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Évangélisation des milieux

Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!

AU PAYS DE
L'ÉVANGÉLISATION

par GILLES BARIL, prêtre
Animateur spirituel
national du MCFC
  1. Qui doit évangéliser?
  2. Comment demeurer crédible?
  3. Une paroisse évangélisatrice

Une paroisse évangélisatrice


    Je voudrais, en commençant ce chapitre, nommé trois convictions qui m’habitent profondément :

    1. La paroisse n’est pas le curé, mais tous les baptisés d’un territoire qui ont à cœur de vivre l’Évangile;
    2. Il peut se faire du bien partout : il n’est pas nécessaire que le bien passe par le presbytère;
    3. Jacques Grand’Maison écrit : « Quand les pauvres d’une paroisse se tiennent loin de leur église, c’est un signe que cette communauté et ses pasteurs sont en état de péché mortel. » [Tel un coup d’archet, p. 53]

    Tout le travail pastoral consiste à rencontrer des personnes au nom du Christ pour leur manifester l’amour de Dieu. Jean XXIII disait que la paroisse est le puits d’eau vive du village où tous peuvent venir s’y désaltérer à une heure ou l’autre de leur vie. On y retrouve des jeunes et des moins jeunes, des gens engagés dans la foi et d’autres plutôt en recherche, des gens cultivés à côté de gens sans instruction…

    La paroisse porte quatre responsabilités spécifiques :

    1. la liturgie

    2. l’enseignement catéchétique

    3. la charité fraternelle

    4. le souci des défavorisés et des gens en quête du sens de leur vie

    Il faut faire preuve de créativité pour animer l’un ou l’autre des axes de la vie pastorale. Il faut constamment faire appel à des engagés habités de l’intérieur pour alimenter le vécu quotidien à la source de l’Évangile en demeurant sensible aux besoins des gens de la communauté. Apprendre à faire attention à l’autre, c’est renoncer à son bien-être immédiat pour le bien de l’autre.

    Il est facile dans nos paroisses de plus en plus agrandies par des fusions et devant la diminution des effectifs cléricaux de centrer nos énergies sur la présidence des célébrations à l’église sur l’enseignement de la catéchèse aux jeunes, mais il est nécessaire que jaillisse aussi une vie authentique de charité auprès des gens en besoins réels qui ont pris leurs distances de la communauté pour mille et une raisons. Le concept même de l’évangélisation se vit dans un "allez" vers la société telle qu’elle est pour soutenir, accompagner, encourager, éclairer les questionnements, témoigner… pour faire prendre conscience aux gens que le Christ est déjà là avec eux au cœur de leurs défis, de leurs combats, de leurs échecs comme au cœur de leurs dépassements et de leurs réalisations heureuses.
    Il me revient sans cesse en mémoire une évaluation de Monseigneur Jean-Marie Fortier sur son ministère pastoral qui écrivait dans le volume "Profession-prêtre", publié par Novalis en 2000 :

    « Nous avons connu au Québec une institution qui soude le peuple à son clergé : la visite paroissiale du curé. Elle tomba en désuétude peu à peu sans que nous nous en inquiétions comme nous aurions dû. Je suis assez lucide pour identifier les causes de cette disparition : la raréfaction du clergé, le regroupement et la fusion des paroisses, les couples chassés de leur foyer par un travail extérieur, l’accessibilité limitée des conciergeries. Nous ne rejoignons plus les fidèles dans nos églises désertées. Ne pourrions-nous pas aller vers eux, s’ils ne viennent plus à nous? »

    Allez chez les gens exige un effort supplémentaire pour les pasteurs à l’agenda déjà trop chargé que nous sommes (par pasteur, entendons : les prêtres, les diacres, les agents(es) de pastorale), mais c’est bien plus facile pour la personne qui nous reçoit chez elle de se confier et de partager son vécu : un lien intime se crée vite et une amitié prend naissance de sorte que plus rien ne sera pareil après cet apprivoisement mutuel. Se faire des amis, c’est cela évangéliser. Surtout quand l’amitié trouve sa source en Dieu.
    Aller vers les gens sans désir précis d’enseigner la foi, mais de façon gratuite pour établir des liens en toute simplicité, parler avec ces différentes personnes de leurs vécus et de leurs défis, ça nous permet en retour d’adapter notre discours sur Dieu dans la prédication et l’enseignement de la catéchèse… puis quand le Christ est accueilli dans une maison par notre visite, il commence à faire partie de la vie quotidienne des gens.

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    Publié avec l'autorisation de l'auteur
    Extrait de: Le quotidien de l'Évangile, Gilles Baril, prêtre, p. 126-128