Tous en recherche

André Sève

Il y a quatre ans, Sandrine me disait qu'elle se sentait appelée à la vie religieuse. Depuis, elle me répète: "Je suis en recherche."

J'ai connu un temps où on se lançait plus vite. J'ai interviewé Odile et Jean-Jacques qui vont se marier après cinq ans de cohabitation. Ils m'ont dit: "Il y a tant de ratages actuellement, que nous voulions être sûrs."

"Être sûr." Dans un monde d'instabilité et d'échec, rester en recherche jusqu'à ce qu'on soit bien sûr est un état d'esprit qui envahit tous les domaines de la vie. Et donc la foi, puisqu'elle respire l'air du temps.

Un ingénieur de 32 ans, très croyant, a été net: "Pour ma foi, je serai toujours en recherche." Plus étonnant, une dame de 72 ans: "Dieu, je le cherche."

Par moment, je me demande si nous ne sommes pas devenus des aventuriers sans bagages, sans mémoire.
Pourtant, nous avons derrière nous un énorme acquis culturel et religieux. Nous célébrons une liturgie qui nous demande de "faire mémoire". Nous appartenons à une Église de la mémoire. Elle en avait peut-être un peu trop mais elle se met, elle aussi, très vigoureusement en recherche.

Au risque de désorienter les gens de la mémoire ? Sûrement, des deux côtés, il faut chercher l'équilibre. Que les traditions ne soient pas des chaînes (c'est loin d'être vivant une chaîne !) mais une terre féconde à ne pas abandonner parce que c'est là que naît une vie nouvelle et pourtant bien enracinée.

Notre chance ? Nous pouvons être des gens sûrs... et en recherche !