Imprimer Texte plus gros Texte plus petit


La foi en action > Évangélisation des milieux > Choix de textes sur l'évangélisation des milieux > Au pays de l'évangélisation
Texte plus gros Texte plus petit

Évangélisation des milieux

Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!

AU PAYS DE
L'ÉVANGÉLISATION

par GILLES BARIL, prêtre
Animateur spirituel
national du MCFC
  1. Qui doit évangéliser?
  2. Comment demeurer crédible?
  3. Acteurs de l'évangélisation
    - les prêtres et les diacres permanents (suite)

Les principaux acteurs de l'évangélisation:

Les prêtres et les diacres (suite)

 

« Se nourrir pour devenir nourriture »

            Évidemment, il est question maintenant de la prière et des moyens que doivent se donner le prêtre et le diacre permanent pour nourrir son être intérieur. Nous ne pouvons pas nous permettre de prier devant le Saint-Sacrement quelques heures par jour à la manière des moines. Par contre, il nous faut chercher la présence de Dieu dans tout ce que nous vivons, d’où l’importance de la prière quotidienne, de la révision de vie, de se nourrir du Christ pour devenir une nourriture du Christ pour ceux qui nous entourent.

            Prier en préparant une prédication, prier en présidant une célébration. Permettre aux autres de prier par notre prédication et par notre présidence liturgique. Prier aussi dans un cœur à cœur personnel [avec le bréviaire]. Prier pour apprendre à voir la vie, les personnes et les évènements comme Dieu les voit. Prier en vue de discerner le plus important. Comment mesurer l’efficacité de notre prière? Dans nos réactions spontanées [ces réactions qu’on essaie parfois de cacher aux autres], dans notre élan spontané à rendre service, dans nos réactions face à une difficulté…

            Prier en parsemant nos journées de « Clins d’œil » au bon Dieu : je confie à Dieu l’espace d’une pensée cette personne que je viens de quitter ou vers qui je me dirige, cette réunion qui commence ou qui se termine, cette personne de qui on parle présentement…

            Des fruits de la prière : on fait la même chose que tout le monde, mais avec ce petit quelque chose d’intérieur qui fait la différence… La souffrance blesse et la prière évite la carapace de défense tout en nous rendant encore plus humains. La prière nous évite de nous prendre trop au sérieux : elle simplifie et "décomplique" les évènements… Confier à Dieu, nous confier à Dieu, c’est apprendre le service, l’accueil gratuit; c’est devenir inspiré et inspirant, éveillé et éveilleur de l’Essentiel, interpellé et interpellant pour les autres.

            Prier pour ceux qui se recommandent à nous; prier pour ceux qui souffrent; prier pour ceux qui ont une décision à prendre; prier pour nos bienfaiteurs; prier pour ces gens rencontrés sur la rue, au dépanneur, à la salle de réunion; prier pour ceux qui nous font du tort; prier avant ou après une réunion; prier avant de prendre une décision; prier avant de faire une remarque à quelqu’un…

            Mon curé de stage me disait : « Quand j’ouvre mon bréviaire, il me vient à l’esprit tout ce que je dois faire, et parfois je me rappelle des choses que j’avais oubliées ». Ce que nous pourrions appeler des distractions, appelons cela des intentions du quotidien à prier. Prier demeure le fondement de notre agir et de notre espérance. C’est sentir que Dieu nous accompagne, que nous sommes importants pour lui.

            Quelqu’un a dit un jour : « Quand on n’a plus de temps de prier, c’est qu’on en fait plus que ce que Dieu attend de nous ».

            La spiritualité du prêtre diocésain et du diacre permanent, c’est l’action quotidienne vécue avec le Christ. Le curé d’Ars priait beaucoup pour la conversion de sa paroisse puis il a compris qu’il se devait d’aller vers les gens : il commence la visite de paroisse annuelle, il ouvre des écoles pour les enfants, il soulage la misère des pauvres de sa communauté, à même ses ressources personnelles. Évidemment la liturgie et le catéchisme occupent beaucoup de son temps… L’essentiel à retenir est qu’il est toujours demeuré à la recherche des besoins des gens autour de lui et qu’il s’est dévoué toute sa vie dans la bonne humeur et l’espérance d’un monde meilleur.

            Charles de Foucauld consacrait beaucoup de temps à la prière d’adoration, même si parfois il se sentait vide et plein de distractions devant le Saint-Sacrement :

« Devant le Saint-Sacrement, je ne puis guère faire longtemps oraison : tout me paraît creux et vide… je me sens sec, aride et… souvent hélas je finis par m’endormir. Je lis par raison, mais cela me paraît creux… » [Jérusalem, lettre à l’abbé Huvelin, 22 octobre 1898] Il disait aussi à la blague, « Dieu ne m’a jamais dit qu’il m’aimait »… mais tout ceci ne l’a jamais empêché de se donner pour les pauvres autour de lui, pour défendre les opprimés, pour faire constamment preuve de bonté : « Qu’en me voyant vivre, on puisse saisir comme Dieu est bon ».

            La spiritualité du prêtre et du diacre permanent consiste à « Allez vers les autres » comme Jésus qui envoie ses disciples [Luc 10, 1-9]. Allez vers les autres pas trop chargés du bagage encombrant de nos connaissances et de nos performances… Allez vers les autres en toute simplicité pour semer la paix… Allez vers les autres par Amour et non par sens du devoir… Allez vers les autres pour faire route avec eux et non pour les enseigner... Allez vers les autres pour témoigner de cet idéal qui nous dynamise… Allez vers les autres comme éveilleurs d’espérance… Allez vers les autres en nous mettant au service de la sainteté du peuple de Dieu qui nous est confié… Faire en sorte que les gens découvrent à notre contact ou en nous regardant vivre qu’il est bon d’aimer le Christ…

            Un prêtre ou un diacre permanent heureux, disponible et serviable demeure un rayonnement extraordinaire de l’Évangile. Devenons ce type de pasteur « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

suite: comment évangéliser >

Publié avec l'autorisation de l'auteur
Extrait de: Le quotidien de l'Évangile, Gilles Baril, prêtre, p. 106-109