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Jean m'a parlé de son ami Jésus

par Roger Gauthier, o.m.i.

Le texte ci-contre
raconte un épisode de
l'Évangile selon
Saint Jean.

Il est reformulé
dans un langage populaire
dans le but de nous aider
à découvrir le Christ
comme Jean a pu le
percevoir.

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Les comportements de Jésus dérangent

 

Samarie, puits de JacobNotre route devait traverser la Samarie. Passant près de la ville de Sychar, Jésus nous proposa de nous arrêter au puits de Jacob, un puits dont l’histoire rappelait tant d’interventions de Yahweh pour son Peuple. La marche avait été longue, il était midi. Il décida de prolonger la halte : nous irions à la ville toute proche y acheter de quoi manger pour tout le groupe. Nous étions sûrs que Jésus voulait se retrouver seul près du puits pour goûter la présence de son Père, comme il lui arrivait souvent.

Ce qui advint pendant notre absence, c’est la femme dont il sera question dans cette histoire qui nous l’a raconté tant de fois après la résurrection. Les choses se passèrent à peu près de la façon suivante.

L’histoire de la Samaritaine

Jésus rencontre la Samaritaine au puits de Jacob - dessin


Si tu savais le don que Dieu t’offre en ce moment !


C'est moi cet envoyé de Dieu
que tu attends

Une samaritaine arriva pour puiser de l’eau. Jésus saisit cette occasion pour annoncer comment Dieu regarde tout le monde avec le même amour. Il prit donc l’initiative d’un contact avec elle à partir de sa soif, la priant de lui donner à boire. Ce fut un choc pour elle qui  lui dit : « Comment? Toi, un juif, tu me demandes à boire à moi, une femme? et une femme samaritaine en plus! » D’ordinaire, les Juifs méprisent les samaritains et se refusent à tout contact avec eux. Plutôt que de s’expliquer plus clairement, Jésus ajouta davantage au mystère: « Si tu savais le don que Dieu t’offre en ce moment par un juif qui te demande à boire, c’est toi qui lui aurais demandé de l’eau et il t’aurait offert une eau qui rassasie, une eau qui te remplirait de Vie ». Sur le moment, la femme crut être en présence d’une espèce d’illuminé ou de rêveur. Elle voulut lui faire prendre conscience que sa proposition n’avait pas de sens : « Tu n’as même pas de seau pour tirer l’eau du puits; il est profond, tu sais. Alors d’où vas-tu sortir ton eau merveilleuse? Te crois-tu plus puissant que notre père Jacob qui nous a donné ce puits où lui-même a bu ainsi que ses fils et ses troupeaux et tous ses descendants qui ont eu soif depuis lors? » En réponse, Jésus poussa plus loin encore le mystère; il lui dit : « Quand tu bois de cette eau-ci, la soif revient; mais si tu bois de l’eau que je te donnerai, tu n’auras plus jamais soif; car mon eau deviendra en toi une source qui n’arrêtera jamais de jaillir. »

C’est qu’il avait l’air sérieux, ce curieux homme! La samaritaine commençait à penser qu’il était peut-être inspiré par Yahweh et, pour en avoir le cœur net, elle décida de le mettre à l’épreuve en embarquant dans son « jeu »; tout en y ajoutant un peu de révérence, au cas où il serait vraiment un homme de Dieu :

Devant cet intérêt naissant, Jésus jugea qu’il pouvait dépasser les symboles et les considérations théoriques : il interpella la femme en lui parlant de sa vie quotidienne. «Va donc chercher ton mari pour que nous parlions tous les trois ensemble. » Elle fut prise de court : sa réputation n’était pas bonne à la ville; elle n’avait aucune envie de la perdre aussi devant cet homme qu’elle commençait à respecter. Elle voulut esquiver la demande de Jésus en disant qu’elle n’avait pas de mari. Mais le ton n’était pas très convaincant et Jésus reprit : « Je pense que tu ne me dis pas toute la vérité; c’est vrai que tu ne vis plus avec ton mari, mais depuis ce temps-là je crois que d’autres hommes ont pris sa place ». Mal à l’aise sur ce terrain personnel, la samaritaine voulut retourner à des considérations doctrinales.

samaritaine demande de l'eau

Seigneur, donne-moi
de cette eau pour
que je n'aie plus soif

Elle affirma sa confiance en Jésus, disant qu’elle le considérait comme un envoyé de Dieu capable de l’éclairer dans sa recherche du vrai Dieu : « Seigneur, je vois que tu es un prophète. J’ai toujours cru que Dieu avait choisi d’être adoré sur le mont Garizim, mais les juifs, eux, disent qu’il a choisi Jérusalem. » La question était importante et laissait voir un désir sincère de la vérité. Jésus décida d’y répondre: « Je pense que dans le passé, il fut clair que Yahweh a confié aux juifs de connaître et de réaliser ses projets sur le monde, tandis que pour les samaritains, les signes de cette mission manquent totalement. Mais, je puis te certifier que le moment est tout proche où les vrais adorateurs que cherche le Père vivront leurs relations avec lui d’abord dans leur cœur et non pas en un lieu exclusif. N’oublie jamais que Dieu est esprit; c’est par ton esprit et dans la vérité de ton cœur que doit naître ton adoration. » Cette fois, la samaritaine fut profondément impressionnée : non Jésus n’était pas un rêveur ni un illuminé; elle osa lui dire l’attente la plus vive de sa foi : « Je sais qu’un Messie doit venir, on l’appellera Oint de Dieu. Il est supposé nous dire la Vérité tout entière. » Alors, Jésus se révéla comme il se voyait :

Juste à ce moment, nous, les disciples, sommes revenus de la ville. Nous étions stupéfaits et mal à l’aise de voir Jésus converser publiquement seul à seul avec une femme, et avec une femme samaritaine en plus. Cela contredisait crûment nos préjugés sexiste et religieux. Tout de même, nous n’avons pas osé lui demander de s’expliquer.

Seule femme parmi tous ces hommes, la samaritaine s’esquiva rapidement sans même ramasser sa cruche d’eau; elle avait surtout hâte d’annoncer sa trouvaille aux gens de Sychar. Arrivée dans son village, elle pressait tous les gens d’aller voir cet homme extraordinaire. Elle leur disait bien franchement : « Vous savez quelle vie je mène ici. Eh bien, sans m’avoir jamais vue auparavant, il me l’a décrite exactement, sans toutefois me condamner. Il pourrait bien être le Messie que nous attendons ». Stimulés les uns par leur curiosité et les autres par leur espérance du Messie, des gens vinrent nombreux vérifier les dires de la samaritaine. Jésus était si ému en les voyant venir qu’il en oubliait de manger. Nous le pressions de prendre au moins quelque chose de ce que nous avions rapporté de la ville, mais il répondait : « J’ai une nourriture bien meilleure que celle-ci; une nourriture que vous ne connaissez pas. » Nous n’y comprenions plus rien, nous demandant si quelqu’un lui avait donné à manger en notre absence. Sûrement pas cette samaritaine! Encore une fois, la réaction de Jésus ajouta au mystère: « La nourriture qui me fait vivre, dit-il, c’est quand je travaille au projet de celui qui m’a mis dans ce monde avec une mission précise. J’en oublie ma faim. »

Pendant ce temps, les gens de la ville arrivaient vers nous. À ses yeux, ce fut comme un immense champ de blé qui couvrirait un jour tout l’univers, et qui était prêt pour la moisson. Il aurait voulu que nous puissions vivre les mêmes émotions que lui; il nous dit: « Vous savez reconnaître les signes d’une récolte prête à ramasser? Eh bien, regardez cette foule venir; vous voyez bien qu’elle est prête à entrer dans le Royaume de mon Père ». Comme à chaque fois qu’il évoquait son Père, il devint tout à coup d’une intensité intérieure saisissante. Il parut envahi par une vision globale du monde en construction depuis des siècles et par la place que le Père lui proposait d’occuper dans l’histoire. Il ne put s’empêcher de nous semence récoltepartager les sentiments qu’il vivait alors : « Moi, je me sens comme le moissonneur qui commence déjà à goûter la joie qu’il pourra savourer quand toute la récolte sera ramassée. En fait, je commence à récolter ce que d’autres personnes ont semé depuis le début du monde; elles étaient envoyées par mon Père et je me réjouirai avec elles quand la récolte sera terminée. Vous connaissez le proverbe : l’un sème, l’autre moissonne. C’est toujours vrai. Souvenez-vous du jour où je vous ai envoyés moissonner des fruits qui ne vous avaient coûté aucune peine à faire mûrir. D’autres y avaient déjà travaillé d’arrache-pied et c’est vous qui en avez profité. C’est cela que je vis devant cette foule qui vient me rencontrer».

Les samaritains croyaient que Jésus pouvait bien être le Messie parce que, sans avoir jamais vu auparavant une certaine femme de leur ville, il avait décrit sa vie scandaleuse et lui avait donné le courage de la leur avouer. Or dès le premier contact avec lui, ils furent séduits et lui demandèrent de rester avec eux. De fait, il y passa une couple de jours, répondant à leurs questions et leur parlant du projet de Dieu sur eux. Grâce à ces contacts, beaucoup de gens s’ajoutèrent aux premiers pour croire en Jésus. Après son départ, les gens disaient à la femme : « Nous t’avons fait confiance pour aller voir Jésus au puits de Jacob, mais maintenant que nous l’avons entendu nous-mêmes, nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. »

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