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La foi en action
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Comment participer à la nouvelle évangélisation?

Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église!

Pierre-Alain Giffard La croissance de l'Église par la méthode T4T

par Pierre-Alain Giffard (*)

(suite et fin)

Alors que la pratique religieuse et la foi des Catholiques diminuent dramatiquement dans les pays de vieille chrétienté, c’est le contraire qui se passe dans des Églises évangéliques (surtout chez les Pentecôtistes). C'est le cas, entre autres, au Brésil où les Catholiques sont passés de 91,8% de la population à 64,6% en 4 décennies; alors que les Églises évangéliques ne cessent de croître: en 1980, elles comptaient 6,6% des Brésiliens, 9% en 1991, 15,4% en 2000, et 22,2% en 2010. Qu'est-ce qui explique une telle croissance? N’y aurait-il pas lieu de regarder du côté de leurs méthodes d'évangélisation? Pierre-Alain Giffard nous en présente une qui a eu un succès planétaire, celle de Ying Kai. Notez les ressemblances et les différences entre ce que ce dernier appelle « la méthode T4T» et les « réunions de groupe » que propose le Mouvement des Cursillos. G.B.

La méthode d’évangélisation T4T est donc différente de la méthode utilisée traditionnellement dans les petits groupes[14]. Dans les cellules d’évangélisation (ou les petits groupes d’évangélisation) classiques, les membres amènent les personnes évangélisées dans leur propre groupe jusqu’à ce que le groupe soit assez grand pour se diviser (ou multiplier) en deux.

Le principe est de croître puis de se multiplier.

croitre multi1 Avec la méthodecroitre multi2 T4T, la croissance du groupe d’origine n’est pas recherchée avant de se multiplier. Les membres des groupes T4T n’amènent pas les personnes évangélisées dans leur propre groupe. Plutôt, ils forment un nouveau groupe avec les personnes qu’ils évangélisent. Là, celles-ci sont formées pour répéter le processus d’évangélisation et de création de nouveaux groupes (les membres sont formés pour évangéliser, rassembler et former un nouveau groupe dans lequel les membres sont formés à évangéliser, rassembler et former un nouveau groupe, etc.). Le processus se reproduit indéfiniment permettant une croissance exponentielle. Avec le temps, les groupes formés peuvent devenir de véritables Églises de type paroissial alors que d’autres restent des petits groupes reliés à une Église existante. Dans la méthode T4T, chaque nouveau croyant est donc vu comme un groupe potentiel. Si tous les nouveaux convertis ne démarrent pas un nouveau groupe, tous sont formés et encouragés à le faire. Ceux qui démarrent des groupes projettent continuellement la vision que Dieu peut faire naître une réaction en chaîne de croissance à travers chaque membre. Le but pour un évangélisateur est d’en arriver à engendrer plus de quatre générations successives de formateurs et de groupes (ou d’églises de maison)[15]. Pour y arriver, il lui est en général nécessaire de rester avec son groupe de 9 à 18 mois[16]. La multiplication de petits groupes (ou d’églises de maison) commence donc par une 1ère étape : la projection d’une vision mobilise un plus grand nombre de chrétiens possible à s’engager dans l’évangélisation et la croissance de l’Église. Durant une 2e étape, les chrétiens mobilisés sont aidés à repérer les personnes qu’ils peuvent évangéliser. La 3e étape est celle de l’évangélisation (l’annonce missionnaire) proprement dite. La 4e étape est celle où les membres sont instruits pour former des nouveaux groupes. Enfin, la 5e et dernière étape est celle où les membres sont instruits pour former les personnes de leurs propres groupes à reproduire le processus de multiplication. Toutefois, la projection de la vision n‘est pas un évènement ponctuel qui ne se produirait qu’au début du processus. Comme nous l’avons vu dans les différentes parties qui composent une rencontre, il est aussi nécessaire de projeter une vision spécifique durant chaque formation afin d’aider les membres à franchir les différentes étapes du processus[17]. Aussi, ce serait une erreur de voir la méthode T4T comme une simple série de leçons. Cette méthode est beaucoup plus qu’une formation intellectuelle, elle vise à ce qu’un nouveau converti, ou une personne déjà croyante, soit rendue capable, dans un très court laps de temps, de témoigner de sa foi et de démarrer de nouveaux groupes dont les membres seront formés pour reproduire le même schéma processus de multiplication. La méthode T4T est un outil presque idéal pour engendrer et former de nouveaux disciples formateurs qui engendreront et formeront de nouveaux disciples formateurs….qui engendreront et formeront de nouveaux disciples formateur...etc.[18] C’est par ce processus de formation, à travers les 7 étapes habituelles d’une rencontre, qu’une réaction en chaîne de conversions et de croissance peut se produire. Lorsqu’ils se trouvent dans un contexte culturel particulier, il est conseillé aux évangélisateurs/formateurs de faire certaines adaptations. Mais cela doit être fait sans en éliminer les principes fondamentaux de la méthode.

Un des éléments à ne pas changer, selon Steve Smith, est le déroulement des rencontres. Il doit sans faute contenir au moins quatre des sept parties d’une rencontre habituelle : le suivi, la vision, la pratique, les buts et la prière. La vision de former des formateurs qui forment des formateurs doit aussi demeurer ainsi que celle de concevoir l’appel de tout chrétien comme étant celui de suivre Jésus et de devenir des pêcheurs d’hommes. Les leçons ont à rester simples et transmissibles et le parcours être conçu pour aider les membres à passer d’une étape de cheminement (ou de croissance) à une autre[19]. Enfin, le processus de formation doit être centré sur la Parole de Dieu, efficace et reproductible par les nouveaux convertis. S’il est nécessaire d’avoir des leçons facilement transmissibles, ce sont aussi les visons pour chaque formation (4e partie de la formation) qu’il est important de rendre simples et transférables ainsi qu’une façon efficace et adaptée au contexte de présenter la bonne nouvelle du salut. Cette présentation doit amener ceux qui l’entendent à accueillir Jésus comme Sauveur et Seigneur (faire un acte de foi). Un autre élément incontournable dans la méthode : les questions de suivi lors des rencontres (3e partie de la formation). Il devrait y en avoir pour chaque niveau d’engagement : Les évangélisateurs : « À qui avez-vous témoigné? Ont-ils fait un acte de foi? ». Les initiateurs : « Avez-vous commencé à les former dans le même processus? ». Les formateurs : « Est-ce que les personnes évangélisées évangélisent? ». Les formateurs de formateurs : « Est-ce les personnes évangélisées forment les personnes qu’elles ont elle-même évangélisées? ». Enfin, selon les auteurs, la méthode T4T peut être efficace dans n’importe quel contexte culturel même s’il faut parfois compter sur un temps d’adaptation. Steve Smith invite les lecteurs, et ceux qui entendent parler de la méthode T4T, à relever le défi de la croissance et en répondant aux questions suivantes : Durant les trois prochains mois, combien prévoyez-vous former de personnes à la méthode T4T? Et à combien de personnes allez-vous donner votre témoignage? Devenez, dit-il, une personne qui ne se contente pas d’écouter mais qui en arrive à mettre en pratique ce qu’il entend. Dieu a un cœur pour sauver l’humanité et il veut travailler par vous pour arriver à ses fins[20]. Les informations qui ont servi à écrire cet article sont tirées du livre de Steve Smith et de Ying Kai: T4T: A Discipleship Re-Revolution (WIGTake Resources, LLC. Kindle Edition 2011) et du site internet « Church Planting Mouvements : Best Practices fom Across the Globe » (https://www.churchplantingmovements.com/

Notes de l'auteur:

[14]  Cf. Steve Smith et Ying Kai, op. cit., 2307-2313.

[15]  Cf. Ibid., Kindle Location 2572-2573.

[16]  Cf. Ibid., Kindle Location 2578-2579.

[17]  Cf. Ibid., Kindle Location 2922.

[18]  Cf. Ibid., Kindle Location 1302-1303.

[19]  C’est-à-dire de l’accueil de Jésus comme Sauveur et Seigneur (l’acte de foi), à l’évangélisation de l’oïkos, à l’enseignement des leçons reçues, à la formation d’un nouveau groupe, et à la formation de nouveaux évangélisateurs pour qu’ils puissent reproduire le même processus.

[20]  Cf. Steve Smith et Ying Kai, op. cit., Kindle Location 4646.

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(*) Pierre-Alain Giffard, Docteur en Théologie, est responsable diocésain de la formation à la vie chrétienne, responsable diocésain du Centre de formation pastorale, responsable diocésain du catéchumenat et enfin conseiller théologique auprès de l évêque dans le diocèse de Valleyfield, QC, Canada. G.B.