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Jean m'a parlé de son ami Jésus

par Roger Gauthier, o.m.i.

Le texte ci-contre
raconte un épisode de
l'Évangile selon
Saint Jean.

Il est reformulé
dans un langage populaire
dans le but de nous aider
à découvrir le Christ
comme Jean a pu le
percevoir.

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Chez le gouverneur Pilate

Jésus devant PilateLe passage chez Caïphe fut bref. Les autorités religieuses voulaient faire disparaître Jésus définitivement et redoutaient que leur condamnation au nom de la Loi ne soit contestée par la foule de façon que Jésus s’en sorte avec ses trucs imprévisibles. Elles voulaient une condamnation à mort. Elles décidèrent donc d’en faire une question politique et le conduisirent chez le gouverneur romain et le présentèrent comme criminel qui méritait la crucifixion. Par crainte que la foule ne l’enlève, ils l’y amenèrent dès le point du jour.

Toujours aussi soucieux de la Loi, ils ne purent entrer dans la résidence païenne qui les aurait rendus impurs pour célébrer le repas pascal. C’est donc sur la place publique que Pilate vint faire le procès de Jésus. J’ai bien vu que Pilate était impressionné par Jésus. Il parut choqué par le traitement fait à cet homme à l’air si bon et si doux : lui un bandit? Il leur dit : « Vous me l’amenez ficelé déjà comme un condamné : voyons un peu quelle accusation vous portez contre lui ».

Désireux d’en finir rapidement avant la Pâque, ils avaient espéré une simple confirmation politique à leur procès religieux. Or Pilate semblait vouloir repartir à zéro. Ils en furent contrariés et répondirent brusquement : « Si cet individu n’avait pas fait de mal, penses-tu que nous te l’aurions amené? Aux yeux de notre Loi, c’est un criminel ». Pilate leur répondit sur le même ton : « Puisque son mal est un manquement à votre Loi, jugez-le vous-mêmes! » À ce moment, ils durent avouer que leur sentence était déjà décidée mais qu’ils devaient la faire exécuter par l’autorité romaine. Ils répondirent : « Il ne nous est pas permis de condamner quelqu’un à mort ». En parlant ainsi, ils confirmaient l’annonce du type de mort que Jésus avait prédit comme devant lui être imposé : « je serai élevé de terre comme le serpent d’airain… ». En effet, les mises à mort par l’autorité romaine prenaient toujours forme de crucifixion.

Jésus devant Pilate, gros planPilate avait été impressionné par l’attitude et le regard de Jésus qui n’avaient rien d’un malfaiteur, surtout qu’il les comparait avec la hargne et la méchanceté manifestées par ses accusateurs. Il se sentirait coupable de le condamner à mort. Par ailleurs, il craignait les conséquences politiques d’une libération. Il n’arrivait pas à prendre une position ferme. Il décida de chercher des raisons de condamner Jésus sans se sentir méchant. Pour prendre sa distance des juifs qui ne pouvaient pas entrer à l’intérieur du palais à cause de la Pâque du lendemain, il fit entrer Jésus avec lui et se mit à le questionner : « Es-tu vraiment le roi des juifs? » Jésus essaya de lui faire prendre conscience de son ambivalence : « Est-ce une question que tu te poses comme gouverneur ou si elle t’est inspirée par d’autres? » Pilate ne répondit pas directement; il retourna la question : « Est-ce que tu me crois de connivence avec les juifs? Ce sont les autorités majeures de ta propre nation qui t’ont livré à moi! Quel crime as-tu commis? »

Jésus lui répondit franchement, mais dans des mots difficiles à saisir par Pilate : « Tu m’as demandé si je m’annonce comme le Roi des juifs : ma réponse est oui, mais ce n’est pas une royauté pour ce monde. Si ma royauté était pour ce monde, j’aurais une armée qui combattrait pour empêcher les juifs de me capturer. Mais je t’assure que ma royauté en ce moment n’est pas sur cette terre ». Pour Pilate, ces explications parurent venir d’un esprit confus; il se contenta de répéter sa question sans même attendre de réponse : « Ainsi donc, tu es roi, toi? » Jésus voulut quand même ajouter une clarification : « C’est toi qui a parlé le premier de ma royauté; mais l’essentiel est ailleurs. Je suis né et j’ai vécu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Toute personne qui cherche la vérité finit par me faire confiance ». Avec cet appel à la vérité, Pilate jugea que ce Jésus n’était sans doute qu’un illuminé assez innocent qui rêvait de royauté. Il se contenta de dire, sans attendre de réponse : « La vérité… c’est quoi? » Après cette entrevue, Pilate était convaincu d’avoir à faire avec un pauvre homme pas du tout dangereux. Il alla retrouver les juifs à l’extérieur et leur dit : « Pour ma part, je ne trouve aucune raison d’accuser cet homme ». Puis, se souvenant de la coutume, en la fête de Pâque, de donner choix à la foule entre deux prisonniers à libérer, il en profita pour mettre le poids de la petite foule présente pour contrer les accusateurs de Jésus; il demanda à tout le monde : « Comme il est d’usage chez vous que je vous relâche un prisonnier au moment de la Pâque, voulez-vous que je vous relâche celui qui s’annonce comme le roi des juifs? » La manœuvre de Pilate avorta car les pharisiens crièrent les premiers et la foule suivit : « Pas Jésus, mais Barabbas! » (Ce Barabbas était un voleur).

Pilate fit une dernière tentative pour éviter la crucifixion à Jésus. Il le ramena dans le palais et le confia aux gardes en leur disant de faire passer à ce pauvre illuminé ses envies d’être roi. Les soldats tressèrent une couronne avec des épines et la lui mirent sur la tête; puis ils l’enveloppèrent d’un manteau de pourpre à la manière de César. L’ayant ainsi affublé, ils jouèrent un simulacre de révérence royale : ils s’approchaient, lui faisaient révérence ‘Salut roi des juifs’ et tout à coup se mettaient à le ridiculiser en le fouettant. Quand ils le ramenèrent au gouverneur, Jésus portait encore la couronne d’épines et le manteau de pourpre; il était couvert de sang et Ponce Pilate demande à la foule de choisirfaisait vraiment pitié. Pilate crut alors que la foule se laisserait émouvoir en sa faveur. Il sortit avec lui sur la terrasse et cria de toute sa force : « Voici votre condamné! » Encore cette fois, les grands prêtres et les pharisiens réagirent les premiers et entraînèrent la foule en criant : « Crucifie-le! Crucifie-le! » Pilate était horrifié devant une haine aussi violente contre un homme qui n’avait fait de mal à personne. C’est avec un profond mépris qu’il le leur livra: « Prenez-le et crucifiez-le vous-mêmes, car moi je ne trouve aucune raison de le condamner ».

Les accusateurs voulurent se justifier en disant : « Nous avons une loi, et selon cette loi, il doit mourir parce qu’il se dit  Fils de Dieu! » En entendant ces mots, Pilate fut pris de panique car il redoutait tout ce qui s’appelle dieu. Il retourna auprès de Jésus pour tenter un arrangement qui le dégage, lui, de participer à ce qu’il reconnaissait comme une injustice. Il lui demanda : « D’où es-tu originaire? » Sachant que Pilate recherchait plus à se protéger qu’à trouver la vérité pour éclairer sa décision, Jésus garda le silence. De plus en plus troublé, Pilate fit appel, chez Jésus, à son présumé désir de libération en lui disant : « C’est à moi, le gouverneur, que tu refuses de répondre! Tu devrais savoir que ton sort est entre mes mains : je puis te relâcher ou te faire crucifier! » Cette fois Jésus fut touché par les efforts de Pilate pour lui éviter la condamnation et montra qu’il devinait son angoisse en le dégageant un peu de la culpabilité : « Je sais que tu es pris pour exercer un pouvoir qui dépasse tes forces; c’est bien pourquoi mes accusateurs qui ont choisi librement de me condamner portent un plus grand crime que toi ». Pilate fut reconnaissant à Jésus de comprendre sa situation et son angoisse et essaya par tous les moyens de le relâcher.

Mais les juifs qui connaissaient le point faible du gouverneur utilisèrent leur dernier recours en criant : « Si tu le relâches, tu ne te conduis pas comme l’ami de César. Quiconque se présente comme roi est nécessairement contre César ». Pilate n’avait plus que deux choix : ou bien il crucifiait Jésus ou bien il serait éliminé comme traître par César. À ce moment, il capitula devant la foule. Il fit venir Jésus à l’extérieur et l’installa sur une tribune à la vue de tous. C’était le jour de la préparation de la Pâque, vers midi. Aigri d’avoir été mis dans pareille situation par les juifs, il annonça solennellement avec ironie et en leur remettant la responsabilité du crime qu’ils allaient commettre : « Voici votre roi! » Triomphants d’avoir gagné, ils exultèrent en criant plus fort que jamais : « À mort! À mort! Crucifie-le » Pilate manifesta son dépit en se moquant d’eux : « Vous voulez que je crucifie votre roi? » Les grands prêtres oublièrent leur haine pour Rome et répliquèrent : « Nous n’avons pas d’autre roi que César ». Alors Pilate livra Jésus pour la crucifixion.

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source des images: Jésus devant Pilate, par Mihaly Munkacsy: MonDieuEtMonTout; Voulez-vous Jésus ou Barabas?: ToutPourSaGloire

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