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Choix de textes sur la prière

Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église

Benoit XVI

Prière de Jésus lors de la Dernière Cène

 

Catéchèse de Benoît XVI sur la prière
l'école de prière (*) - no 18

 

Chers frères et sœurs,Détail de la dernière Cène de Léonard de Vinci

Dans notre chemin de réflexion sur la prière de Jésus, présentée dans les Evangiles, je voudrais méditer aujourd’hui sur le moment, particulièrement solennel, de sa prière lors de la Dernière Cène.

L’arrière-fond temporel et émotionnel du repas au cours duquel Jésus prend congé de ses amis, est l’imminence de sa mort, qu’il sent désormais proche.

La vie du peuple était marquée par l’approche de la Pâque,
c’est-à-dire par le mémorial
de la libération d’Israël
de l'Égypte.

Depuis longtemps, Jésus avait commencé à parler de sa passion, en cherchant aussi à faire entrer ses disciples dans cette perspective. L’Evangile selon Marc raconte que depuis le départ pour le voyage vers Jérusalem, dans les villages de la lointaine Césarée de Philippe, Jésus avait commencé à « leur enseigner que le Fils de l’homme devait beaucoup souffrir et être rejeté par les Anciens, les chefs des prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter » (Mc 8,31). En outre, justement au cours des jours où il se préparait à dire adieu à ses disciples, la vie du peuple était marquée par l’approche de la Pâque, c’est-à-dire par le mémorial de la libération d’Israël de l’Egypte. Cette libération, expérimentée par le passé, et attendue de nouveau pour le présent et l’avenir, revivait dans les célébrations familiales de la Pâque. La Dernière Cène s’inscrit dans ce contexte, mais avec une nouveauté de fond : Jésus regarde sa Passion, Mort et Résurrection, en en étant pleinement conscient. Il veut vivre cette Cène avec ses disciples, avec un caractère tout à fait spécial et différent des autres repas : c’est sa Cène au cours de laquelle il donne Quelque chose de totalement nouveau, Lui-même. De cette façon, Jésus célèbre sa Pâque, anticipe sa Croix et sa Résurrection.

Jésus entend inaugurer
quelque chose de nouveau,
célébrer sa Pâque,
certes, liée aux événements
de l’Exode.

Cette nouveauté est mise en évidence par la chronologie de la Dernière Cène, dans l’Evangile de Jean, qui ne la décrit pas comme le repas pascal, justement parce que Jésus entend inaugurer quelque chose de nouveau, célébrer sa Pâque, certes, liée aux événements de l’Exode. Et pour Jean, Jésus est mort sur la croix justement au moment où l’on immolait les agneaux de la Pâque dans le Temple de Jérusalem.

Quel est donc le noyau de cette Cène ? Ce sont les gestes - de rompre le pain, de le distribuer aux siens, et de partager la coupe du vin - avec les paroles qui les accompagnent et dans le contexte de prière où ils se situent : c’est l’institution de l’Eucharistie, c’est la grande prière de Jésus et de l’Eglise. Mais regardons ce moment de plus près.

Jésus rendit grâce Prenant le pain,
Jésus rendit grâce,
et prononça la bénédiction.

Avant tout, les traditions du Nouveau Testament de l’Institution de l’Eucharistie (cf. 1 Co 11,23-25; Lc 22, 14-20; Mc 14,22-25; Mt 26,26-29), indiquant la prière qui introduit les gestes et les paroles de Jésus sur le pain et le vin, utilisent deux verbes parallèles et complémentaires. Paul et Luc parlent d’eucharistie/action de grâce : « Il prit le pain, rendit grâce, le rompit et le leur donna » (Lc 22,19). Marc et Matthieu, au contraire, soulignent l’aspect d’eulogie/bénédiction : « Il prit le pain, et prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna » (Mc 14,22). Les deux termes grecs « eucharistein » et « eulogein » renvoient à la « berakha » juive, c’est-à-dire à la grande prière d’action de grâce et de bénédiction de la tradition d’Israël, qui inaugure les grands repas. Les deux mots grecs indiquent les deux directions intrinsèques et complémentaires de cette prière. En effet, la « berakha » est avant tout action de grâce et louange qui monte vers Dieu pour le don reçu : au cours de la Dernière Cène de Jésus, il s’agit du pain – élaboré à partir du froment que Dieu fait germer et croître dans la terre –, et du vin – produit par le fruit mûri sur les vignes. Cette prière de louange et d’action de grâce qui s’élève vers Dieu retourne en bénédiction, qui descend de Dieu sur le don et l’enrichit. Le fait de remercier, de louer Dieu devient ainsi bénédiction, et l’offrande donnée à Dieu retourne à l’homme bénie par le Tout Puissant. Les paroles de l’institution de l’Eucharistie se situent dans ce contexte de prière : en elle, la louange et la bénédiction de la « berakha » deviennent bénédiction et transformation du pain et du vin en Corps et Sang de Jésus.

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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le dix-huitième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.

Source du texte: Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 11 janvier 2012,
Source des images:
Dernière Cène: détail du tableau de Léonard de Vinci; Jésus rendant grâces: Gatways to Joyhaut