par Roger Gauthier, o.m.i.
On passa d’abord chez un certain Hanna, le beau-père du grand-prêtre Caïphe qui avait insisté pour qu’on tue Jésus. Il jugeait plus avantageux d’éliminer ce révolutionnaire que de le laisser soulever le peuple qui deviendrait alors la victime de la répression romaine.
Mon compagnon, Simon Pierre avait bien remisé son épée, mais pas son ardent désir de sauver Jésus. Comme promis à Jésus pendant la soirée, il refusait de le laisser se débattre seul contre ses ennemis. Il le suivit donc discrètement avec l’intention d’intervenir au moment propice. Il comptait sur moi qui connaissais bien le grand prêtre, pour que je le fasse entrer dans le palais où on déciderait sans doute du sort de Jésus. Mais ce fut moins facile que prévu.
Je présentai Pierre comme mon ami à la portière. Celle-ci avait sans doute été avertie du danger que des gens viennent délivrer Jésus. Soupçonneuse, elle dit à Pierre : « N’étais-tu pas, toi aussi, un des disciples de cet homme? » Pris par surprise, Pierre eut peur qu’on lui refuse l’entrée et s’empressa de nier son appartenance à Jésus: « Non, je n’en suis pas ». Sur le moment, pour moi ce fut un choc, mais j’ai compris qu’il était absorbé par son désir de rejoindre le tribunal pour aider Jésus. Je continuai de l’escorter jusque dans la cour auprès d’un feu de braise où se tenaient les serviteurs et les gardes. De là, Pierre pourrait suivre l’interrogatoire du grand prêtre.
Même s’il connaissait bien les allées et venues de Jésus grâce aux rapports des pharisiens qui le talonnaient depuis trois ans, le grand prêtre fit subir à Jésus un long interrogatoire sur les foules qui se voulaient ses disciples et sur l’enseignement qu’il diffusait. Jésus refusa d’entrer dans le simulacre de justice qui se dessinait; il répondit avec des mots de vérité : « J’ai parlé ouvertement au monde, j’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple où tout le monde se rassemble et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi est-ce moi que tu interroges? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui m’ont écouté : ils savent ce que j’ai dit ». Devant l’air contrarié de son maître, l’un des valets se chargea de corriger ce qui lui paraissait scandaleux dans cette réponse; il gifla Jésus en le rabrouant : « C’est un affront de répondre ainsi au grand prêtre ». Pierre retint difficilement sa colère. Il dut se satisfaire de la réponse calme de Jésus qui se contenta de faire appel à la justice: « Si j’ai mal parlé, montre-moi en quoi; et si j’ai répondu la vérité pourquoi me frapper? »
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Source des images: Le Reniement de saint Pierre, par Le Caravage: Wikipedia; Jésus jugé par le grand prêtre Hanna: Revista biblica
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