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La foi en action
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Un modèle de foi en action

Prophètes de notre temps !

...tantôt de grands noms
connus mondialement,

tantôt des témoins
qui rayonnent
dans un milieu donné.

Chacun à sa manière
nous interpelle
comme un reflet du Christ.
Lavement des pieds
Chacun nous invite à répondre
à l'amour que Dieu nous porte
en nous mettant
au service des autres.


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Père Jean, o.s.s.t
(André PAndré Patryatry)

Aumônier de la prison de Bordeaux durant trente-huit ans.

Surnommé
"Le pape de Bordeaux"
par les détenus
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"Je veux les aimer comme Dieu les aime, tels qu'ils sont."
Père Jean

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Brève biographie d'André Patry

André Patry est né à Hull le 17 mars 1940.

Son père, Joseph Patry, est né le 16 août 1892 à Montréal dans le quartier Notre-Dame-de-Grâces et décédé en janvier 1962 à Hull. Il était pharmacien chimiste et fabriquait lui-même ses médicaments. C’était un homme remarquable, amoureux des arts et des lettres. Profondément engagé socialement et politiquement, il était très critique face aux institutions.
Joseph craignait l’endoctrinement et refusait que ses fils entrent au séminaire.
Il optait plutôt pour l'enseignement externe qui débouche sur la médecine, le droit, le génie ou la prêtrise s’il le faut. Ceci n’empêchait pas cet homme d’être très croyant.

La mère d'André, Alda Lamoureux, est née le 8 septembre 1899 à Russell en Ontario
et décédée en juin 1949 à Hull. Elle s’occupait des enfants et s’impliquait beaucoup en paroisse, bazar etc., c'était une femme qui était toujours joyeuse.

Joseph et Alda se sont mariés le 7 septembre 1921 à Hull.
André est le 12ième d’une famille de 13 enfants (11 garçons et 2 filles):
Armand - Gaston - Marcel - Roger - Jacques – Jean – Jacqueline – Pierre – Michel - Gilles - André et Nicole.

André appartient donc à une famille catholique pratiquante.
Ses parents sont des gens avec une pensée libérale pour l’époque qui n’imposaient pas de pratique religieuse à leurs enfants. La mère traçait une croix sur la miche de pain avant de l’entamer. Chez les Patry, on ne récitait pas le bénédicité ni le chapelet.
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André n'avait que 9 neuf ans lorsque sa mère est décédée. Ce fut pour lui un énorme bouleversement. Il devint vraiment dissipé et fanfaron, cherchant à attirer l’attention de toutes les manières.
Pour se défouler, il se bat avec les autres et forme un "gang" avec son ami Gérard.
Entre autres, ils saccagent une école et à plusieurs reprises André vole du chocolat dans un dépanneur.
Alors qu'il n'a que onze ans et suite à un tel comportement,
il hérite du vocable de « Bum » et plus on le traite de "Bum", plus il réagit négativement.

Paradoxalement avec ses actes de délinquance, André développe un goût pour la prière.
Il aime le silence devant Dieu, ça l’attire, ça évoque le souvenir de sa mère qui priait et récitait des "Je vous salue Marie " qu'il récitera lui-même. Son contact avec Dieu évoluera par un dialogue plus personnel.

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À l’âge de 13 ans, il est interpellé par un article du magazine
"Paris Match" qui raconte le travail du père André-Marie Talvas (1907-1992), travailleur de rue à Paris qui a fondé un organisme
le "Nid" pour accueillir les prostituées .
L’article précise qu’on peut parrainer spirituellement des femmes du "Nid". André s’empresse d’écrire et on le jumelle à une certaine Lilianne. Tous les jours de sa vie et encore aujourd’hui,
André prie pour sa jumelle prostituée de Pigalle qui n'est sans doute plus de ce monde.

La fonction de prêtres ouvriers fascine André et il se dit que si jamais il devenait prêtre, c’est ce "genre de prêtre" qu’il serait.
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Dans la même période, André regarde un film à la télé intitulée
" Les anges du péché". Le film raconte l’histoire de la fondation d’une communauté religieuse « Les Dominicaines de Béthanie » fondée par l’aumônier de la prison de Cadillac, en France notamment le bienheureux père dominicain Jean-Joseph Lataste (1832-1869).
Cet aumônier, lors d’une visite à la prison avait rencontré de véritables vocations religieuses en la personne des prisonnières qui avaient fait une véritable rencontre avec Dieu.
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Le film raconte l'histoire d'une communauté religieuse composée de meurtrières, de voleuses et de prostituées.

André est frappé par ce mélange de marginalité et de foi. Il écrit à la mère générale du couvent qui est touchée par l’intérêt d’un si jeune homme et chaque année André échange des vœux à la mère générale du couvent des Dominicaines de Béthanie de Favières.

André y voit dans ce film un moyen sûr d’aimer les personnes pour ce qu’elles sont aujourd’hui sans traîner le poids du passé.
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André devient servant de messe chez "Les Servantes de Jésus-Marie" (contemplatives cloîtrées) et découvre l’amour de l’Eucharistie.
Au collège classique Marie-Médiatrice de Hull, André fait du théâtre et touche même au cinéma avec son frère Pierre qui est devenu cinéaste. C’était devenu pour lui une soif et une recherche de l’absolu. C’est sans doute la même soif qui lui a fait choisir Dieu.
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A 19 ans, André est amoureux d’une jeune fille du nom de Louise C’est le grand romantisme... ils s’écrivent des poèmes.
André est alors tiraillé car il ressent un appel intérieur vers la vie religieuse.
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Le père Pierre Saint-Pierre, trinitaire, est celui qui a donné un essor considérable à sa communauté dans les années 1940. De passage à Hull, il donne une présentation de sa communauté aux étudiants du collège.
André est fasciné. Ce qui l’attire principalement, c’est le côté contemplatif devant la Trinité de cette communauté, ainsi que l'action auprès des démunis, des prisonniers, des pauvres et des persécutés.

C’est pour André une découverte fascinante de ces deux mondes.
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L’ordre de la Sainte-Trinité fondée en 1194 par saint Jean de Matha (1160-1213) dit: Ordre de laTrinité et des captifs, est à l'origine fondé pour racheter les chrétiens captifs des Maures. Aujourd'hui, ils aident les prisonniers et les captifs de toutes sortes, les pauvres et ont même un centre de libération intérieure (centre Jean-Paul Régimbald).
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Se considérant comme un « Bum », André découvre dans les lectures sur la vie de Sainte Thérèse de Lisieux, que nous ne sommes pas obligés d’être un saint pour s’approcher de Dieu car l’amour de Dieu ne dépend pas de nos actions.

C’est donc par elle qu'André découvre la charité et l’amour inconditionnel de Dieu.
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En août 1962, sa famille l’accompagne au couvent. André débute son postulat suivi de sa prise d’habit et du début de son noviciat chez les Trinitaires à Granby.
Il a choisi lui-même le nom qu’il portera, celui de "Jean de la Charité ". Pour lui ce nom a une dimension mystique et contemplative de Saint-Jean (l'apôtre de la charité) et il veut se donner "la charité" comme programme de vie.

André trouve la vie communautaire difficile pour un jeune homme ayant vécu auparavant une vie libertine. Il est confronté avec la règle, l'habit, le cilice, le silence et la discipline. Il est surtout confronté à lui-même dans un voyage intérieur qui lui fut pénible.

Dès 1963, il accompagne un aumônier aux prisons Craig et Bordeaux ainsi qu'au "Mont-St-Antoine", école de réforme de l'époque. André n'a qu'un désir, devenir aumônier de prison.

André aime la vie contemplative et est un ami du groupe des "petites soeurs de Jésus" de Charles de Foucault. Il aime la spiritualité des Carmélites.
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André prononce ses vœux solennels le 8 septembre 1966 et le 26 décembre de la même année, il est ordonné prêtre à Hull par Mgr Paul-Émile Charbonneau.

Le père Jean de la charité sera aumônier remplaçant
de trois hôpitaux: Mayfair, Shriners et Notre-Dame.

Il cumule d’autres tâches comme vicaire à la paroisse St-Bruno-de-Montarville.
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Le père Jean axe ses homélies sur la charité, mais reçoit quelques leçons pratiques de charité.
Un bon dimanche midi, le curé invite à dîner un itinérant qui avait couché sur un banc de l'église et qui ne sentait même pas bon. Ceci fatigue André qui espère que le curé changera d'idée, mais l'itinérant prit le repas avec eux et ce fut une leçon de charité qui le marquera et qui lui fera comprendre qu’il ne faut pas juste parler charité mais la pratiquer et la vivre.

Le père Jean a fait des études spécialisées: Bacc. es art, licence en théologie, maitrise en pastorale spécialisée, cours en criminologie à l'Université de Montréal, scolarité de doctorat en théologie.

Il sera remplaçant au Mont Saint-Antoine (maison d'accueil pour les jeunes délinquants)
et parfois il fera des animations à la prison de Bordeaux.


Un grand rêve réalisé qui durera 38 ans:
"Aumônier à la Prison
de Bordeaux"

Le 31 janvier 1969, le père Jean est nommé le premier aumônier de la prison de Bordeaux ou "Centre de détention de Montréal" qui est le nom officiel de cet établissement.
Cette prison fut construite en 1912 et dotée d'une architecture historique sur le modèle "Panopticon" et accueillait en 1969 près de 1200 détenus et prévenus en attente de procès.

 



La prison de Bordeaux est réputée pour être la plus violente des prisons canadiennes.
Des prisonniers y ont été exécutés jusqu'à l'abolition de la peine de mort en 1976.

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"À mon arrivée à Bordeaux, dira le père Jean, il y avait huit (8) condamnés à mort.

Quand ils sortaient dans la cour, ils y voyaient les potences".
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Le père Jean apprendra les rudiments du métier avec le père Philémon qui a deux fois son âge.

En juin 69, il habitera la petite maison sur le terrain de la prison avec le père Michel et le frère Joseph.
"Son rêve est enfin réalisé".

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En 1971, il déménage dans une piaule, rue Laval, un 6 1/2, pour vivre dans le quartier des pauvres. C'est un logement au dernier étage et la toiture coule. Il y installe un petit autel. Là, il accueille des prisonniers; c'est devenu un foyer des pauvres.
Le père Jean y reçoit des visites d'ex-prisonniers, de prostituées et de motards.
Il a reçu la visite de personnages importants, notamment: Jean Vanier, sa mère madame Vanier, la baronne Hueck qui lui apporte une nourriture apaisante et inspirante face à son oeuvre chez la baronne à Cambemere.


Le père Jean met sur pied un système de marrainage spirituel avec les Carmélites de Montréal. Elles acceptent de marrainer un prisonnier qui en ferait la demande et de correspondre avec lui.

En 1977, le père Jean prend une année sabbatique et visite l'Europe.
À son retour il retrouve son logement rue Laval et travaille sans répit.
Avec le temps, la santé du père Jean est devenue précaire et il rencontre un médecin à l'hôpital Sacré-Coeur. Le médecin lui demande alors de restreindre ses activités car il est épuisé mais le père Jean continue le même rythme.

En 1981, il est épuisé, c'est le "Burn-out", qui durera deux ans.
Il s'absente alors quelques mois de la prison.
C
'est un retour à la tâche qui se prolongera jusqu'en 2007.


Le père Jean a connu des prisonniers célèbres, il a accompagné des condamnés à mort,
il a dîné chez les Cotroni, baptisé le fils de Mom Boucher; il a côtoyé des felquistes du Front de libération du Québec et écouté les confidences des pires Caïds de la criminalité.


Le père Jean désire aller dans les secteurs où les gars y vivent et y circulent.
L'arrivée du nouveau directeur de la prison M. Desrivières lui facilitera la tâche en lui permettant de circuler dans les secteurs.
Il visite alors les prisonniers et établit un respect mutuel et une loyauté envers les supérieurs et eux-mêmes en ne révélant aucune confidence et les prisonniers lui ont toujours fait confiance car il ne les a jamais trahis. Le père Jean pratique ce qu'il appelle "l'ascèse de non-curiosité".
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L'approche du Père Jean est celle de la miséricorde;
une théologie lumineuse, libératrice et qui fait du bien.
Chaque semaine, il rassemble plus de cent détenus à la chapelle pour des messes qui durent parfois jusqu'à deux heures.
Il leur propose des réflexions pleines de sens axées sur les humains souffrants qui essaient de faire de leur mieux et que le bon Dieu accueille avec tant d'amour et de miséricorde.
Il leur dit:
"Dieu vous aime infiniment, exactement tel que vous êtes maintenant et Il espère de tout son être que vous vous laisserez aimer par Lui".
A la fin il y a une période de question puis le sacrement du pardon.

Pour le père Jean, l'Eucharistie est le sacrement pour des "fuckés" de la vie, des blessés. Pour lui, on ne peut pas refuser la communion à quelqu'un qui le demande.
C'est, selon ses dires, le désir de Jésus de se donner aux plus souffrants et aux blessés.
Bref, plus on est pécheur, plus on a besoin de venir communier à la nourriture du Christ.

Durant les 38 ans de service du père Jean à la prison, il y eut 72 suicides, 3 meurtres,
11 morts par "overdose", 3 morts du sida, un homme brûlé dans sa cellule et 33 morts naturelles pour un grand total de 125 décès.
Ça fait beaucoup de choses émotives à gérer pour un aumônier.
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En 1986, le père Jean aide un ex-détenu qui est dans le besoin et qui le consulte; il est bien élevé et serviable. Il est privé de son père biologique et considère le père Jean comme son protecteur. Le père Jean est adopté comme "papa" par Steve et il lui montrera à connaître ce qu'est un père.
Des visites sont faites chez la mère de Steve et chez les Patry, Steve appelle le père Jean "papa". Aujourd'hui, Steve a fondé une famille.

 

En 1987, Michel, ex-détenu, est un type spirituel et a une bonne communication avec le père Jean. Lui aussi, il est privé de son père biologique et considère le père Jean comme un père et devient le deuxième fils adoptif du père Jean, c'est ce qui lui a permis de refaire sa vie. Aujourd'hui Michel est en couple et a deux fils.
Le grand-père Jean est comblé d'affection et de tendresse par ses petits-enfants et est comblé par la reconnaissance de ses deux fils.


Toujours actif à la retraite


À la retraite, le père Jean mène toujours une vie aussi active.
Il est très occupé car il continue de voir des détenus et des ex-détenus.

Il a un mandat de l'archevêque et il continue toujours des visites à la prison.

Il est assidu à la maison qu'il a fondé
"Oasis-liberté" qui est située au:
2581 Pie IX à Montréal tel 514-623-3998
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Mission de "Oasis-liberté":
Lieu de ressourcement humain et spirituel pour les détenus(es) ou ex-détenus(es): rencontres individuelles; partage en groupe; écoute téléphonique; correspondance; célébrations spirituelles; parrainage spirituel.
Ils ont des activités, des célébrations eucharistiques, des groupes de discussion, des soirées d’échanges, des repas communautaires.
Ce sont des détenus qui ont demandé cet organisme; ils avaient vécu des expériences spirituelles et, une fois sorties, ils n’avaient pas de lieu pour poursuivre leur cheminement dans la foi. Plusieurs anciens viennent y faire de l’animation.
Le père Jean fait des visites dans les hôpitaux, de l’accompagnement aux mourants
et célèbre des messes ainsi que des mariages, des baptêmes et des funérailles.


Bibliographie

38 ans derrière les barreaux
L'histoire du père Jean

Auteure: France Paradis
Publié par Les éditions Novalis inc 2010

 

Ce livre est le parcours fascinant du père Jean
à travers les yeux de l'auteure France Paradis.
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Confidences de prisonniers

Publié par Novalis en septembre 2012 - 164 pages

Ce livre est une compilation de documents écrits par
des prisonniers : poèmes, prières, correspondance etc.

Des textes surprenants par leur profondeur, nous donnant accès à la vie derrière les barreaux.

Source:
"38 ans derrière les barreaux" par France Paradis
- site de l'Association canadienne de justice pénale
- Radio-Canada - Chemin de vie, chemin d'espoir
- Sentiers de foi - Rencontre avec le père Jean.
- Photos sur le web
- Photos remises par le père Jean..
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Recherche et conception: Réjean Vigneux
Révision: Marielle Lefebvre
Mise à jour: 06-2015