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Réflexion sur l'évangile du 12e dimanche ordinaire, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 


 



Mt 10, 26-33

Jésus disait aux douze Apôtres: «Ne craignez pas les hommes; tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu. Ce que je vous dis dans l’ombre, dites-le au grand jour; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l’âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. 

«Est-ce qu’on ne vend pas deux moineaux pour un sou? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez donc sans crainte: vous valez bien plus que tous les moineaux du monde. 

«Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux.»

 

12e dimanche ordinaire - A

photo du Père Allard


"Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes, moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père"

 

Ça prend du courage pour se déclarer chrétien et vivre le message du Christ dans notre vie de tous les jours. Ceci était vrai au temps des apôtres et c’est vrai pour nous aujourd’hui. 

Il y a quelques semaines, une vieille dame me disait: « Pour moi, c’est important de pratiquer ma religion. Je vais à la messe régulièrement, j’aide les autres lorsque je peux le faire, je prie tous les jours. Mes propres enfants ne comprennent pas cela. Ils me disent: < Qu’est-ce que ça te donne d’aller à l’église le dimanche. Reste à la maison et repose-toi. Ces histoires de religion, ce sont des sornettes du Moyen Âge >... Mes enfants ne me respectent pas assez pour me laisser vivre ma foi en paix! Ça me fait tellement de peine. » 

Le Christ nous dit aujourd’hui : «N’ayez pas peur de vous déclarer chrétiens.» Ça prend du courage pour répondre à cette invitation du Seigneur. 

Il y a quelques années, j’ai rencontré un groupe d’étudiants universitaires européens qui se disaient ouvertement être des « catholiques pratiquants ». À travers nos échanges, je leur posai la question suivante: « Quelle est la qualité ou la vertu que vous admirez le plus chez une personne? » Leur réponse m’a un peu surpris. Ils me dirent que pour eux, la qualité la plus importante était «le courage». Et ils donnèrent l’exemple de Martin Luther King, Nelson Mandela, Desmon Tutu, Mgr. Romero et quelques autres qui avaient eu le courage de leurs convictions. 

Comme notre discussion avait comme point de départ « les valeurs chrétiennes », une des jeunes étudiantes ajouta que le Christ nous fournissait le plus bel exemple de courage que nous puissions trouver. Il aurait pu dire ce que ses adversaires religieux et politiques voulaient entendre et il aurait évité la peine capitale et la croix. 

Après la rencontre, j’ai relu les évangiles avec cette idée en tête et j’ai découvert le courage exceptionnel du Christ face à l’opposition de sa famille, de ses disciples, des scribes, des pharisiens et des politiciens de son temps. Lorsque la police du Temple est venue pour l’arrêter, tous ses disciples ont pris la fuite, mais le Christ a refusé d’être intimidé. Il n’est pas facile de faire face à la violence et à l’intimidation. 

Je me souviens de l’histoire de Philippe II, roi de Macédoine et père d’Alexandre le Grand (4e s. avant Jésus Christ). Il avait l’habitude de prendre par la force ce qu’il ne pouvait obtenir par la diplomatie. Il avait soumis toutes les villes de Grèce, sauf la ville de Sparte. Il envoya un message sans équivoque à cette ville récalcitrante : « Vous devez vous rendre immédia-tement! Si j’envahis votre territoire avec mes armées, je brulerai vos récoltes  et détruirai vos maisons. Je tuerai tous ceux qui s’opposent à ma gouvernance. » 

La réponse de la ville de Sparte ne contenait qu’un seul mot, pris du message belliqueux de Philippe: « Si! » Le roi de Macédoine comprit que les citoyens de Sparte refusaient d’être intimidés et  il les laissa en paix. 

Winston Churchill, dans l’une de ses allocutions, déclara que sans le courage, toutes les autres vertus perdent leur valeur. 

Pas besoin de diplôme universitaire pour pratiquer cette vertu. Tous peuvent le faire, jeunes et vieux, scolarisés et analphabètes. Certaines personnes la maîtrise plus facilement que d’autres parce qu’ils en font usage plus souvent. Le courage est semblable à un muscle : plus nous l’utilisons, plus il prend de la force. 

Mahatma Gandhi a écrit une très belle page sur le courage dans l’action : «Ce n’est pas celui ou celle qui critique qui est important, mais la personne dans l’arène, celle qui se bat et qui transpire. Il est vrai que dans le feu de l’action, on prend parfois des mauvaises décisions. Mais malgré ces erreurs, ce n’est pas la personne qui regarde le spectacle qui compte, ni celle qui passe ses commentaires, souvent désobligeants, mais la personne qui s’efforce d’agir avec courage. » Ghandi a raison... Il est toujours facile de critiquer, surtout lorsque nous ne sommes pas obligés de nous engager, mais c’est la personne dans le feu de l’action qui compte. 

Le courage ne veut pas dire absence de peur. Ça veut dire faire ce que nous croyons être juste, malgré les peurs qui nous habitent. Une affiche indiquant «danger en avant», ne nous invite pas à nous arrêter, mais à avancer avec prudence. 

Nous avons plein d’exemples, dans l’histoire de l’Église, de gens courageux. L’archevêque Oscar Romero a été mitraillé par les militaires du Salvador pendant qu’il célébrait la messe, parce qu’il défendait le droit des pauvres du pays. Quelques années plus tard, les mêmes militaires ont trainés six Jésuites de leurs lits, pendant la nuit, pour les fusiller devant l’édifice principal de l’Université. Ces Jésuites avaient luttés pour que les paysans du pays obtiennent justice face à la classe dirigeante. Ils avaient attiré l’attention sur les injustices perpétrées par les puissants envers les pauvres et les sans-pouvoir. Pendant cette période, plus de 75,000 personnes ont été massacrées dans ce seul petit pays d’Amérique centrale. Plusieurs dignitaires religieux ont été complices de ces atrocités en s’attaquant aux chrétiens qui défendaient le droit des pauvres. 

En tant que disciples du Christ, nous devons refuser d’être intimidés par ceux et celles qui utilisent les structures du pouvoir pour couvrir leurs actions malhonnêtes.  

Chacun de nous est appelé à être témoin des valeurs évangéliques par nos paroles et nos actes. En faisant cela nous pouvons devenir « signe de contradiction » dans nos familles, nos écoles, notre lieu de travail, dans nos relations avec les autres. Ceci demande du courage et de la détermination.
 

 «Celui qui se prononcera pour moi devant les hommes,
moi aussi je me prononcerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux.»