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Réflexion sur l'évangile du 32e dimanche ordinaire, A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

Jean 2, 13-22

Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de boeufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs boeufs; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes: «Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic.» Ses disciples se rappelèrent cette parole de l’Écriture: L’amour de ta maison fera mon tourment.
Les Juifs l’interpellèrent: «Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais ici?» Jésus leur répondit «Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai.» Les Juifs lui répliquèrent: «Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais!»
Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps. Aussi, quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela; ils crurent aux prophéties de l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

32e dimanche ordinaire - A

photo du Père Allard


9 novembre - Dédicace de la basilique de S.Jean de Latran


"Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic"

 

Le 9 novembre, la liturgie de la Dédicace de la basilique S. Jean de Latran remplace les textes du 32e dimanche ordinaire. Cette basilique, construite par l’empereur Constantin en l’an 320, a été qualifiée, à travers les siècles de « Mère de toutes les églises de Rome et du monde ».

Un peu d’histoire nous aideront à comprendre l’importance de cette fête.

Pendant les premiers siècles, l’Église des origines célébrait ses eucharisties dans les maisons privées et dans les catacombes. Les chrétiens étaient persécutés et considérés comme des ennemis de l’Empire romain. Aucune basilique, cathédrale, ou temple ne pouvait être construit pendant cette période.

Le 28 octobre 312, Constantin, vainqueur de l’empereur Maxence, entra triomphalement dans la ville de Rome. Quelques mois plus tard, par l’Édit de Milan, il ordonna que cessent les persécutions envers les chrétiens. Sa mère, Ste. Hélène, devint une fervente chrétienne et Constantin lui-même fut baptisé vers la fin de sa vie.

Constantin et sa mère vivaient dans un palais qui avait appartenu à la famille Laterani. Il donna à l’Église ne partie de son palais.

Pendant son règne, l’empereur fit construire huit églises, quatre dans la ville de Rome et quatre dans les villages environnants.Avant de faire ériger la basilique de St-Pierre au Vatican, Constantin éleva celle du Latran sur l’emplacement de la caserne des gardes du corps de Maxence. Il détruisit ainsi un témoignage de la grandeur de son ennemi et réaffirma sa volonté de donner au christianisme une structure sociale très visible. S. Jean de Latran était la première église construite à Rome et fut dédiée au Christ Rédempteur et à S. Jean Baptiste, d’où le nom de S. Jean. On y ajouta aussi un palais pour le Pape et un baptistère de grande dimension.

À partir de ce moment, le Latran devint la résidence officielle des Papes et le demeura pendant près de mil ans, jusqu’au départ de la Papauté pour Avignon, en 1309. Quelque soixante ans plus tard, en 1377, lors du retour des Papes à Rome, ceux-ci décidèrent de s’installer au Vatican, pour des raisons de sécurité.

À travers les siècles, quelques-uns des conciles les plus déterminants de l’histoire de l’Église se déroulèrent dans le palais ou dans la basilique du Latran.

Nous célébrons donc en cette fête la « mère de toutes les églises ». Aujourd’hui encore, S. Jean de Latran est la cathédrale officielle de l’évêque de Rome (le Pape), le symbole de notre chrétienté.

En cet anniversaire, la liturgie met l’accent sur deux points importants : le respect dû à la maison de Dieu et le caractère sacré de ceux et celles qui se réunissent dans cette maison.

Dans l’évangile, Jésus chasse les vendeurs du Temple et nous rappelle le respect que nous devons avoir pour la maison de Seigneur : « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic ».

Mais ce qui donne un caractère sacré au temple ou à la basilique S. Jean de Latran, ce ne sont pas les pierres, les briques et le mortier mais les gens qui s’y réunissent. Nous sommes « le  temple de Dieu », dit S. Paul, et la basilique du Latran représente notre identité en tant qu’Église, en tant que Corps du Christ.

Dans notre vie, il y a des objets, des gestes et des personnes qui sont sacrés : « Le pain, c’est sacré », disait mon grand-père. Spontanément on ne fait pas de mal aux petits enfants, on protège les personnes âgées, on ne touche pas à la famille : c’est sacré !

Nous célébrons donc aujourd’hui le symbole de toutes les églises, de tous les temples de Dieu et le respect que l’on doit à ces lieux de rencontre.

Nous célébrons aussi notre communauté chrétienne, qui est appelée à être «parfaite comme notre Père céleste est parfait». Ensemble, nous formons l’Église, nous sommes un endroit de refuge contre les peurs et les angoisses du monde. Ensemble nous sommes un peuple d’amour dans un monde de violence et de cupidité.

Nous sommes le Corps du Christ, le Temple de Dieu