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La foi en action
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Comment participer à la nouvelle évangélisation?

Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église!

L'évangélisation par l'amitié

Comment partager sans imposer et entrer en relation sans manipuler? * C'est le sujet traité par David Bornand un jeune suisse évangéliste sur le site GBEU - Groupes Bibliques des Écoles et Universités de Suisse Romande.

 

L'évangélisation personnelle
ou évangélisation par l'amitié


Lorsqu'on entend « évangélisation par l'amitié » dans un contexte francophone, il y a quelquefois des réactions assez réticentes : « Moi, je n'utiliserais jamais une amitié pour fourguer mon message ! ». Il ne s'agit pas de ça, Dieu merci. L'Evangile ne doit pas être annoncé avec des méthodes manipulatoires.

L'expression friendship evangelism passe mieux en anglais, en partie parce que la notion d'amitié est différente. En Suisse, on considère que l'amitié est une relation très privilégiée : j'ai beaucoup de potes, mais 3-4 amis seulement. Dans les pays anglo-saxons, l'amitié est plus large (moins profonde souvent) et parler de friendship evangelism est simplement dire que nous désirons partager l'Evangile dans le cadre d'une relation. Comme on parle français dans ce beau pays et qu'il n'y a pas de marque déposée, nous parlerons d'évangélisation personnelle.

Un exemple frappant des possibilités de cette manière de vivre (plutôt que méthode) est offert par le travail de Floyd McClung à Amsterdam parmi les prostituées du Red Light District. Entrer en relation, c'est autre chose qu'asséner de l'extérieur la vérité sans se préoccuper de l'interlocuteur.

1. Questions de base

Qui ?

Nous sommes tous concernés par l'annonce de l'Evangile. Dieu cherche des gens qui travaillent avec lui, car nous sommes le moyen qu'il a choisi pour amener les gens à le connaître. La question qu'il pose à Esaïe reste d'actualité : « Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous? » (Esaïe 6,8).

Comme chrétiens, nous sommes ambassadeurs pour Christ (2 Corinthiens 5,20 ; les versets 16 à 21 méritent un détour). Nous avons cette dignité et cette autorité de représenter Christ. Le succès n'est pas notre problème : nous devons simplement transmettre le message que nous avons reçu. Tout chrétien est concerné, pour aller dans le monde entier, y compris chez lui (Matthieu 28,19).

Il n'y a pas de quoi avoir honte de la Bonne Nouvelle, car elle est précisément une bonne nouvelle, ce dont nos amis, nos potes, nos connaissances ont besoin (Romains 1,16). Mais « Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru? Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche? » (Romains 10,14). Ces questions sont pertinentes.

Arrêtons-nous un instant pour réfléchir à notre position d'ambassadeurs et à ce que nous avons : en quoi ce message et cette puissance de Dieu pourraient-elles être utiles aux gens que nous connaissons ?

Pourquoi ?

« Parce qu'il le faut » n'est pas une réponse suffisante. Ce n'est pas à cause d'une contrainte extérieure, mais à cause de notre position de chrétiens (Jean 20,21). Nous avons reçu la lumière dans un monde de ténèbres et nous sommes devenus des enfants de Dieu (Jean 1,5 et 12). Il serait égoïste de la garder pour nous, alors que nous pouvons être des flambeaux (Philippiens 2,15-16)…

Partager l'Evangile, c'est proposer aux gens quelque chose dont ils ont besoin, même s'ils ne s'en rendent pas compte. S'ils ne veulent pas l'accepter, c'est leur problème. S'ils n'en ont pas entendu parler à cause de nous, c'est notre problème.

Comment ?

« Va avec la force que tu as », disait Dieu à Gédéon (Juges 6,14). Ce n'était pas un homme très fort, ni très courageux. Avec cette force que Dieu lui avait donnée, il a pourtant vaincu adversaires et difficultés. Dieu n'a pas besoin de gens grands, forts, intelligents ; il agit au travers de ceux qui se mettent à son service et à son écoute (2 Corinthiens 12,9).

Attendre de pouvoir avoir réponse à tout, c'est attendre la fin des temps. On peut peut-être y aller avant, non ? Quand il parle de persécutions, Jésus affirme que les réponses seront données sur le moment, pas avant (Matthieu 10,19-20). Et si c'était aussi le cas pour nous, sans la persécution ?

La formation, comme un diplôme de théologie, n'est pas indispensable ; connaître Dieu l'est bien plus. La formation est continue, c'est l'ensemble de notre vie avec Dieu. Cela ne veut pas dire qu'il faut négliger de nous former, mais l'essentiel est ailleurs. Un des grands théologiens de l'histoire disait « Celui qui prie est un théologien » (Grégoire de Nysse) ; en es-tu un ?

La relation de confiance avec la personne te permet de dire ce que tu vis, ce que tu connais personnellement de Dieu, sans devoir gagner une bataille d'arguments. C'est un partage, pas un combat.

2. Moi

Mes dons et mes aptitudes

Chacun a des dons et des contacts dans des domaines très différents. Il ne sert à rien de vouloir partager sa foi dans un chœur mixte si on déteste chanter. Si on partage une passion avec des potes, on est dans un rapport de confiance qui nous permet de nous intéresser aux autres.

Quels sont les cercles que je fréquente (club de sport, groupe de musique, amis, etc, la liste potentielle est longue) ? Quelles sont mes aptitudes personnelles (jongler, faire la cuisine, connaître les estampes japonaises, jouer au jass, etc) ? Quels espaces ces domaines ouvrent-ils où je peux annoncer une Bonne Nouvelle ? Est-ce que je me mets à disposition de Dieu avec tout ce que je suis ? Suis-je « chrétien là où je suis » ? Il vaut la peine de t'arrêter pour répondre à ces questions, seul ou avec des gens qui te connaissent bien. A plusieurs, certaines personnes t'aideront à découvrir des choses dont tu n'as même pas conscience.

Quelles sont les aptitudes requises par Dieu ?

  • L'amour, dont découlent toutes les autres. Il ne s'agit pas de fourguer de force un contenu quelconque, mais d'offrir à l'autre, avec désintéressement. Pour le résumer : pour lui, pas pour moi…
  • La prière, pour le salut de l'autre, mais aussi pour ses besoins.
  • Une relation ; apprendre à connaître et à apprécier l'autre.
  • La disponibilité : donner du temps. Il n'y a rien de pire que celui qui dit « J'ai eu un excellent ‘contact' mais ça fait deux semaines que je ne l'ai plus vu. J'étais trop occupé avec l'église / le groupe de jeunes / le groupe de prière / le groupe d'évangélisation / les scouts. »
  • Le réalisme.

Mes blocages

Il y a une certaine crainte du témoignage qui traîne dans les milieux chrétiens. Il ne sert à rien de la nier : tous à un moment ou à un autre, nous avons un problème lorsqu'il s'agit de partager l'Evangile. En plus des blocages personnels, il y a un obstacle spirituel qui est bien réel. Dieu peut nous aider à le surmonter, pour autant que nous le lui demandions.

Un certain nombre de blocages peuvent survenir. En voici une liste non exhaustive

  • Non-cohérence entre actes et paroles : c'est pas bien, mais nous sommes tous pécheurs. Que fais-tu pour que ce décalage ne soit pas trop criant ?
  • Manque de confiance en soi.
  • Manque de confiance en Dieu.
  • Peur de ne pas pouvoir répondre.
  • Découragement.
  • Timidité.
  • Crainte de détériorer la relation.
  • Schéma de pensée de la société qui est un obstacle à l'Evangile.
  • Peur de se dévoiler : dans notre culture très axée sur la sphère privée, cette crainte est réelle. C'est un des endroits où l'Evangile nous fait aller à contre-courant, situation peu confortable.

Que faire avec ces obstacles ? D'abord reconnaître qu'ils sont bien réels. Il ne sert à rien de les nier! Ensuite, ne pas forcer les choses, demander des occasions à Dieu et essayer de les saisir. Mon expérience est qu'il en donne plus que nous ne pourrions saisir. Il donne toute chose avec abondance (1 Timothée 6,17) et ne cherche pas la rentabilité.

3. L'autre

  • Connaître sa vie et s'y intéresser. Il le mérite largement, même d'un point de vue humain.
  • Connaître ses besoins. Il y a des besoins très différents les uns des autres : besoins physiologiques, besoin d'amour et d'affection (l'un de nos plus grands : on met un nombre immense de masques pour se faire accepter), besoin d'estime et de respect (impression d'exister pour quelqu'un, valeur), besoin d'un sens à sa vie (ce qui motive exploits et recherche de hautes positions).
  • Connaître ses blocages. Impossible d'avancer s'il ne les dépasse pas ; ils ne sont pas toujours apparents, ni pour moi ni pour l'autre.
  • Connaître ses questions. Parmi les questions éternelles (souffrance, etc), lesquelles sont ses questions.

Toute relation nécessite un intérêt pour l'autre. En tant que chrétiens, notre intérêt vient du fait que cette personne en est digne, quelle qu'elle soit : elle est créée à l'image de Dieu et Jésus est mort pour elle. Un intérêt qui n'aurait que pour but de la convertir (prosélytisme) méprise ces faits : dès qu'on est dans ce schéma, on n'est plus dans l'Evangile !

4. Communiquer

Communiquer, c'est mettre en commun, l'autre et moi ! Il est important pour cela de construire une relation, dont un amour gratuit est la base. La relation est le cadre où je peux partager l'Evangile, mais sa raison d'être n'est pas ce partage !

Prier

Prier pour soi, pour surmonter mes problèmes et mes craintes, savoir saisir les occasions et avoir un amour vrai. Prier pour l'autre, pour que l'esprit Saint prépare son coeur et pour ses blocages.

Construire une relation

On ne s'intéresse pas à l'autre rien que pour le convertir, comme ça a déjà été fait bien souvent. Il faut que la relation compte pour nous, sinon ça ne vaut pas la peine de commencer.

Disponibilité

Jésus était disponible à tout moment. Sans espérer atteindre cet idéal, on peut toujours dire à la personne qu'elle compte (ça fait tellement bien de l'entendre soi-même aussi) : non, elle ne dérange pas ; oui, elle a de la valeur qui permet de la préférer à d'autres activités.

Sincérité

La sincérité est indispensable à une relation de confiance. Comme le disait un auteur français, « Sans liberté de blâmer, il n'y a pas d'éloge flatteur ». Il n'est pas nécessaire de blâmer, mais l'hypocrisie est mortelle pour toute relation. Attention à ne pas oublier d'être sincères aussi avec nos actes (tout est-il vraiment beau avec Jésus ?).

Réalisme

Rester au courant de ce qui se passe sur notre planète. Regarder la réalité de l'autre en face, c'est refuser de se placer 3 niveaux au-dessus de lui, de ses joies et de ses peines, de ses idées et de son histoire. Les chrétiens sont un peu des extraterrestres dans notre culture, mais il nous appartient de nous mettre au diapason de l'autre ; nous sommes dans le monde, sans être du monde. Cela implique de s'intéresser aux autres philosophies et spiritualités et, pourquoi pas ?, de se spécialiser.

Ecoute

L'écoute, ce n'est pas penser à ce que je vais répondre pendant que l'autre parle. J'ose l'écouter jusqu'au bout, tant pis pour ma peur de ne pas savoir que dire ou mon envie de répliquer tout de suite (Proverbes 15,28…).

L'écoute, ce n'est pas préjuger la réponse de l'autre. Je ne l'enferme pas dans un schéma et je suis prêt à lui demander des explications.

L'écoute, c'est accorder de l'importance à l'autre.

L'écoute, c'est accepter l'autre sans le juger. Je ne suis pas là pour le modeler à mon image, tout au plus puis-je lui présenter un Ami qui lui demandera de changer, à Son image.

L'écoute, c'est aider l'autre à se comprendre. En écoutant et en posant des questions, je peux aider l'autre à nommer des problèmes et à découvrir de nouvelles dimensions.

Est-ce que tu connais quelqu'un qui t'écoute ? Peux-tu prendre exemple sur lui/elle

Remise en question

Toute relation amène l'autre à se remettre en question. Cerner avec lui sa vision du monde lui permet de voir ses failles et ses vérités. Est-elle vivable ? Reflète-t-elle le monde ? On peut se poser beaucoup de questions à ce sujet. Il s'agit d'accompagner l'autre dans cette démarche, mais aussi d'être prêt à la vivre. Je ne peux pas demander à l'autre quelque chose que je ne veux pas faire. Il ne s'agit pas de balancer notre foi aux orties (voir le point 6), mais de voir en quoi notre vision du monde reflète vraiment la Bible et est vraiment pertinente dans notre monde. Comme la Bible est la Parole de Dieu, elle ne risque pas grand-chose ; mais notre vision du monde peut avoir des défauts…

Il s'agit d'être prêt à présenter l'Evangile, au moment opportun (qui peut être n'importe lequel). Comment expliquerais-tu l'Evangile en français courant ? Il est bon d'avoir les idées claires pour pouvoir expliquer clairement…

Certaines personnes aiment avoir un schéma, soit 4-5 affirmations, soit une image (judiciaire, de sacrifice, etc). C'est une idée, mais attention à ne pas t'enfermer dans le schéma d'autrui… Certaines questions (pièges) reviennent régulièrement : la souffrance, les guerres de religion, quid des autres religions, etc. Il faut savoir y répondre, fût-ce par un « je ne sais pas ! ». Dans certains cas, ces questions reflètent une vraie recherche et, dans d'autres, elles ne sont qu'un paravent jeté à la tête du chrétien pour éviter de parler d'autres choses. Avec tact, il est alors permis de demander à quoi correspond ce petit jeu (danse des éventails ?). Colossiens 4,6

Amener à Christ

Eh oui, ça peut arriver de temps à autre, même dans notre monde. Il serait stupide de tout gâcher à ce moment-là en ne sachant pas répondre. Alors que ferais-tu ? Es-tu au clair sur le salut ? Il faut être au clair soi-même pour êtr au clair avec l'autre. Il y a un prix à payer (La grâce est gratuite, pas à bon marché, disait Dietrich Bonhoeffer, théologien allemand exécuté par les nazis). Sois sincère sur les conditions : être chrétien, c'est aussi une exigence

5. Le suivi

La relation continue, ce n'est pas « au suivant ! ». Que la personne se soit convertie ou pas, la relation peut continuer. Si elle a décidé de vivre avec Dieu, elle a encore beaucoup de choses à apprendre ; aide-la à les découvrir par elle-même. Introduis-la dans une église ou un groupe de jeunes, sans la larguer dans un milieu où elle ne connaît personne.

N'oublie pas de rester disponible et d'être prêt à passer du temps pour répondre à des questions. C'est sur le suivi que beaucoup de chrétiens ratent leurs relations avec des non-chrétiens

6. Etre enraciné dans la Bible

C'est important !!! Ne te néglige pas, garde ta relation avec dieu au premier plan et nourris-la. Ne la mets pas en danger, surtout si tu discutes avec un tas de gens de spiritualités différentes. La vérité ne naît pas du dialogue (plus petit commun dénominateur) mais de la révélation de Dieu par Lui-même.

Reste attaché à la Bible pour connaître Dieu de plus en plus ; tu apprendras énormément avec tes relations mais reviens toujours à la Bible. D'ailleurs l'interaction avec des non-chrétiens a souvent pour effet de nous permettre de mieux charpenter notre foi : ils ne se contentent pas d'approximations ! Profite de leurs interpellations pour t'enraciner dans la Parole de Dieu. Le reste vient en plus.

7. Conclusion : remotivation

Il est inutile de se laisser démotiver par les occasions qu'on ne saisit pas : Dieu en donnera d'autres. Ce n'est pas pour inciter la paresse, mais il y a de quoi faire.

Certaines attitudes ont tendance à démotiver, en particulier.

1. Marcher au succès : tant qu'y en a, ça va ; quand y'en n'a plus, rien ne va plus.

2. Marcher au devoir : il faut évangéliser. Quand on se sent obligé de partager l'Evangile, ça se ressent. D'ailleurs, 1 Jean 4,18.

La bonne motivation est dans l'amour. On n'a pas trouvé mieux, inutile de chercher plus loin.

Nick, Pollard, L'évangélisation légèrement moins difficile ; Présenter Christ aux terriens du XXIe siècle, éd Farel.