tout ce qui regarde le charisme de                       fondation.
Dans la personne du fondateur, on trouve                     généralement:
          
            - Une vie de sainteté.
 
- Un charisme spécial mis au                       service de l’Église.
 
- La ferme intention de                       fonder.
 
- L’humble acceptation de                       l’incompréhension initiale face à la nouveauté du charisme.
 
- La conscience que ce n’est                       pas son oeuvre mais celle de Dieu.
 
- La fuite volontaire de                       toute recherche de gloire personnelle.
 
- Une claire conscience                       ecclésiale.
 
- Un désir de faire                       reconnaître son charisme par les pasteurs légitimes de                       l’Église.
 
- L’acceptation joyeuse des                       indications et des nuances apportées par la hiérarchie.
 
- Enfin, avoir des disciples                       qui le reconnaissent comme fondateur et possesseur du                       charisme.
          3- Les               Mouvements, en général
          Que sont-ils?
          
            - Les différents Mouvements                       dans l’Église mettent en relief les divers aspect du grand                       mouvement qu’est l’Église (cf. Message de Jean-Paul II au                       Congrès des Mouvements, à Rome, le 27 mai 1998: «J’ai                       souvent fait remarquer qu’il n’y a pas d’opposition dans                       l’Église entre sa dimension institutionnelle et sa dimension                       charismatique, dont les Mouvements sont l’expression: les                       deux sont essentielles»).
 
                - L’Église elle-même est                         un mouvement qui naît de l’initiative amoureuse du Père,                         origine de la mission du Fils et de l’Esprit. L’Église est                         un mouvement qui s’inscrit dans l’histoire de l’homme.
 
- La proclamation                         dynamique de l’Évangile a commencé par la venue de                         l’Esprit saint sous forme de vent et de feu. Le message de                         la mort-résurrection du Christ n’est pas un événement                         statique. Il exige le mouvement: il doit se répandre dans                         le temps et dans l’espace.
 
 
- Quand ce mouvement de Dieu                       vers les hommes rencontre un écho amoureux, c’est alors que                       naît la réponse de la foi: les hommes se tournent vers Dieu.                       Et ce mouvement des hommes vers Dieu est le fruit à la fois,                       de l’action de Dieu et de la libre décision de l’homme.
 
- Lorsqu’un groupe de                       personnes s’unissent pour vivre leur vie chrétienne en                       cohérence avec cette rencontre pour l’approfondir dans leur                       vécu quotidien et pour faire en sorte que d’autres personnes                       se rattachent à cette expérience, c’est alors que surgit un                       Mouvement concret qui devient et exprime un aspect du                       mouvement multiple qui est l’Église (cf. l’homélie de                       Jean-Paul II, lors du Congrès des Mouvements, le dimanche de                       la Pentecôte 1998).
 
- Rien de plus logique, par                       conséquent, que la présence simultanée de divers Mouvements                       dans l’Église. Bien que tous envisagent de vivre l’Évangile,                       chacun met en relief l’un de ses aspects fondamentaux.                       «Chaque Mouvement est différent d’un autre, mais tous sont                       unis dans la même communion et la même mission» (Jean-Paul                       II, Homélie citée).
 
- À l’origine de tous les                       Mouvements, il y a toujours une grâce spéciale, donnée par                       Dieu à l’Église, directement ou indirectement, en utilisant                       certaines situations historiques de l’Église ou de la                       société, ou certains besoins urgents auxquels il faut                       répondre. «Or, vous êtes cette réponse providentielle»                       (Jean-Paul II, ibid.).
 
- «Malgré la diversité de                       leurs formes, les Mouvements se caractérisent par leur prise                       de conscience commune de la nouveauté que la grâce                       baptismale apporte à la vie, par leur désir d’approfondir le                       mystère de la communion au Christ et aux frères, et par leur                       fidélité au patrimoine de la foi transmis par la tradition.                       Cela produit un élan missionnaire qui pousse à la rencontre                       avec les gens de notre époque, dans les situation concrètes                       où ils se trouvent, et à regarder avec beaucoup d’amour, la                       dignité, les besoins et le destin de chacun» (Jean-Paul II,                       ibid.).
 
        
             Essai de définition.
            Un Mouvement ecclésial est un ensemble de   personnes unies librement, non par des liens juridiques mais dans le but   d’échanger, à partir d’une expérience de rencontre avec Jésus Christ, un   itinéraire de foi, des principes (valeurs, méthodes, attitudes, options, etc.)   et un objectif communs, comme une réponse suscitée par l’Esprit à des   circonstances concrètes. Ces personnes s’organisent pour réaliser un objectif   commun, qui met en relief certains aspects concrets du grand mouvement qui est   l’Église.
         
          
        4- Le Mouvement des Cursillos
          Les commencements du MC
          
            -  «Dans les années 40                       surgit un nouveau Mouvement dans l’Église, le MC. Des                       chrétiens - prêtres et laïcs - en intime communion avec leur                       évêque, en arrivèrent à partager une même mentalité et à                       vivre une même inquiétude apostolique. Ils commencèrent à                       travailler pour un même but: rendre le monde plus chrétien                       en rendant les hommes plus chrétiens. Avec un minimum                       d’organisation, ils se mirent à l’oeuvre en mettant au point                       une méthode pour atteindre la finalité désirée». (Sur la                       longue controverse qui existe au sujet de la date du premier                       Cursillo, voir l’Annexe 1, à la fin).
 
- «Ce groupe initial est                       allé en croissant et aujourd’hui, ce sont des millions de                       personnes qui au moyen du Cursillo incarnent dans leur vie                       ces même principes et sèment l’Évangile dans leurs milieux                       respectifs».
 
- Le MC est structuré en                       Secrétariats (diocésains, nationaux, internationaux et                       mondial) et  sa charte est contenue dans le livre des «Idées                       Fondamentales du MC», fruit d’une rencontre mondiale à                       Majorque en 1972. Plus tard, en 1988, la rencontre mondiale                       de Caracas a décidé d’en faire une mise à jour qui fut                       publiée en 1991 et qui est toujours en vigueur. Dans ces                       deux rencontres mondiales, deux pionniers de la première                       heure du Mouvement étaient présents: Eduardo Bonnín et                       Sebastián Gayá.
 
- «Le MC est aujourd’hui une                       réalité organisée, vivante et agissante. Une réalité humaine                       constituée par l’ensemble des hommes et des femmes qui après                       avoir fait l’expérience d’un Cursillo, ont adopté la                       mentalité et les principes fondamentaux et, en suivant une                       méthode propre, s’unissent pour vivre de façon plus                       authentique la vie chrétienne, en réalisant d’une manière                       nouvelle leur relation avec Dieu, avec eux-mêmes et avec le                       prochain, et en s’efforçant d’imprégner d’Évangile leurs                       milieux, afin que d’autres personnes aussi puissent répondre                       à l’appel de Dieu».
Quelques particularités du MC
          
            - La première est que le                       Mouvement des Cursillos n’a pas de fondateur proprement dit,                       mais plutôt des initiateurs, des promoteurs. Ils ont initié                       quelque chose, sous l’inspiration de l’Esprit que d’autres                       ont continué. «Il est difficile de parler de fondateur dans                       notre Mouvement. Celui-ci n’est pas né comme une réalisation                       pratique d’un projet qui aurait germé dans l’esprit d’une                       personne concrète, à la lumière de la foi, avec des visions                       surnaturelles, comme naquirent d’autres oeuvres de l’Église.                       Ce n’est pas une structure imaginée qui se remplit de vie                       par la suite. C’est la vie qui surgit par la force de                       l’Esprit et qui jaillit à travers des instruments dociles à                       son action. Et cela s’est produit de façon très ecclésiale,                       très communautaire, en reflétant la réalité intégrale de                       l’Église» (cf. J.A. Saiz Meneses).
 
- Une autre particularité du                       MC, est que les membres ne sont pas tels parce qu’ils                       s’inscrivent dans une association, mais par leur simple                       désir d’en faire partie, et aussi longtemps qu’ils le                       voudront.
 
 Les membres ne paient pas de quota, il n’y a pas                       d’inscription ni de désaffiliation. La participation est                       libre et ouverte à toute personne qui a fait l’expérience du                       Cursillo. La seule chose qui unit les membres au Mouvement                       est leur désir personnel d’en faire partie.
Les aspects négatifs d’être un                     Mouvement
          
            - La dernière particularité                       que nous avons mentionnée est précisément celle qui crée des                       difficultés pour nous faire entrer dans les cadres de la                       structure canonique et ecclésiastique. Le Droit Canon, en                       effet, ne mentionne jamais l’existence des Mouvements. D’où                       les problèmes rencontrés à Rome, actuellement, pour                       l’approbation du MC
 
- Une autre difficulté est                       la manière de nous organiser et de prendre des décisions,                       puisqu’il n’y a pas d’autorité suprême qui ordonne et                       commande, sinon celle de l’évêque dans son diocèse (voir les                       IFMC, # 153 et 592).
 
- Il y a également de                       nombreux problèmes économiques en n’ayant pas de quota                       règlementaire ni patrimoine accumulé.
 
- Enfin, le contrôle des                       publications imprimées ou électroniques devient pratiquement                       impossible. Le 11 juin 2003, en inscrivant le mot «Cursillos                       de Cristiandad» sur le moteur de recherche Google, on                       obtenait 2730 liens, et en espagnol seulement. Qui peut                       contrôler cela?
La grâce d’être un Mouvement
          
            - Sans doute, si nous sommes                       un Mouvement c’est un don de Dieu. Dieu a voulu - c’est un                       fait historique non discutable - que le Cursillo soit un                       Mouvement et non une association de fidèles ou une                       congrégation religieuse.
 
- Être Mouvement - malgré                       les particularités et les difficultés que cela comporte -                       est une grâce de Dieu dont nous devons prendre soin avec                       responsabilité.
 
- Depuis les origines, nous                       avons toujours été fiers d’être un Mouvement, et même si                       cela comporte certaines lacunes, nous voulons continuer de                       rester un Mouvement.
          5- Le charisme initial
          Je le répète, un Mouvement ne                     se fonde pas, il commence.
          
            Le mot fonder prend                       une connotation statique de solidité, d’établissement, alors                       que le mot initier parle des résonances dynamiques,                       de mouvement. Ce qui est fondé est quelque chose d’établi                       solidement. On ne dit pas: nous allons fonder un processus,                       mais nous allons initier un nouveau processus. Ce qui est                       initié, bien qu’ayant aussi un commencement dans le temps et                       une base sur laquelle appuyée son élan de départ, est                       quelque chose de plus dynamique, en perpétuelle croissance                       et évolution.
            
          Le Cursillo n’a pas de fondateur, ni                     de propriétaire, mais des promoteurs.
          
            - En effet, dans le MC,                       personne ne peut s’arroger - sans falsifier les faits - le                       charisme de fondateur. (Cf. Histoire de l’Église de                       Fliche-Martin, vol. XXX, p. 550-552).
 
- «C’est une spécificité du                       MC, c’est un fait qui le différencie des autres Mouvements                       et lui donne une particularité spéciale: être une oeuvre de                       l’Église dans son ensemble. Des laïcs, des prêtres et un                       évêque diocésain, dociles à l’action de l’Esprit saint,                       donnent naissance à une oeuvre de Dieu et de l’Église» (J.                       A. Saiz Meneses, op. cit. III, 2).
 
- Ce fait historique de ne                       pas avoir de fondateur proprement dit, implique                       nécessairement que dans le Mouvement des Cursillos, nous ne                       pouvons pas parler au sens strict de charisme de                       fondation.
 Il est vrai que dans les IFMC, cette expression apparaît une                       seule fois au # 354, au sujet de la révision des rollos,                       mais l’expression peut très bien être modifiée par                       charisme initial sans affecter aucunement le sens du                       paragraphe. (Nous avons là un exemple de quelques                       imprécisions du texte des IFMC qui sont dues                       vraisemblablement aux nombreuses mains qui sont intervenues                       dans la rédaction du volume et à la consigne de ne pas                       retoucher les textes originaux; voir à ce sujet la note de                       la première édition).
Le charisme initial du Mouvement des                     Cursillos.
          
            - Les IFMC affirment: «La                         mentalité est la clef qui explique le Mouvement. Elle                         répond à ce que nous sommes, à ce que nous faisons, et                         comment nous le faisons» (# 1).
 
- La mentalité est donc la                         cause de nos origines. Tout ce qui est essentiel dans le                         MC est envahi par sa mentalité. C’est elle qui donne la                         base pour juger la réalité, qui détermine la finalité et                         les moyens pour l’obtenir, lesquels se concrétisent dans                         la méthode et la stratégie (# 2).
 
- Précisément à cause de                         cela, nous devons tous être intimement unis dans la                         mentalité puisque c’est elle qui constitue ce qu’il y a de                         fondamental dans le Mouvement (# 3).
 
- Or, la mentalité                         comporte un noyau irréductible, original y vivificateur,                         qui l’identifie en quelque sorte, c’est le charisme                         initial. Et les IFMC définiront la mentalité comme étant                         «l’ensemble des critères, des convictions, des attitudes                         vitales et des options qui, étant donné les circonstances                         qui provoquent certains besoins, poussent à la création                         d’une oeuvre et façonnent son identité» (# 8).
 
- Pour sa part, l’abbé                         Sebastián Gayá définit le charisme initial comme étant le                         charisme des toutes premières années, celui qui est la                         cause des origines, celui qui exige la présence et                         l’action de l’Esprit, s’il veut être réellement «un                         instrument suscité par Dieu», selon le mot de Jean-Paul II,                         lors de la seconde Ultreya nationale de l’Italie (cf. Gayá,                         «54 temas sobre el MCC», Caracas, 1991).
 
- Comment l’Esprit a-t-il                         agi à l’origine du Mouvement? Écoutons un témoin de la                         première heure, Sebastián Gayá: «Discrètement,                         insensiblement, profitant des circonstances ou des                         événements, de quelques idées-force, de la chaleur des                         amitiés, qui nous poussent à faire quelque chose et                         deviennent peu à peu un engagement, une conviction                         partagée qui s’exprime dans des options de plus en plus                         claires et définies, sujettes au discernement. Nous                         ressentions vivement, comme en écho, les mots de Jésus:                         Duc in altum (Lc 5,4) et Majora videbis (Jn 1,45), le vent                         souffle où il veut (Jn 3,8)» (Gayá, ibid.).
 
- «À cause de cela - et                         pour rien d’autre - le charisme initial, ou la grâce des                         origines appuyée par l’effort des hommes, indépendamment                         des mains et des voix qui le transmettent, est quelque                         chose d’intangible dans sa substance, qui doit être                         accueilli avec humilité sincère et fidélité respectueuse,                         dans la joie de l’Esprit saint» (Gayá, ibid.)
Le P. Gayá énumère dix points essentiels sur                     lesquels s’appuie le charisme initial du MC, qui, selon lui,                     sont déjà contenus dans le livre «El como y el porqué», le                     premier volume publié près du berceau du Mouvement, quand on                     commençait à vivre le charisme initial:
          
            - La proclamation de                           l’essentiel du message chrétien, en d’autres mots, le                           kérygme.
 
- L’aspect                           christocentrique de cette proclamation.
 
- Le transmetteur du                           message ne le fait pas en tant que maître, mais en tant                           que témoin, à partir de son expérience de foi.
 
- Il s’engage à                           conformer sa proclamation à la doctrine du magistère                           (IFMC, # 610, 631ss).
 
- Il a l’intention ferme                           d’aider à provoquer, chez l’auditeur, le changement du                           coeur, la conversion.
 
- Le style-témoignage                           doit apparaître dans toutes les phases ou étapes du                           Mouvement.  «L’homme contemporain croie davantage dans                           l’expérience que dans la doctrine, dans la vie et les                           faits que dans les théories» (RMi, 42).
 
- Le climat joyeux,                           enthousiaste, plein d’espérance, non seulement dans                           l’exposition du message mais dans toutes les activités                           du Mouvement.
 
- Approfondir le mystère                           de la communion ecclésiale, suscitée, appuyée et nourrie                           par l’amitié en petits groupes.
 
- La fermentation                           évangélique des milieux dans lesquels Dieu nous a                           placés, de telle sorte qu’en découvrant et en                           développant sa vocation personnelle, le cursilliste                           s’engage à la réaliser dans les réalités temporelles.                           (Cf. ChL, 29).
 
- L’intime et                           chaleureuse collaboration du binôme sacerdoce-laïcat,                           sans les diluer ni les hypertrophier mais en                           reconnaissant la richesse de l’interrelation des divers                           ministères. «Le MC n’est pas un Mouvement de laïcs mais                           un Mouvement d’Église: prêtres et laïcs nous travaillons                           coude à coude. En tant que prêtres, nous ne venons pas                           seulement comme animateurs spirituels o comme des                           personnes venant de l’extérieur pour donner un coup de                           main aux laïcs. Nous sommes, nous les prêtres, membres                           du Mouvement et co-agents avec les laïcs» (Mgr José                           Capmany: Charisme et tradition dans le MC).
 
 Je me permets d’ajouter quelques points                           qui me semblent caractériser aussi le MC:
 
- La méthode inductive.                           Dans le MC en effet, on vit d’abord et ensuite on érige                           la théorie (cf. IFMC, # 17). «Dans le MC, la théorie                           naît de la réalité, c’est une formulation de vie: c’est                           ce qu’on appelle la méthode inductive» (IFMC, # 13 et                           170; voir aussi 37 et 539).
 
- Le caractère diocésain                           du Mouvement (IFMC, # 693; et aussi 590). Ce qui se                           manifeste de trois façons: la consultation de l’évêque                           pour l’implantation du Mouvement dans son diocèse,                           ensuite l’approbation par l’évêque des Règlements et                           Statuts qui est une garantie d’ecclésialité et une forme                           de protection des droits de la nouvelle association (cf.                           Conférence Épiscopale Péruvienne, Commission épiscopale                           de l’apostolat des laïcs); enfin, la remise d’un rapport                           régulier à l’Ordinaire du lieu.
 
- L’attention à la                           personne concrète. Chacun perçoit le message comme s’il                           lui était destiné personnellement, car il le reçoit par                           le truchement d’un témoignage personnel (cf. IFMC, # 167                           et aussi 313-318; 514 et 516). C’est l’un des objectifs                           du MC de faire découvrir à chacun sa vocation                           personnelle (IFMC, # 28, 34h, 74, 75-5, 128-134, 145,                           665, 668, 699).
 
- Son caractère pèlerin.                           Le MC est né d’un pèlerinage et il a conservé ce                           caractère. «Les Cursillos sont nés au sein du Conseil                           diocésain des Jeunes de l’Action Catholique. Durant                           plusieurs années, toutes les activités apostoliques se                           sont concentrées presque exclusivement à la préparation                           spirituelle du pèlerinage à Compostelle» (Mgr Juan                           Hervás: Los Cursillos, instrumento de renovación                           cristiana, p. 39; voir aussi: El como y el porqué, p.                           12).
 
          
          Conclusion
           Puisque le MC n’a pas de fondateur unique, mais un   groupe de promoteurs, on ne peut pas parler, en toute rigueur de terme, de   «charisme de fondation», mais bien d’un «charisme initial», ou «charisme des   origines», ou plus simplement du «charisme du Cursillo», reçu par les pionniers du Mouvement et partagé                     maintenant par tous ceux qui en font partie (cf. ChL, 24).
            Cette grâce de                     l’Esprit - ou charisme - n’est la propriété de personne                     d’autre que de l’Esprit et de l’Église en tant qu’animée de                     l’Esprit. C’est l’Esprit qui distribue cette grâce sur tous                     ceux qui travaillent dans le MC, en commençant évidemment par                     les propagateurs du début. C’est une grâce expansive sur                     toutes les personnes qui participent dans les différents temps                     et lieux du Mouvement (cf. Mgr José Capmany: Charisme et                     tradition dans le MC, Madrid, 1991).
           Le charisme initial                     du Mouvement se définit par sa mentalité, laquelle s’appuie                     sur les bases suivantes:
          
            - La proclamation kérygmatique de                       l’essentiel du message chrétien.
- Le christocentrisme dans la proclamation                       intégrale de la vérité évangélique.
- La proclamation faite sous forme de                       témoignage et non d’exposé magistral.
- Une proclamation qui interpelle afin de                       provoquer la conversion: être personne, être chrétien,                       occuper sa place dans l’Église.
- L’emploi du style-témoignage dans les                       trois phases du Mouvement.
- Le climat joyeux et plein d’espérance.
- L’amitié, source de communion et annonce                       de la vérité.
- Le sens de l’Église, Corps mystique du                       Christ.
- L’intime collaboration entre laïcs et                       prêtres ou religieux.
- L’attention personnelle aux individus en                       les aidant à découvrir - et en la respectant - leur vocation                       dans l’Église et le monde.
- L’implantation diocésaine au service de                       la pastorale des milieux.
- La création de petits groupes - ou noyaux                       de chrétiens - basés sur l’amitié.
- La fermentation évangélique des milieux.
- Le caractère pèlerin, c’est-à-dire                       inachevé, du Mouvement.
- La méthode inductive: de la réalité à la                       théorie.
 
          voir la suite: III. La fidélité au Mouvement