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Héritage du Mouvement: un trésor à exploiter.

par Loyola Gagné, s.s.s.

Nous vous présentons ci-après, l'exposé fait par Loyola Gagné, s.s.s. lors du congrès national du MCFC, tenu en août 1999, à Saint-Augustin en banlieue de Québec.

 

Nature du thème choisi

Le premier bloc de notre Congrès du mois d'août portait sur le thème suivant: "Héritage du Mouvement: un trésor à exploiter". Qu'est-ce qu'on entend par là'

Le mot héritage dans le petit Larousse se réfère à des "biens transmis par voie de succession". Ce ne sont pas seulement des biens matériels: on peut hériter de qualités morales ou bien d'une maladie, comme on peut hériter des préjugés de ses parents! Quel est l'héritage que nous ont laissé les fondateurs du Mouvement' Voilà LA question de base qui a servi à orienter tout le Congrès.

Je me souviens toujours d'un article enflammé d'Eduardo Bonnin (que j'ai publié dans le De Colores), intitulé: "Le MC, un Mouvement inexploité!" Pour Eduardo, on n'a pas encore réussi, après 50 ans, à exploiter toute la richesse du charisme du Cursillo, on n'a pas réussi à lui faire produire tous les fruits qu'on est en droit d'en attendre... C'est le temps plus que jamais d'ouvrir le coffre aux trésors de notre héritage. Quels sont ces trésors de notre héritage' Les IFMC (sigle qui représente notre volume de base: Les Idées Fondamentales du MC).

Dans la communauté cursilliste à laquelle j'appartiens, j'ai commencé l'an dernier, à chaque Ultreya, à lire quelques pages de ce volume et à les commenter... Après un an, nous n'avons vu que 5 chapitres; il nous en reste 4 et ce sont les plus longs. Ce qui est intéressant à noter, c'est que tous les membres de la communauté sont enchantés par cette lecture. Pourquoi' Parce qu'ils en font la découverte. Pour eux, c'est un très beau livre. Malheureusement, comme le Mouvement lui-même, c'est un livre inexploité, méconnu. Il paraît qu'il y a encore des responsables de communautés qui ne l'ont même pas achetés (!!). Pourtant, ces sont les IFMC qui doivent nous transmettre une mentalité. Si on ne les a pas lus, on ne saura pas acquérir la véritable mentalité cursilliste.

 

La mentalité cursilliste

Quelle est donc cette fameuse mentalité'

On dit de quelqu'un qu'il a une mentalité de jeunes... ou de vieux, c'est-à-dire un esprit de jeunes, ou bien il raisonne comme un vieux! Si on parle d'un autre qui a une mentalité matérialiste, c'est que toute sa vie est orientée sur la consommation. Si on parle d'une mentalité chrétienne, c'est que l'on veut désigner une façon de penser, d'agir et de parler en conformité avec l'évangile... Est-ce que le MC a une mentalité propre' C'est la même chose que de demander s'il y a une façon de penser, d'agir et de parler "cursilliste". La réponse ne fait pas de doute!

Et cette mentalité a pris 5 ans à s'élaborer avant de donner naissance à notre Mouvement. De 1944 à 49, Eduardo Bonnin a réuni son groupe de jeunes toutes les semaines, chez lui, pour forger une nouvelle mentalité. Leur plus profonde préoccupation était de constater que le monde autour d'eux, même s'il se disait chrétien, avait tourné le dos à Dieu. Et comme tous les jeunes enthousiastes, ils étaient convaincus qu'il fallait faire quelque chose. Il était urgent, selon eux, de contagier les milieux aux valeurs de l'Évangile et, pour y arriver, de commencer par convertir les individus. Voilà l'intuition originelle (ce que nous appelons le charisme fondateur) du Mouvement. C'est une intuition très simple, que malheureusement, nous avons pris la mauvaise habitude de compliquer!

 

Trois orientations fondamentales

À partir de cette intuition, les fondateurs vont découvrir trois orientations fondamentales que l'on peut résumer brièvement de la façon suivante:

Première orientation

Ils étaient convaincus qu'il fallait favoriser une pastorale d'évangélisation plutôt qu'une pastorale d'entretien. Quand on a dit cela on a affirmé quelque chose qui aura d'énormes conséquences chez les cursillistes. Mais pour cela il faut en être conscients! Combien y en a-t-il qui savent distinguer ces deux types de pastorale' Je vous l'explique en deux mots.

Pastorale, cela vient de pasteur, cela fait penser au berger qui prend soin de son troupeau. Alors une pastorale d'entretien, c'est une pastorale qui s'occupe des brebis qui sont dans le bercail, tandis que la pastorale d'évangélisation, c'est celle qui va vers les brebis égarées, donc qui va s'occuper de celles qui ne sont pas dans le bercail. Voyez-vous maintenant toutes les conséquences qui s'en suivent pour nos communautés cursillistes quand on affirme que le MC a opté résolument pour une pastorale d'évangélisation et NON PAS pour la pastorale d'entretien' En clair, cela veut dire que les cursillistes ne peuvent pas se contenter de travailler dans les églises, mais doivent se consacrer à la recherche des brebis perdues. Le MC est un Mouvement missionnaire au sens strict du terme.

Deuxième orientation

Ils décidèrent d'exciter la faim de Dieu plutôt que de chercher à la rassasier. Voilà une autre affirmation brûlante de nos IFMC, qu'on a lu rapidement sans se rendre compte de ce qu'elle implique.

Rassasier la faim de Dieu, qu'est-ce que c'est au fond' C'est faire une pastorale d'entretien, c'est s'occuper seulement des brebis fidèles. Tandis qu'exciter la faim de Dieu, c'est donner le goût aux brebis égarées de reprendre le chemin du bercail. C'est beaucoup plus difficile, évidemment, et c'est pour cela que les cursillistes ont souvent la tentation de se contenter de rassasier la faim de Dieu qu'ils ressentent, en organisant de gentilles Ultreyas, très priantes, très fraternelles, très confortables, mais en n'osant pas sortir pour aller au-devant de ceux et celles qui ont perdu la faim, l'appétit de Dieu. À la fin du Synode de Montréal, le Cardinal Turcotte disait ceci: "L'Église n'est pas qu'un lieu où il fait bon se rassembler entre frères et soeurs; l'Église existe pour le monde!" On peut dire la même chose du MC. Le Mouvement n'est pas qu'un lieu où il fait bon d'être ensemble, le Mouvement des Cursillos existe pour le monde. C'est Jean-Paul II qui disait dernièrement aux prêtres réunis en Terre Sainte: "Soyez de plus en plus dans le monde, mais de moins en moins du monde"!

Troisième  orientation

Nos fondateurs voulaient propager une conception du chrétien vu comme apôtre, et non un simple consommateur... Ce que, malheureusement, beaucoup de nos cursillistes (je ne parle pas de ceux qui lisent notre Revue!!) sont en train de devenir: des consommateurs d'Ultreyas... Je vous rappelle seulement le mot terrible de Paul VI: "Le chrétien qui n'est pas apôtre est un apostat!" On n'a pas besoin d'ajouter d'autre commentaire.

 

Épilogue

  Voilà trois orientations qui exigent peut-être de nous un changement de mentalité! Mais dans ce travail de refondation de notre Mouvement, rappelons-nous toujours le mot du P. Arnaïz, jésuite:

"La refondation consiste non pas tant à répéter ou refaire ce que les fondateurs ont fait mais à imaginer ce qu'ils feraient aujourd'hui dans la fidélité à l'Esprit" (Cf. Publication de l'USG # 54, nov. 98, p.5).


Questions à débattre

     1. En admettant que le MC est une "richesse inexploitée", quels sont le signes extérieurs qui manifestent que cela est vrai dans ton diocèse'

     2. D'après toi, quels sont les moyens que tu peux mettre en oeuvre pour exploiter davantage les richesses du Mouvement'

   Loyola Gagné, s.s.s.