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Réflexion sur l'évangile du 12e dimanche ordinaire, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Luc 9, 18-24

Un jour, Jésus priait à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : «Pour la foule, qui suis-je?» Ils répondirent : «Jean Baptiste; pour d’autres, Élie; pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité.» Jésus leur dit: «Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?» Pierre prit la parole et répondit : «Le Messie de Dieu.» Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant : «Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite.» Jésus disait à la foule : «Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera.»

12e dimanche ordinaire - C

photo du Père Allard


Pour vous, qui suis-je?

Ce qui est important dans le texte d’aujourd’hui, ce n’est pas la réponse de Pierre, mais la parole de Jésus : “Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les Anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour il ressuscite. »

Le Christ sera vainqueur mais ce ne sera pas une victoire de guerrier, une victoire du plus fort, de celui qui a le plus de moyens, mais une victoire de l’amour. Le Dieu qui vient parmi nous est un Dieu qui aime jusqu’au bout et qui est prêt à subir les conséquences de son engagement. «Celui qui veut sauver sa vie, la perdra; mais celui qui perdra sa vie pour moi, la sauvera.» Voici le paradoxe. Ce qu’il y a de plus important, c’est d’aimer, et l’amour n’est pas bon marché, il coûte cher.

Le Christ n’a pas voulu la croix, il a voulu l’amour. Il a voulu un monde meilleur, une religion qui respecte les personnes qui prend parti pour les rejetés de la société (prostituées, publicains, samaritains, lépreux, malades…). Parce qu’il a choisi cette option, on l’a condamné.

Pierre réprimande Jésus en lui disant qu’il ne peut pas souffrir comme un criminel condamné à mort. Et Jésus lui répond : «Tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu mais celles des hommes!» Le Christ sera un messie qui aime les gens, qui partage leur douleur, qui passe sa vie à faire du bien, à guérir, à pardonner, à réintégrer dans la société ceux et celles qui sont mis de côté. Et parce qu’il fait cela, avec un amour qui va jusqu’au bout, il devra souffrir, être rejeté et condamné.

Le règne de Dieu sera fondé sur l’amour et non sur la force. Et le Christ ajoute qu’il en sera ainsi, non seulement pour lui, mais pour chacun et chacune d’entre nous : « Si quelqu’un veut venir derrière moi, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. »

Le Christ veut nous donner un coeur nouveau, un esprit nouveau, un idéal nouveau, une vie nouvelle : « Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai. Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’ôterai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois.» (Ézéchiel 36, 25-27)

croixPour suivre le Christ, les disciples doivent accepter le mystère de la croix, aussi bien dans la vie de Jésus que dans leur propre vie. Si nous vivons avec amour, la croix fera partie de notre quotidien… Aucun projet valable ne peut réussir sans que nous soyons prêts à en payer le prix, à sacrifier quelque chose pour y arriver :

- Ceci est vrai lorsque nous acceptons de nous engager dans une relation d’amour;
- lorsque nous décidons de vivre une vie de famille accueillante;
- lorsque nous voulons poursuivre des études, ou faire carrière;
- lorsque nous acceptons d’être honnête en affaires, de respecter l’opinion des autres en politique et en religion;
- lorsque nous décidons de nous occuper de nos vieux parents;
- lorsque nous voulons partager une partie de nos biens avec les personnes qui en ont plus besoin que nous.

Tout geste d’amour comporte un oubli de soi qui permet de partager avec les autres. La croix n’est pas un principe de résignation, mais un désir véritable d’aimer. La croix devient ainsi un instrument de transformation, de fraternité, de partage, de joie, de réconciliation.

Quelle est la croix que je pourrais porter par amour cette semaine?

Si ça fait des mois, des années que je ne parle plus à telle personne, je rechercherai activement la réconciliation;
- Si j’ai un problème d’alcoolisme, je le reconnaîtrai et chercherai de l’aide;
- Si j’ai l’habitude de démolir les autres par des  remarques désobligeantes, je maîtriserai sa langue;
- Si j’ai tendance à ne penser qu’à moi, je prendrai le temps de visiter quelqu’un qui souffre de solitude.
- Etc., etc.

Le Christ n’a pas voulu la croix, il a voulu l’amour. Il a voulu un monde meilleur, une religion qui respecte les personnes qui prend parti pour les rejetés de la société (prostituées, publicains, samaritains, lépreux, malades…). Parce qu’il a choisi cette option, on l’a condamné.

«Celui ou celle qui veut me suivre, qu’il ou qu’elle prenne sa croix et se mette au service de l’amour.»

Le Christ nous pose la question aujourd’hui : pour vous, qui suis-je? Plus nous saurons qui est le Christ, plus nous comprendrons ce qui le motive... et plus nous serons en mesure de le suivre et de l’imiter.