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Évangélisation des milieux

Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!

AU PAYS DE
L'ÉVANGÉLISATION

par GILLES BARIL, prêtre
Animateur spirituel
national du MCFC
  1. Qui doit évangéliser?
  2. Comment demeurer crédible?
  3. Comment évangéliser ?

Comment évangéliser

 

L’expérience de Charles de Foucauld 


Après son ordination sacerdotale (9 juin 1901) Frère Charles souhaite ardemment aller convertir les Musulmans de l’Algérie et du Maroc en vue de les sauver de la damnation éternelle. Sa conception de l’évangélisation s’est modifiée au fil des mois.
Au lieu de convaincre avec les armes des dogmes, il découvre la nécessité de gagner les cœurs en apprivoisant dans un grand respect des personnes. Puis il écrit que la première personne à évangéliser est soi-même :

            « Voir en tout humain un enfant de Dieu et regarder chaque humain comme un frère bien-aimé… Entrer en contact avec eux, devenir leurs amis, les aimer le premier et se faire aimer d’eux, les porter à la vertu, et de la vertu de la bonne volonté à toute vérité; vivre pour les sauver. Amour, amour, bonté, bonté : voilà le programme. »

Le moyen d’y parvenir?

 « Lire et relire sans cesse le Saint Évangile pour avoir toujours devant l’esprit les actes, les paroles, les pensées de Jésus, afin de penser, parler, agir comme Jésus. »


Le 25 novembre 1911, il écrit à Joseph Hours :

«D’abord, préparer le terrain en silence par la bonté, un contact intime, le bon exemple : prendre le contact, se faire connaître d’eux et les connaître; les aimer du fond du cœur, se faire estimer et aimer d’eux… Avant de leur parler du dogme chrétien, il faut leur parler de religion naturelle, les amener à l’amour de Dieu, à l’acte d’amour parfait… Quand ils verront des hommes, plus vertueux qu’eux, plus savants qu’eux, parlant de Dieu mieux qu’eux, ils seront bien près de se dire que ces hommes ne sont peut-être pas dans l’erreur, et bien près de demander à Dieu la lumière… Il faudrait des chrétiens comme Priscille et Aquila, faisant le bien en silence, en menant la vie des pauvres marchands; en relation avec tous, ils se feraient estimer et aimer de tous, et feraient du bien à tous… » « Mon apostolat doit être l’apostolat de la bonté. En me voyant, on doit dire : "Puisque cet homme est bon, sa religion doit être bonne." Si l’on demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire : "Parce que je suis le serviteur d’un bien plus bon que moi ».

Il note dans un carnet les conseils que l’abbé Huvelin lui avait donnés lors de son voyage de 1909 en France :

« Causer, donner des médicaments, des aumônes, l’hospitalité du campement, se montrer frère, répéter que nous sommes tous frères en Dieu et que nous espérons être tous un jour dans le même Ciel, prier pour les Touaregs de tout votre cœur : voilà ma vie… Les frères et sœurs doivent être une prédication vivante : chacun d’eux doit être un modèle de vie évangélique. En les voyant, on doit voir ce qu’est la vie chrétienne, ce qu’est la religion chrétienne, ce qu’est l’Évangile, ce qu’est Jésus… Les personnes éloignées de Jésus, et spécialement les infidèles, doivent, sans livres et sans paroles, connaître l’Évangile par la vue de notre vie… C’est en aimant les hommes qu’on apprend à aimer Dieu. Le moyen d’acquérir la charité envers Dieu, c’est de la pratiquer envers les hommes. »
Et il affirme qu’il faut « abandonner la petite et facile critique des défauts des autres pour la grande et difficile reconnaissance de leurs beautés. »

C’est dans cet esprit d’évangélisation que Charles de Foucauld s’initie à la culture des Touaregs et qu’il travaille avec assiduité à la mise en œuvre de dictionnaires pour faire comprendre leur langue à ceux qui viendront après lui.

Pour conclure, voici un extrait des deux dernières lettres qu’il a écrites le 1er décembre 1916 (jour de son assassinat) : À sa cousine Marie de Blic, il cite leur directeur spirituel (l’abbé Huvelin) :

« Quand on veut souffrir et aimer, on peut beaucoup, on peut le plus qu’on puisse au monde. On sent qu’on souffre, on ne sent pas toujours qu’on aime, et c’est une grande souffrance de plus; mais on sait qu’on voudrait aimer, et vouloir aimer c’est aimer. On trouve qu’on n’aime pas assez; comme c’est vrai, on n’aimera jamais assez, mais le Bon Dieu, qui sait de quelle boue Il nous a pétris, et qui nous aime bien plus qu’une mère ne peut aimer son enfant, nous a dit, Lui qui ne ment pas, qu’Il ne repousserait pas celui qui vient à Lui. »

À Louis Massignon qui lui a annoncé qu’il a voulu être au front avec tous :

« Il ne faut jamais hésiter à demander les postes où le danger, le sacrifice, le dévouement sont les plus grands : l’honneur,laissons-le à qui le voudra, mais le danger, la peine, réclamons-les toujours. Chrétiens, nous devons donner l’exemple du sacrifice et du dévouement. C’est un principe auquel il faut être fidèle toute la vie, en simplicité, sans nous demander s’il n’entre pas de l’orgueil dans cette conduite : c’est le devoir, faisons-le et demandons au bien-aimé Époux de notre âme de le faire en toute humilité, en tout amour de Dieu et du prochain… Vous avez très bien fait. Marchez dans cette voie en simplicité et en paix, certain que c’est Jésus qui vous a inspiré de le suivre. »

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Publié avec l'autorisation de l'auteur
Extrait de: Le quotidien de l'Évangile, Gilles Baril, prêtre, p. 111-114